L'absence de directives sur l'utilisation de l'IA représente un danger pour les entreprises
L’intelligence artificielle fait déjà partie de notre quotidien au bureau, selon l'enquête de la société d’audit et de conseil, menée auprès de près de 1000 actifs en Suisse.
Faire un graphique, une synthèse, un argumentaire de vente: de nombreux employés n'hésitent pas à déléguer certaines tâches à ces nouveaux outils.
Cet engouement n'étonne pas Cécile Dejoux, professeure au Conservatoire national des arts et métiers à Paris et autrice du livre "Ce sera l'IA et moi" aux éditions Vuibert. "Depuis l'arrivée de ChatGPT, tout le monde a envie de tester cette nouvelle clé pour ce nouveau monde", affirme-t-elle dans La Matinale de la RTS.
Absence de stratégie
Toutefois, dans un quart des cas, les supérieurs hiérarchiques ne sont tout simplement pas au courant de l'utilisation de ces outils par leurs employés.
"Les entreprises sont en retard par rapport à l'intérêt porté par les collaborateurs sur tous ces nouveaux outils", explique Cécile Dejoux. "Donc ce que font les collaborateurs, c'est qu'ils ne disent rien".
L'étude démontre que les entreprises n'ont souvent aucune stratégie en matière de déploiement de l’intelligence artificielle. Six sondés sur 10 l'affirment: leur employeur n'a édicté aucune directive.
Antonio Russo, responsable Innovation chez Deloitte Suisse, estime que cette absence de stratégie est dangereuse. Selon l'expert, il existe des risques au niveau "de la protection des données" et "de la protection de la propriété intellectuelle". "Il y a également des risques de cybersécurité et peut-être que le risque le plus important est le risque lié à des informations erronées", poursuit Antonio Russo.
Cécile Dejoux voit également un danger dans le fait que les collaborateurs puissent entrer "des données confidentielles dans des solutions ouvertes".
Pour faire face à ces problèmes, les entreprises devraient créer "un cadre de confiance ou des lieux d'expérimentation", estime-t-elle. L'experte les encourage à "avoir une attitude clairvoyante et non pas simplement une attitude de test, qui peut être dangereuse pour la confidentialité des données".
Selon Antonio Russo, les entreprises ont tout intérêt dans un premier temps à interdire l'accès à certains outils. Dans un deuxième temps, après avoir pesé les risques et établi des règles claires, elles pourront profiter des avantages de la technologie.
Sujet radio: Cléa Favre
Adaptation web: Emilie Délétroz