Pourquoi certaines entreprises font-elles marche arrière concernant le télétravail?
Aux Etats-Unis, l'entreprise de visioconférence Zoom, popularisée au moment du Covid-19 et emblème du télétravail, demande elle-même depuis peu à ses salariés de revenir au présentiel.
La volonté de Zoom de voir revenir ses employés au bureau peut étonner quand on songe que la société s'est développée justement grâce au télétravail pratiqué dans les autres entreprises pendant la pandémie.
En Suisse aussi
Plusieurs autres grandes entreprises ont annoncé vouloir faire de même. A l'étranger comme Google, Salesforce ou encore Amazon, mais également en Suisse, comme le souligne au micro de Forum Véronique Kämpfen, directrice de la communication à la Fédération des entreprises romandes.
Les premières études montraient que le télétravail engendrait davantage de productivité de la part des collaborateurs. Alors qu'aujourd'hui, les dernières études montrent l'inverse.
"Certaines grandes entreprises suisses comme les CFF, La Poste, Novartis ou encore Nestlé ont en effet demandé à leurs employés de revenir un peu plus au bureau." Ce n'est toutefois pas, selon elle, une abolition totale du télétravail. "Il s'agit plutôt d'une sorte de recadrage, avec un peu plus de présentiel et un peu moins de télétravail." Avant d'ajouter que cette tendance pourrait aussi toucher les plus petites entreprises.
Une question de productivité?
Si l'une des raisons principales avancées pour justifier un retour est la productivité, pour Véronique Kämpfen, c'est plus complexe que cela. "Les chiffres et études à ce sujet sont mouvantes. Les premières études montraient en effet que le télétravail engendrait davantage de productivité de la part des collaborateurs. Alors qu'aujourd'hui, les dernières études montrent l'inverse."
Selon elle, il ne faut pas adopter une approche générale, mais une approche plus subtile. En fonction, notamment, des profils des collaborateurs et des tâches qui peuvent être déléguées en télétravail.
"Sans compter la question de la culture de l'entreprise et du sentiment d'appartenance. L'innovation, l'apprentissage et l'intégration des personnes au sein d'une équipe est difficile à faire à distance", détaille-t-elle.
Une convention de télétravail
Quoi qu'il en soit, pour que le télétravail soit efficace et reste productif, il faut qu'un certain nombre de mesures soient mises en place au sein de l'entreprise, insiste la directrice de la communication à la Fédération des entreprises romandes.
Pendant la pandémie, tout le monde faisait comme il pouvait. Mais peu de managers avaient reçu des formations sur comment encadrer, déléguer et contrôler les tâches faites par des gens en télétravail
"La première chose à mettre en place est une convention de télétravail. Car on ne peut pas autoriser les personnes à télétravailler sans fixer un cadre et des règles." Ce qui est bénéfique à la fois pour l'employé et pour l'employeur, note-t-elle.
Mais il faut également donner les outils aux collaborateurs qui encadrent les personnes en télétravail, comme le souligne Véronique Kämpfen. "Pendant la pandémie, tout le monde faisait comme il pouvait. Mais peu de managers avaient reçu des formations sur comment encadrer, déléguer et contrôler les tâches faites par des gens en télétravail."
C'est sur ce point justement que des efforts peuvent être faits, selon elle. "Pendant et après la pandémie, il a fallu parer au plus pressé. Mais maintenant, dans un moment de pérennisation, ça vaut la peine de reprendre cette question et offrir des formations."
Propos recueillis par Cynthia Gany
Adaptation web: Fabien Grenon