ChatGPT commence à avoir des effets sur l'emploi aux Etats-Unis. Megan Kaleita, auteure diplômée dans l'Idaho, écrivait des textes pour une entreprise de communication. Au printemps dernier, son employeur a commencé à utiliser l'intelligence artificielle.
"Ça a été introduit comme une sorte de jouet, tout le monde se réjouissait de s'amuser avec", explique Megan dans le 19h30. Mais très vite, ChatGPT s'est imposé dans le travail quotidien.
"Mes supérieurs m'ont demandé d'abandonner mes recherches et d'injecter toute cette matière dans ChatGPT pour voir ce que ça donnait. Au final, je passais plus de temps à corriger le contenu produit par ChatGPT qu'à écrire mes propres textes."
Progressivement redirigée vers des tâches administratives, Megan a fini par perdre son emploi le mois dernier. "J'ai peur que d'autres entreprises se tournent vers ChatGPT pour ne plus avoir besoin d'engager des auteurs qui ont mon expérience et ma formation. Les employeurs choisiront un étudiant payé 15 dollars de l'heure, qui ne fera que baby-sitter l'intelligence artificielle."
Eviter la casse sociale
Convoqué par le Congrès en mai dernier, le patron d'Open AI, créateur de ChatGPT, a admis la nécessité de légiférer. "Je pense que pour une nouvelle technologie, nous avons besoin d'un nouvel encadrement. Il est certain que notre entreprise porte de grandes responsabilités, tout comme les utilisateurs", a-t-il alors déclaré.
Pour Adam Conner, vice-président des politiques des technologies au Center for American Progress, l'économie du savoir est aujourd'hui menacée. "Est-ce que ça va être une évolution ou une révolution? Je pense que l'hypothèse d'une révolution qui va détruire énormément d'emplois est une possibilité très sérieuse à laquelle la société et la sphère politique doivent vraiment se préparer."
Le président américain Joe Biden multiplie les réunions avec les leaders de l'intelligence artificielle. La politique est maintenant dans une course contre la montre pour éviter la casse sociale.
Gaspard Kühn/asch
Pas de régulation en vue en Suisse
La Suisse, elle, semble vouloir attendre avant de légiférer. Les milieux économiques voient surtout les opportunités que représente l'intelligence artificielle. La faîtière des entreprises appelle notamment à la réglementer le moins possible.
"Nous estimons que faire une loi spécifique à l'intelligence artificielle aura toujours du retard sur la réalité, c'est un formidable auto-goal et ça bloque aussi l'innovation", explique dans le 19h30 Christina Gaggini, directrice romande d'Economiesuisse.
A Berne, aucun projet de régulation ni de mesures pour accompagner les conséquences sur l'emploi ne sont prévus.
Motions du PS
Le Parti socialiste suisse a toutefois déjà déposé plusieurs motions sur le sujet. Il demande qu'on aide les travailleurs qui pourraient être touchés à se reconvertir.
"D'un côté ça peut menacer certains emplois, mais ça peut aussi en créer d'autres", reconnaît Samuel Bendahan, vice-président du PS Suisse.
"Le plus important est de pouvoir accompagner l'arrivée de ces technologies pour que les gens menacés soient soutenus et pour que ces technologies puissent être utilisées pour le bien commun."