Publié

Malgré la hausse des taux, les comptes épargne ne rapportent pas grand-chose de plus

Un compte épargne. [Depositphotos - nattapol]
Les hausses des taux d'intérêt ne profitent pas à la plupart des clients des banques / La Matinale / 1 min. / le 8 août 2023
Alors que les taux de la BNS augmentent, les comptes épargne ne rapportent pas beaucoup plus. La situation s'explique par la fait que les banques ne répercutent que très faiblement la hausse des taux directeurs. Un immobilisme qui suscite une certaine incompréhension.

En moyenne, les comptes épargne sont rémunérés à 0,75%, alors que les taux directeurs de la BNS ont grimpé à 1,75% et que les taux hypothécaires sont montés en flèche, pour certains à près de 3% pour une hypothèque fixe sur 10 ans.

Lundi, le surveillant des prix Stefan Meiherhans a dénoncé cet immobilisme dans la presse alémanique mais pour certains, comme Jean-Pascal Baechler, conseiller économique à la BCV, les comparaisons ne sont pas si simples.

"Ce n'est pas la même chose. Une hypothèque est un crédit, financé avec l'épargne, des emprunts sur les marchés des capitaux mais aussi avec des assurances pour protéger la banque contre l'évolution des risques de taux - parce que bien souvent une hypothèque est à taux fixe. Tout ça fait que ces taux évoluent de manière tout à fait différente (...) Et il faut aussi dire que l'évolution des taux hypothécaire s'applique uniquement aux nouvelles affaires, tandis que la rémunération du taux de l'épargne s'applique à l'ensemble de l'épargne", explique-t-il mardi dans La Matinale.

Frais de gestion toujours appliqués

Pour cet expert, la plupart des clients n'auraient d'ailleurs pas été pénalisés durant les sept ans de taux négatifs. Une version contredite par Jean Busché, responsable économie à la Fédération romande des consommateurs (FRC), où les plaintes affluent.

"Lorsque les taux étaient négatifs, les banques ont augmenté leurs frais de gestion pour ne pas mettre de taux d'intérêts négatifs pour les petites et les moyennes fortunes. Maintenant, la hausse des taux rend ces mesures injustifiables, pourtant pas grand-chose n'a changé. Les frais sont toujours appliqués et en comparaison internationale, les clients et les clientes suisses ont des frais bancaires beaucoup plus élevés", analyse-t-il.

Une constat que fait également Monsieur Prix, mais qui semble difficile à faire évoluer, également parce qu'il est compliqué de comparer les offres entre les différents établissements.

Améliorer les marges brutes

Pour Paul Coudret, ancien conseiller économique à la Banque cantonale de Fribourg, les établissements bancaires chercheraient surtout à améliorer leurs marges brutes en ne rémunérant pas suffisamment l'épargne.

"En général, les banques veulent conserver voire améliorer leurs marges brutes. Plus l'épargne accumulée est élevée, meilleur est le coussin financier qu'a la banque concernée pour pouvoir financer ou refinancer les hypothèques qu'elle accorde à ses clients. Elle a donc intérêt d'une part à avoir une bonne couverture d'épargne pour ses hypothèques, et d'autre part à ne pas la rémunérer correctement, ce qui signifie ne pas donner trop d'intérêts aux clients qui lui confient leur épargne", juge-t-il.

>> L'interview de Paul Coudret dans La Matinale :

Paul Coudret, ancien conseiller économique auprès des banques cantonales vaudoise et fribourgeoise. [Keystone - Dominic Favre]Keystone - Dominic Favre
Les explications de Paul Coudret, ancien conseiller économique à la Banque cantonale de Fribourg / La Matinale / 55 sec. / le 8 août 2023

Sylvie Belzer/ther

Publié