Apprenti en restauration depuis deux mois, Louis Walliman se débrouille déjà comme un chef. A 19 ans, il a quitté son apprentissage en menuiserie pour celui de spécialiste en restauration. Ce changement d'orientation lui convient mieux et lui rapporte davantage.
"Être payé, c'est commencer son indépendance, d'une certaine façon", a-t-il témoigné samedi dans le 19h30 de la RTS. "C'est aussi une sorte de récompense. Travailler, c'est bien. Mais travailler pour rien, c'est un peu pénible", glisse-t-il.
Différences entre les secteurs
Un avis que partage son patron Stefano Fanari, qui forme des apprentis depuis une dizaine d'années. Selon lui, le salaire est un moyen de motiver les jeunes et d'assurer la relève.
"Dans la gastronomie, les apprentis sont payés 1200 francs la première année, 1500 francs la deuxième année et 1700 francs la troisième année", indique celui qui est aussi président de la commission de la formation professionnelle de la Société des cafetiers, restaurateurs et hôteliers de Genève.
"Les autres métiers devraient se mettre dans la même ligne que la gastronomie ou la maçonnerie, où les apprentis sont très bien payés par rapport à d'autres qui ont 400 ou 600 francs par mois", estime Stefano Fanari.
A Genève, les apprentis les mieux payés sont les horticulteurs avec 1375 francs par mois. Les moins bien payés sont les décorateurs d'intérieur avec 300 francs mensuels. Pour la coiffure, c'est 450 francs par mois.
Rémunération minimale contestée
Face à cette disparité entre les branches, la Jeunesse socialiste plaide pour un salaire minimum de 1000 francs. Mais tout le monde n'est pas d'accord avec cette idée.
"Les patrons ne peuvent pas payer 1000 francs pour un apprenti de première année", affirme Claudine Schmid, la présidente de la section genevoise de Coiffure Suisse. "Parce qu'il n'y a aucun rendement. Il faut tout leur apprendre. En première année, ils ne font pas grand-chose. Ils ne font qu'apprendre", insiste-t-elle.
L'Union patronale suisse s'oppose également aux salaires minimaux légaux. Selon l'organisation, ils mettraient en péril le système de formation professionnelle en Suisse.
Fanny Moille/ami