On ne dénombre plus que 120 producteurs de tabac cette année en Suisse, alors qu'ils étaient encore 134 en 2021 et plus de 200 il y a dix ans.
Pour l'organisation faîtière des planteurs de tabac SwissTabac, cette récente diminution est principalement due aux mauvaises conditions météorologiques de l'année 2021. La grêle et de trop fortes pluies avaient alors fait chuter la récolte de 40%, décourageant ainsi les agriculteurs et agricultrices à continuer ce type de culture.
Un manque de main d'oeuvre?
Mais le désamour du métier pourrait aussi venir d'un contexte toujours plus flou autour du tabac. British American Tobacco (BAT), l'un des trois acheteurs de tabac suisse, cessera ses achats dès l'année prochaine.
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Les cigarettiers développent par ailleurs toujours plus les cigarettes électroniques, ce qui pourrait faire baisser la demande en tabac.
Selon Francis Egger, secrétaire général de SwissTabac, l'érosion du nombre de producteurs de tabac est plutôt liée à des conditions de travail difficiles et à une pénurie main d'oeuvre.
La récolte de cette culture, durant la saison estivale, exige beaucoup de personnel. "Cela implique une organisation importante. Et on se rend compte que la jeune génération où les deux conjoints travaillent ne souhaite parfois pas s'impliquer durant deux mois d'été", analyse-t-il, lundi dans La Matinale de la RTS.
Négociations avec les acheteurs
SwissTabac reste toutefois optimiste quant à l'avenir. Malgré la fermeture de l'usine BAT, la production indigène de tabac ne couvre que 7 à 10% des besoins de l'industrie en Suisse. Il reste donc encore de la place pour écouler le tabac cultivé.
Des négociations sont d'ailleurs en cours avec les acheteurs restants, Philip Morris et Japan Tobacco, afin de déterminer s'ils peuvent prendre en charge la part de BAT pour les récoltes futures.
Loïc Delacour/iar