Claudia Senik: "Des aspects du télétravail sont plutôt négatifs pour la santé mentale"

Durant le confinement, des études ont été menées sur des personnes forcées à télétravailler, explique la professeure d'économie à Sorbonne Université et à l'École d'économie de Paris. Ces recherches ont montré que le télétravail à temps plein avait un impact négatif sur la satisfaction dans la vie et sur la santé mentale.

Un peu plus de la moitié des gens souhaitent cependant tout de même faire du home office quelques jours par semaine, relève la professeure. Si on leur propose deux postes, celui avec l'option télétravail partiel sera préféré, quitte à accepter un salaire plus faible.

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Avantages et inconvénients

Pourquoi? "Il y a des aspects dans le télétravail qui sont plutôt négatifs pour la santé mentale et d'autres qui sont positifs", indique Claudia Senik.

L'économiste cite le dernier rapport de l'enquête internationale "Working from home global report", qui montre que télétravailler est perçu comme présentant des avantages pour la vie privée. Par exemple, on passe moins de temps dans les transports et à se préparer. On peut aussi organiser sa journée comme on le souhaite. "Des choses qui n'ont pas tellement trait au travail, mais plutôt à la vie", résume Claudia Senik.

Quand on est en télétravail, on perd un peu le sens du travail et, peut-être, de sa vie.

Mais se rendre dans les locaux de son entreprise présente également des atouts, liés au travail mais aussi et surtout à la sociabilité et au sentiment d'appartenance.

"C'est surtout l'aspect de contact humain informel qu'on perd en télétravail. (...) C'est à la fois quelque chose qui touche au bien-être au travail et, plus généralement, au besoin des gens d'être socialisés, d'avoir une forme d'intégration sociale", souligne la chercheuse.

"Il faut un décor, un costume, des protagonistes"

"C'est comme dans une pièce de théâtre. Pour pouvoir se sentir dans son rôle, il faut un décor, un costume, des protagonistes. Quand on est en télétravail, seul en Zoom et pour certains en pyjama, on a un peu de mal et on perd le sens du travail et, peut-être, de sa vie", illustre la directrice du livre collectif "Le travail à distance: défis, enjeux et limites", paru en mai.

Ainsi, rester chez soi en permanence a un effet souvent négatif. Mais ce qui est valable pour une majorité ne l'est toutefois pas pour tous: certaines personnes se contentent entièrement du télétravail. Claudia Senik avance le chiffre d'une personne sur cinq désirant rester tous les jours à la maison pour son activité professionnelle.

Propos recueillis par Aleksandra Planinic

Adaptation web: Antoine Michel