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Le nouvel envol de Canadair, symbole de la lutte contre les incendies

Un Canadair en opération survole la forêt de Freixianda, au centre du Portugal. [AFP - PATRICIA DE MELO MOREIRA]
L'usine De Havilland au Canada construit les avions Canadair, emblèmes de la lutte anti-incendie / Tout un monde / 6 min. / le 29 août 2023
Emblème de la lutte anti-incendies depuis des décennies, le Canadair est un outil incontournable pour faire face aux méga-feux qui se multiplient. Fabriqué de manière artisanale, ce fleuron industriel canadien a vu l'année dernière sa production relancée avec un nouveau modèle.

Que ce soit pour des réparations ou pour la fabrication d'un nouvel appareil, tout est minutieusement fait à la main dans l'usine De Havilland (DHC) à Calgary, dans la province de l'Alberta. Le constructeur canadien, qui a changé de propriétaire en 2016, y assure la maintenance des fameux Canadairs, dont la version la plus récente, le CL-415, date de 1993.

D'après les ingénieurs de l'usine, les appareils bénéficient de techniques de fabrication irréalisables par des robots, ce qui explique leur lente manufacture. Rien que pour améliorer un ancien modèle et remettre à jour ses composants, il faut compter un an.

"L'objectif de notre entreprise est de garder nos avions en vol le plus longtemps possible", explique son vice-président Jean-Philippe Côté mardi dans l'émission Tout un monde. Ainsi, certains appareils construits il y a plus de 70 ans sont toujours en service et DHC continue d'en assurer la maintenance.

Les anciens canadairs CL-415 sont entretenus "à la main" dans les usines de De Havilland, à Calgary. [Service de presse - De Havilland]
Les anciens canadairs CL-415 sont entretenus "à la main" dans les usines de De Havilland, à Calgary. [Service de presse - De Havilland]

La production relancée

Référence mondiale en matière d'avions bombardiers d'eau, le CL-415 peut écoper jusqu'à 6000 litres sur des lacs, des rivières ou en mer, caressant la surface à plus de 160 km/h pour remplir ses deux cuves en à peine 15 secondes. Un Canadair peut ainsi effectuer jusqu'à quinze largages par heure, une capacité unique en son genre.

Aujourd'hui, la marque compte 160 avions en service à travers le monde, dont environ une moitié en Europe et l'autre en Amérique du Nord.

Toutefois, leur production est à l'arrêt depuis près de dix ans. "Le dernier Canadair [...] a été livré en 2015. Notre entreprise a acheté le programme en 2016. À ce moment-là, il n'y avait pas de commande", détaille Jean-Philippe Côté. "Mais nous avons conservé tout l'équipement de production pour être un jour en mesure de faire ce que nous sommes en train de faire", c'est-à-dire lancer la production d'un nouveau modèle: le DHC-515.

Les anciens canadairs CL-415 sont entretenus "à la main" dans les usines de De Havilland, à Calgary. [Service de presse - De Havilland]
Les anciens canadairs CL-415 sont entretenus "à la main" dans les usines de De Havilland, à Calgary. [Service de presse - De Havilland]

Un nouvel appareil très similaire

Car avec le dérèglement climatique et la multiplication des méga-incendies dans le monde, de nombreux pays veulent davantage d'avions bombardiers dans leur flotte. Si bien qu'en 2022, le constructeur aéronautique a annoncé relancer sa ligne de production de ce nouveau modèle, dont la commercialisation est prévue pour fin 2026 ou début 2027. Dans cette optique, le groupe a annoncé l'embauche de plus de 500 personnes dans les années à venir.

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"Présentement, on est dans la préparation. On a commencé à faire certains composants", poursuit le vice-président de DHC. "Remettre un avion en production nécessite de s’assurer que ses plus de 50'000 composants puissent être refabriqués pour que nous puissions les réassembler. Dans certains cas, c'est relativement facile; dans d’autres, c'est plus compliqué. C'est ce qui justifie un peu le temps que ça va prendre [...] pour livrer les premiers avions."

"La première année, on va fabriquer à une cadence d'environ quelques avions pour augmenter à environ 9-10 avions par année", annonce-t-il encore.

Un carnet de commandes bien rempli

A première vue, le nouveau modèle ressemble au précédent, avec les mêmes cuves d'environ 6100 litres, le même moteur et la même carlingue. La différence se joue principalement au niveau de la cabine de pilotage, qui a été mise à jour. "Nous avons aussi changé l'air climatisé dans l'avion. Beaucoup de clients nous ont mentionné que lorsqu'ils opèrent à des températures de 45 degrés et plus, avoir une climatisation performante avait beaucoup d'avantages. On a donc modernisé cet élément-là", souligne encore Jean-Philippe Côté. "Pour le 515, notre objectif est de trouver le juste milieu entre des améliorations que nos clients nous ont demandées et une mise en service la plus rapide possible."

Si le constructeur ne communique pas le prix d'un DHC-515, il assure néanmoins que le carnet de commandes est bien rempli. Une vingtaine d'aéronefs sont déjà réservés, principalement par la France et l’Union européenne.

Justine Leblond/jop

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