Les préjugés liés à l’âge ont toujours la vie dure: les employeurs trouvent que les plus de 55 ans représentent un coût important. Ils craignent aussi qu’ils soient trop souvent absents ou qu’ils tombent malade.
Le taux de chômage des seniors reste pourtant faible en Suisse, autour des 2%. Mais ils sont surtout touchés par le chômage de longue durée. Un quart des plus de 55 ans sans emploi le sont en effet depuis plus d’une année, contre 10% dans le reste de la population.
Pour augmenter leurs chances de retrouver un travail, le sociologue René Knüsel estime qu'il faut miser avant tout sur la formation continue, qu'il décrit comme "peu valorisée" à l'heure actuelle. "Il faut réfléchir à la formation continue comme accompagnant les personnes tout le long du parcours de vie et pas simplement dans l'idée d'une formation qui sera utile ou adéquate à la profession qu'on exerce", estime mardi dans La Matinale le professeur honoraire de l'Université de Lausanne.
Un modèle à repenser
Ce renforcement est rendu d'autant plus nécessaire par le vieillissement de la Suisse. Un tiers des actifs ont déjà plus de 50 ans. Une autre piste évoquée par René Knüsel serait d’assouplir la pénibilité et les horaires de certains emplois.
"Il faut repenser complètement les emplois qui ont des horaires difficiles, souvent dans des positions debout, les vendeuses par exemple. On ne réfléchit [pour l'instant] pas à la manière dont les emplois sont occupables à un âge avancé", soutient le sociologue.
"Ces changements de regard sont fondamentaux", plaide René Knüsel. "On doit admettre que les gens travaillent différemment et à des intensités différentes au cours de l'existence. On ne va pas demander à des maçons de continuer à travailler au-delà de 55, 60 ou 65 ans au rythme où ils travaillaient avant. Mais ces gens peuvent organiser le chantier, faire contremaître", déclare-t-il.
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Un changement légal préconisé
Selon René Knüsel, une partie de ces travailleurs âgés pourraient remédier à la pénurie de main-d'œuvre. La semaine dernière, Economiesuisse a précisé qu’il manquera plus de 400'000 personnes sur le marché du travail d’ici 2040.
Certains préconisent même un droit au travail équivalent au droit à la retraite, qui permettrait de sortir progressivement du marché selon ses possibilités physiques et ses besoins financiers.
Autrement dit, une fin de carrière modulable pour éviter que les plus âgés ne soient poussés au chômage prolongé.
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Virginie Langerock/ami
Un speed dating pour trouver un emploi
Le 20 juin, la troisième édition des Job Rencontres Genève a donné l'occasion à des seniors, ainsi qu'à des juniors (18 à 25 ans) en recherche d'emploi d'aborder des employeurs de façon originale. Lors de ce "speed dating" version professionnelle, les 166 candidats et candidates ont eu 15 minutes pour convaincre un ou plusieurs employeurs de les recruter.