Fondée en 2012, la société WayRay est à l'origine d'une invention reposant sur la réalité augmentée: un film transparent qui se colle sur les pare-brises de voitures et qui donne des informations pour la conduite.
La start-up est très prometteuse et compte près de 25 grandes marques parmi ses clients. Mais en février 2022, alors que WayRay s'apprêtait à recevoir 100 millions de dollars pour ouvrir un centre de production près de Zurich, tout s'arrête.
"On aurait dû recevoir 100 millions de dollars d'un nouvel investissement et le même jour, la guerre a commencé en Ukraine", raconte Philippe Monnier, administrateur de WayRay, dans le 19h30 de la RTS samedi.
Sanctions internationales
"C'est une bombe atomique qui est tombée sur la société", affirme l'homme d'affaires, évoquant ce 24 février 2022. L'invasion de l'Ukraine par la Russie et les sanctions internationales qui ont suivi ont en effet eu des effets directs sur WayRay.
"Les sanctions qui ont été prises contre la Russie sont clairement sans précédent", explique Sandrine Giroud, associée à l'étude Lalive.
"En plus des sanctions de base, comme le blocage de certains avoirs ou l'interdiction de voyager de certaines personnes, il y a toute une série de services qui ont été interdits, par exemple certains services juridiques", poursuit-elle.
Il est donc aujourd'hui trop risqué de collaborer avec des entreprises qui ont un lien avec la Russie. Or, si WayRay est suisse, son fondateur et quelques actionnaires sont russes.
En conséquence, il est impossible, par exemple, de se séparer d'un actionnaire russe, car aucune banque n'est prête à verser l'argent en échange des actions.
"La plupart des banques sont extrêmement frileuses", explique Sandrine Giroud. "Même si les autorités suisses valident la transaction, elles ont peur des conséquences de possibles actions aux Etats-Unis".
Sauver les emplois
WayRay se retrouve désormais en faillite. L'espoir pour sauver les emplois serait de retrouver au plus vite des repreneurs européens, asiatiques ou américains.
"Certains repreneurs seraient peut-être plus adéquats, notamment ceux qui nous connaissent très bien", estime Philippe Monnier, qui espère toutefois "que l'activité principale reste en Suisse".
Avant la guerre, WayRay employait une quarantaine de personnes à Zurich. Une centaine d'emplois supplémentaires étaient prévus pour le centre de production.
Nicolas Rossé/edel