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Le produit intérieur brut suisse stagne au deuxième trimestre

L'évolution sur trois mois du produit intérieur brut (PIB) de la Suisse s'est avérée nulle au deuxième trimestre. [Keystone - Martin Rütschi]
La croissance stagne et l’industrie ralentit en Suisse: interview de Mathieu Grobéty / Le 12h30 / 1 min. / le 4 septembre 2023
L'évolution sur trois mois du produit intérieur brut (PIB) de la Suisse s'est avérée nulle au deuxième trimestre, après une entame d'année dynamique, indique lundi le Secrétariat d'Etat à l'économie (Seco) dans son relevé périodique.

Si le coup de frein entre le premier et le deuxième partiel était largement anticipé par les économistes, le coup d'arrêt constitue une petite surprise. Les pronostics s'échelonnaient entre +0,1% et +0,3% en comparaison trimestrielle.

La création de valeur dans l'industrie notamment a fléchi de 2,9% en glissement trimestriel. Le secteur chimico-pharmaceutique (-2,3%) peine à renouer avec ses cadences de croissance enregistrées entre 2015 et 2022, relèvent les économistes fédéraux dans leur point de situation. La contagion de l'accès de faiblesse à d'autres branches a eu pour corollaire un tassement de 1,2% des exportations de marchandises.

La construction (-0,7%) n'a pas été épargnée, avec un recul des chiffre d'affaires dans l'ensemble des secteurs du bâtiment comme du génie civil.

Interrogé dans le 12h30, Mathieu Grobéty, économiste et directeur exécutif du CREA, l'Institut d'économie appliquée de l'Université de Lausanne, estime que tant l'Europe que la Chine ont des économies qui éprouvent des difficultés. "Il est difficile pour les entreprises helvétiques d'exporter. Or, l'industrie est un secteur qui exporte beaucoup."

Une Suisse "dépendante des aléas de l'étranger"

Consommation publique (+0,1%) et privée (+0,4%) ont permis de contenir le ralentissement. L'hôtellerie-restauration (+5,2%) a tiré l'essor des revenus des services. Si le commerce de détail accuse un ralentissement de 0,4%, l'essor du commerce de gros et les ventes d'automobile permettent au segment de boucler le partiel sur un gain de 2,1%.

La contribution du commerce extérieur à l'évolution du PIB est demeurée positive, l'érosion des exportations de marchandises ayant été compensée par l'essor de celles de services d'une part et l'étiolement de 3,7% des importations de biens et de services de l'autre.

Les observateurs font preuve d'un certain fatalisme. "La petite économie ouverte helvétique est bien trop dépendante des aléas de l'étranger", rappelle Thomas Gitzel, économistes en chef chez VP Bank. Même si la Suisse demeure relativement épargnée par l'inflation, le renchérissement fait planer des doutes sur le maintien de la consommation intérieure, au vu de surcroît de la perspective de hausses de loyers pour de nombreux ménages, poursuit l'expert.

Nouvelle stagnation attendue au 3e trimestre

Le net recul des importations confirme pour Arthur Jurus, d'Oddo BHF Suisse, un affaissement de la demande intérieure, susceptible de déboucher sur une nouvelle stagnation de l'économie au troisième trimestre. L'économiste n'attend aucun assouplissement pour relancer la croissance de la part de la Banque nationale suisse (BNS), occupée à combattre une inflation sous-jacente toujours vive.

Mathieu Grobéty juge lui aussi que "l'environnement économique international va rester difficile en raison du ralentissement en Chine et de la normalisation des politiques monétaires". En outre, "l'inflation est à des niveaux trop élevés pour les banques centrales". L'économiste n'exclut pas une récession en Suisse. Tout dépendra selon lui de l'évolution de l'emploi.

Le Seco avait déjà prévenu en juin que la croissance helvétique en 2023 ne tiendrait pas la comparaison avec sa cadence de croisière habituelle. Les experts fédéraux misaient néanmoins alors sur une progression du PIB de 0,8%, devant accélérer à 1,8% en 2024.

ats/ther

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