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La voiture électrique européenne cherche ses atouts face à la déferlante chinoise

Les visiteurs du stand regardent une Denza D9 sur le stand du constructeur chinois BYD, dans l'espace ouvert du salon automobile IAA 2023 de la ville. [Keystone/DPA - Matthias Balk]
La voiture électrique européenne cherche ses atouts face à la déferlante chinoise / Tout un monde / 7 min. / le 7 septembre 2023
Alors que l'Union européenne veut interdire la vente de voitures thermiques neuves à partir de 2035, les industries automobiles européennes doivent répondre au déferlement des véhicules électriques chinois. Mais alors comment les constructeurs européens réagissent face à cette nouvelle concurrence? Eclairage.

Alors que le marché automobile peine à redémarrer après la crise du Covid, les voitures électriques connaissent un certain essor. En 2022, plus de 27 millions de véhicules ont été produits en Chine dont plus de quinze par des constructeurs purement chinois.

En outre, comme elle ne peut pas écouler toute sa production sur le marché intérieur, la Chine se montre plus agressive à l'exportation. C'est notamment le cas du constructeur BYD, présent au salon de Munich. Ce dernier a déjà dépassé Volkswagen en Chine et se montre très conquérant, ce qui inquiète les industries historiques européennes.

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Une offre chinoise très concurrentielle

La Chine produit la grande majorité des batteries du monde entier. Ainsi BYD fournit déjà des batteries en lithium, fer, phosphate à des entreprises comme Tesla, Toyota ou encore Hyundai. En outre, les constructeurs chinois proposent des voitures dans le créneau moyen haut de gamme pour asseoir leur image, mais aussi une grande quantité de véhicules électriques bon marché avec des premiers prix qui oscillent entre 15’000 et 18’000 francs.

L'inquiétude est d’autant plus forte que les producteurs européens et chinois ne se sont pas positionnés sur les même gammes de véhicules électriques

Elvire Fabry, chercheur en géopolitique du commerce à l'institut Jacques Delors

Comme l'explique Elvire Fabry, chercheur en géopolitique du commerce à l'institut Jacques Delors, jeudi dans l'émission Tout un monde, "cette inquiétude est d’autant plus forte que les producteurs européens et chinois ne se sont pas positionnés sur les mêmes gammes de véhicules électriques". En effet, les premiers se sont positionnés sur des véhicules très chers et sophistiqués alors que les véhicules chinois sont plus accessibles. Pour des consommateurs européens qui devront bientôt remplacer leur véhicule thermique par un véhicule électrique, l’offre chinoise est donc particulièrement intéressante d'un point de vue économique.

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Réaction des constructeurs européens

Le prix est un élément essentiel non seulement pour les classes moyennes, frappées par la crise mais aussi pour les entreprises, à commencer par les grands loueurs, qui doivent renouveler leur flotte de véhicules.

Pour faire face à cette déferlante, les grandes marques européennes ont déjà annoncé des modèles moins chers, dans un futur plus ou moins proche. Mais selon Flavien Neuvy, directeur de l'observatoire Cetelem, les Européens peuvent faire valoir d'autres avantages. "La réponse ne se fera pas sur la bataille des prix mais plutôt par le biais d'une réponse technologique avec des investissements massifs. Par exemple, en proposant des batteries qui se rechargent plus rapidement".

Des projets de "gigafactories" se développent également en Allemagne, en France et un peu partout en Europe, mais il leur faudra du temps pour atteindre leur pleine puissance. Dans le même temps, certaines entreprises chinoises proposent déjà des batteries avec une autonomie de 900 km.

Connectivité des voitures autonomes

L'autre volet sur lequel les Européens peuvent tirer leur épingle du jeu, selon Flavien Neuvy, c'est celui de la connectivité de la voiture autonome. "Ce ne sont pas les constructeurs chinois qui sont les concurrents cette fois mais tous les équipementiers américains qui s’intéressent à la mobilité et à la voiture de demain".

L'industrie européenne risque ainsi d'être prise en étau entre les deux puissances que sont la Chine et les Etats-Unis. Avec d'un côté les Chinois, qui ont fortement subventionné leurs entreprises, et de l'autre, les Américains, qui encouragent à coups de milliards les implantations locales.

En outre, si les prix de l'énergie restent élevés en Allemagne, beaucoup d'entreprises vont être tentées de développer de nouvelles usines, y compris de batteries, hors d'Europe comme certaines le font déjà.

Francesca Argiroffo/hkr

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