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Presque autant de femmes que d'hommes nommées en 2022 dans les conseils d'administration

Les femmes ont été presque aussi nombreuses que les hommes dans les nominations 2022 au sein des conseils d'administration [RTS]
Les femmes ont été presque aussi nombreuses que les hommes dans les nominations 2022 au sein des conseils d'administration / 19h30 / 2 min. / le 28 août 2023
Les femmes nommées en 2022 dans les conseils d'administration des 100 plus grandes entreprises cotées en Suisse ont été presque aussi nombreuses que les hommes. C'est un record et un pas vers la parité dans un contexte où les hommes occupent encore près 70% des sièges.

Le Cercle suisse des administratrices a remis son prix 2022 à Logitech. L'association qui soutient la présence des femmes dans les conseils d'administration a récompensé l'entreprise valdo-californienne pour la participation des femmes aux fonctions de direction, ce lundi lors d'une cérémonie à l'hôtel Beau-Rivage de Lausanne.

"Pour nous, le parcours de Logitech en matière de diversité et d'inclusion a été long. Ce prix est incroyablement honorifique pour les membres de l'entreprise. Mais j'espère aussi que cela nous permettra de montrer un peu l'exemple à la communauté des affaires en Suisse et à l'étranger sur la façon dont ils peuvent eux aussi amener plus de femmes et plus de diversité dans les rangs de leurs cadres supérieurs", affirme Wendy Becker, présidente du conseil d'administration de Logitech, interrogée lundi dans 19h30 de la RTS.

La Suisse à la traîne

Elue à la tête de Logitech en 2019, Wendy Becker est l'exception qui confirme la règle. Parmi les 20 entreprises suisses du SMI, elle est la seule femme à présider un conseil d'administration.

En matière d'égalité des genres dans les fonctions dirigeantes, la Suisse affiche un certain retard. Selon les données de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) portant sur 2022, les conseils d'administration de notre pays ne comptent que 33,5% de femmes. Soit à peine plus que la moyenne de l'OCDE, située à 29,6%. Nos voisins allemands (37,2%), français (45,2%) et italiens (42,6%) offrent un meilleur exemple.

Un record de nominations en 2022

Mais la situation des femmes dans les postes stratégiques des entreprises pourrait bien se redresser. Cette année, le Cercle suisse des administratrices célèbre en grande pompe un nouveau record. Pour la première fois l'an dernier, 46% des personnes nommées dans des conseils d'administration en Suisse étaient des femmes. Ce n'est pas encore la parité, mais on s'en approche.

Pour Wendy Becker, il faut continuer le combat: "Ce qui est important pour les conseils d’administration suisses, c'est que l’on continue de repérer des personnes diverses, avec des opinions et des points de vue variés."

Une question de génération

Valentina Gizzi, présidente du Cercle suisse des administratrices, insiste sur les avantages d'une meilleure représentation pour les entreprises: "Les investisseurs sont de plus en plus intéressés par les sociétés qui ont une stratégie environnementale, gouvernementale et sociétale, dont la diversité est un pilier important."

Si la loi vise aujourd’hui des objectifs chiffrés, le chemin vers la parité dans les conseils d'administration risque d’être encore long. Peut-être le temps qu'une nouvelle génération reprenne le flambeau des affaires.

Marie Ivorra Grosse, membre du conseil d’administration des Blanchisseries Générales, qui a gagné le prix dans la catégorie PME, est convaincue que la domination masculine dans les affaires est l'héritage d'un passé bientôt révolu: "J’ai le sentiment que les jeunes, dans les PME, qui reprennent les sociétés ont vraiment à coeur d’avoir plus de femmes."

Matthieu Hoffstetter et Feriel Mestiri

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Françoise Piron: "Des pas énormes en quelques années" mais encore "insuffisants"

"C'est génial d'avoir ces chiffres parce qu'on revient de loin. Il n'y avait aucune femme dans les conseils d'administration, donc on a fait des pas énormes en quelques années", s'est enthousiasmée Françoise Piron, directrice de la Fondation Pacte, dans le 19h30.

Pour elle, ce résultat aura un "effet d'entraînement" mais il ne suffira pas à avoir plus de femmes cadres dans les entreprises. "C'est entre 30 et 40 ans que les femmes arrêtent de travailler pour, le plus souvent, des questions de conciliation entre la vie familiale et professionnelle. Il faut donc encore travailler pour qu'elles restent dans la course", a précisé l'invitée de la RTS.

Françoise Piron identifie deux problèmes: les entreprises ont du mal à recruter des femmes et à cet âge-là, le turn over est trop important. "Trop de femmes quittent leur entreprise entre 30 et 40 ans pendant que les hommes font carrière. Et quand les femmes reviennent sur le marché du travail à 45 ans, elles sont en décalage total avec les hommes qui ont continué à faire carrière."

La directrice de la Fondation Pacte déplore enfin que le sujet ne soit pas suffisamment présent dans les programmes des différents partis en vue des élections fédérales.

>> L'interview de Françoise Piron dans le 19h30 :

Le long chemin de l'égalité dans les entreprises, les explications de Françoise Piron
Le long chemin de l'égalité dans les entreprises, les explications de Françoise Piron / 19h30 / 3 min. / le 28 août 2023