UBS va payer 387 millions de dollars pour les risques pris par Credit Suisse avec Archegos
"Credit Suisse n'a pas réussi à gérer correctement le risque posé par Archegos malgré les avertissements répétés", a indiqué lundi dans un communiqué de presse la banque centrale américaine (Fed).
Cette action a été prise conjointement avec la Banque d'Angleterre, qui a également fait état, dans un communiqué distinct, de "défaillances importantes dans la gestion des risques et la gouvernance".
UBS va ainsi s'acquitter de 268,5 millions de dollars (233,3 millions de francs) aux Etats-Unis, et 87 millions de livres sterlings au Royaume-Uni (97 millions de francs).
Paris risqués en Bourse
Il s'agit de la plus importante amende imposée par l'Autorité de régulation prudentielle (PRA), une branche de la Banque d'Angleterre.
"Les échecs de Credit Suisse à gérer efficacement les risques ont été extrêmement graves et ont créé une menace majeure pour la sécurité et la solidité des entreprises. La gravité et la nature généralisée de ces manquements ont conduit à l'amende d'aujourd'hui, qui est la plus importante jamais infligée par la PRA", a commenté Sam Woods, patron de la PRA, cité dans le communiqué.
Le fonds Archegos avait pris des paris risqués en Bourse en empruntant de l'argent à des banques mais s'était trouvé dans l'incapacité de couvrir ses positions lorsque les marchés s'étaient retournés, et avait implosé en 2021, ce qui avait coûté plus de 5 milliards de dollars à Credit Suisse.
Provision additionnelle
L'autorité suisse de régulation des marchés financiers, la Finma, a de son côté indiqué avoir "constaté que Credit Suisse a gravement et systématiquement violé les règles du droit des marchés financiers dans le contexte de sa relation d'affaires avec le Family Office Archegos", dans son communiqué.
"La Finma ordonne des mesures correctrices à l'encontre de l'entité juridique qui a succédé à Credit Suisse, à savoir UBS. Elle a aussi ouvert une procédure d'enforcement à l'encontre d'un ancien dirigeant de Credit Suisse.
Le numéro un bancaire suisse, qui a racheté sa concurrente Credit Suisse le 12 juin dernier, a indiqué dans un communiqué qu'elle enregistrerait une provision additionnelle au deuxième trimestre. La date de publication de ses résultats trimestriels a été repoussée au 31 août en raison de la complexité de ce rachat.
Seulement 35 millions provisionnés
Perçu comme le maillon faible du secteur bancaire en Europe, Credit Suisse a été confronté à une grave crise de confiance mi-mars dans le sillage de la faillite de la banque américaine SVB, ce qui a poussé les autorités suisses à organiser son sauvetage dans l'urgence par le biais d'un rachat par UBS.
Le 19 mars, UBS avait accepté de la reprendre pour 3 milliards de francs suisses moyennant de solides garanties de la Confédération. Le 9 juin, UBS a formalisé ce soutien de l'Etat en signant un contrat de garantie avec la Confédération pour se couvrir contre d'éventuelles pertes résultant de ce rachat.
Cette garantie peut aller jusqu'à 9 milliards de francs mais seulement si les pertes dépassent 5 milliards.
Credit Suisse n'a provisionné que 35 millions de francs (40,4 millions de dollars) pour d'éventuelles amendes liées à Archegos, avait souligné le Financial Times, le 20 juin.
afp/kkub