Depuis quelques années, de nombreuses entreprises habillent leurs produits de vert afin de les vendre à une clientèle sensible à la protection de l'environnement. A cela s’ajoute des mots comme "durable", "naturel", "éco" ou encore "neutre en carbone" sur les emballages ou les publicités.
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"Si on en voit de plus en plus, c'est parce que les publicités vertes répondent à une vraie attente, à un vrai besoin des consommateurs. Et les entreprises se doivent d'y répondre", explique Alexia Rayar, planificatrice stratégique chez Havas Suisse dans le 12h45.
Aujourd’hui, plus des deux tiers des projets de la grande agence de publicité sont "écoresponsables". Des études montrent d'ailleurs que plus un produit est "vert", plus il se vend.
Concurrence déloyale
Pourtant, 53% des déclarations écologiques sont vagues, trompeuses ou infondées, selon un rapport de la Commission européenne.
Le groupe de protection des consommateurs Konsumentenschutz a par ailleurs déposé une plainte auprès du Secrétariat d'Etat à l'économie (Seco) contre huit entreprises pour concurrence déloyale ou "greenwashing".
La protection des consommateurs juge notamment que les déclarations de ces entreprises sur leur réduction de CO2 ne tiennent pas la route. La fondation a aussi déposé une plainte auprès de la Commission suisse pour la loyauté contre d'autres entreprises pour publicité déloyale.
Pour la Fédération romande des consommateurs (FRC), de telles pratiques posent deux problèmes. Premièrement, la fédération considère elle aussi qu'il s'agit de concurrence déloyale pour les entreprises qui s’engagent réellement pour l’environnement.
"Un consommateur ou une consommatrice va vraiment avoir de la difficulté à différencier une entreprise dont l'engagement est réel d'une autre", explique Sophie Michaud Gigon, secrétaire générale de la FRC.
Aucun cadre légal en Suisse
Le deuxième problème réside dans le fait que la clientèle, souvent prête à payer plus cher pour ce type de produit, est trompé sur la marchandise. Pour la FRC, il faut rapidement édicter des directives pour éviter les abus de certaines entreprises. Aujourd’hui, aucun cadre légal n’existe en Suisse.
Selon Sophie Michaud Gigon, ces directives devraient indiquer clairement ce qu'il est permis de faire en matière de publicité. Si ces instructions définissent quels termes peuvent être utilisés et quelles caractéristiques le produit final doit posséder pour pouvoir les utiliser, "à ce moment-là, on sera dans une pratique loyale", affirme-t-elle.
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Sans réglementation, le consommateur risque de se détourner des produits respectueux de l'environnement par manque de confiance, ralentissant la transition écologique.
Sophie Michaud Gigon et d’autres parlementaires demandent au Conseil fédéral de légiférer en la matière.
Marion Tinguely/edel avec ats