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Le ciel reste clair sur l'emploi suisse, mais des nuages approchent

Le taux de chômage reste sous la barre des 2% en juillet: analyse de Sylvain Weber
Le taux de chômage reste sous la barre des 2% en juillet: analyse de Sylvain Weber / Forum / 5 min. / le 7 août 2023
En juillet, plusieurs entreprises ont fait part de licenciements à venir dans les prochaines semaines en Suisse, reflétant le ralentissement conjoncturel mondial. Le taux de chômage ne devrait toutefois pas en être pénalisé.

Le chômage est au plus bas depuis plus de vingt ans en Suisse, mais des secteurs d'activités s'essoufflent.

"Dans les secteurs cycliques, la situation sur le marché du travail commence à s'assombrir avec le ralentissement mondial dans l'industrie. Nous devrions donc voir une légère augmentation du chômage et du chômage partiel dans ces secteurs", souligne Daniel Kalt, chef économiste pour la Suisse chez UBS auprès d'AWP.

Le fabricant de machines textiles Rieter, affecté par une demande affaiblie, a annoncé vouloir biffer entre 300 et 600 emplois, principalement à son siège de Winterthour et en Allemagne.

Des milliers de postes biffés dans le secteur bancaire

Le spécialiste des accès sécurisés Dormakaba se restructure et compte supprimer 800 emplois à temps plein. Au laboratoire bâlois Idorsia, jusqu'à 500 postes sont menacés. Le spécialiste des rayons x Comet va mettre 150 employés au chômage partiel à Flamatt, dans le canton de Fribourg.

Sans oublier les salariés helvétiques de Credit Suisse et d'UBS, qui devraient être touchés par les suppressions de postes envisagées de 30'000 à 35'000 emplois au niveau mondial, à la suite de la fusion des deux géants bancaires.

>> En lire plus : UBS se préparerait à supprimer 35'000 emplois avec le rachat de Credit Suisse

Malgré ces annonces, le SECO ne s'attend toutefois pas à une augmentation significative du chômage en Suisse (voir encadré), d'autant que les processus prennent du temps et comprennent des possibilités de reclassement.

Pénurie chronique de main-d'oeuvre

Pour l'institut BAK Economics, mis à part le cas particulier de Credit Suisse et UBS, "le plus grand défi sur le marché du travail suisse est sans doute la qualification adéquate des demandeurs d'emploi, plutôt que le chômage en soi", explique son économiste en chef Martin Eichler.

Une position confirmée par Daniel Kalt, pour qui "sur l'ensemble du marché du travail, nous nous trouvons toujours dans une situation de pénurie chronique de main-d'oeuvre qualifiée, surtout les moins cycliques comme la santé, l'administration, l'éducation, etc".

>> Lire aussi : Signe du plein emploi, la main d'oeuvre temporaire se fait rare

ats/vajo

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Le chômage reste stable en juillet

Le nombre de chômeurs a beau avoir diminué de 3873 personnes (-4,2%) en comparaison annuelle, le taux de chômage de juillet est resté identique à celui de juin, à 1,9%.

A la fin du mois, 87'601 personnes étaient inscrites au chômage auprès des Offices régionaux de placement (ORP), soit 2502 de plus que le mois précédent, selon les relevés du Secrétariat d'Etat à l'économie (SECO) publiés lundi. Il faut remonter à plus de vingt ans, en 2001, pour trouver un taux de chômage mensuel plus bas.

En juillet, le taux de chômage en Suisse alémanique a atteint 1,6% et en Suisse romande 2,7%, soit respectivement 0,1 point de pourcentage de plus sur un mois. Le canton de Genève reste le plus mauvais élève du pays (3,6%), suivis par ceux du Jura et de Vaud (3,2% chacun) puis de Bâle-Ville (3,0%). Ce taux dans le canton de Neuchâtel a grappillé 0,1 point de pourcentage à 2,5%. Les cantons du Valais et du Tessin se sont stabilisés à 1,9% et 2,1%.

Hausse du chômage chez les jeunes

Le chômage des 15-24 ans a augmenté de 7,6%, touchant 8029 personnes. Sur un an, il a par contre diminué de 0,7%. Le nombre des chômeurs de 50-64 ans a lui augmenté de 0,8%, concernant 25'225 personnes. Par rapport à juillet 2022, il a en revanche baissé de 10,9%.

L'ensemble des demandeurs d'emploi inscrits se chiffre à 150'673 personnes, soit 55 de plus que le mois précédent mais 12'642 (-7,7%) de moins qu'au même mois de l'année précédente.

Pour 2023, les économistes de la Confédération tablent sur un taux de chômage de 2%, puis une remontée à 2,3% en 2024. La banque UBS s'attend à un taux de 2,0% en 2023 et 2,2% l'année prochaine.