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Après 5 hausses consécutives, la BNS maintient son taux directeur inchangé

Viviane Gabriel, cheffe de la rubrique économie de la RTS, revient sur la décision prise par la BNS de maintenir inchangé son taux directeur
Viviane Gabriel, cheffe de la rubrique économie de la RTS, revient sur la décision prise par la BNS de maintenir inchangé son taux directeur / 19h30 / 1 min. / le 21 septembre 2023
La Banque nationale suisse (BNS) a reconduit jeudi son taux directeur à 1,75%, déjouant les attentes du marché. Si le spectre de l'inflation n'a pas disparu, la faiblesse de la conjoncture et la force du franc ont fait pencher la balance. De futures hausses ne sont toutefois pas à exclure.

Après cinq hausses de taux décidées depuis juillet 2022, la BNS a opté pour le statu quo monétaire, estimant être parvenue à contrer "la pression inflationniste persistante".

Au cours des derniers mois, l'inflation a en effet continué de ralentir. En juin, elle était passée pour la première fois depuis janvier 2022 sous la barre des 2%. En août, elle s'inscrivait à 1,6%. Le repli est principalement dû à un fléchissement du renchérissement des biens et services importés. La pression inflationniste devrait toutefois s'accroître au cours des prochains mois, notamment en raison de la hausse des loyers et des prix de l'électricité, a expliqué Thomas Jordan, président de la direction générale de la BNS.

"La bataille contre l'inflation n'est pas encore gagné", a-t-il insisté devant la presse à Zurich, se montrant décidé à renouer durablement avec la stabilité des prix, ce qui, au sens de la BNS correspond à un taux d'inflation entre 0 et 2%. Il faudra toutefois de la patience, car pour 2023, comme pour 2024, le renchérissement est toujours attendu à 2,2%. Dès 2025, il devrait revenir dans la fourchette cible, à 1,9%, alors que la BNS tablait jusqu'à présent sur 2,1%.

La Banque nationale est en outre disposée à être active au besoin sur le marché des changes. "Nous utilisons les ventes de devises pour aider à maintenir les conditions monétaires à un bon niveau (...). Nous allons continuer à faire appel à cet outil, si nécessaire", a expliqué Thomas Jordan. Soutenir le franc permet en effet d'atténuer les pressions inflationnistes importées.

Les attentes en matière de croissance sont, elles, inchangées. Le produit intérieur brut (PIB) helvétique doit ainsi toujours s'enrober d'environ 1% sur l'ensemble de l'année. L'atonie conjoncturelle risque de se traduire par une modeste progression du chômage, assortie d'un léger recul de l'utilisation des capacités de production.

Une décision "claire et limpide"

"Contrairement à la BCE, qui a été contrainte de relever ses taux la semaine dernière en raison d'un taux d'inflation toujours nettement supérieur à son objectif, la BNS avait de très bonnes raisons de faire une pause aujourd'hui et d'adopter une position prudente", commente Charles-Henry Monchau, directeur de l'investissement chez Banque Syz. "La combinaison du ralentissement de la croissance en Europe (susceptible d'atténuer les pressions sous-jacentes sur les prix) et de la force de la monnaie est très susceptible, selon nous, de contenir la dynamique de l'inflation suisse dans les mois à venir", a poursuivi le spécialiste. Pour lui, la décision est "claire et limpide": la fin de la hausse des taux pour ce cycle.

Le relèvement des taux d'intérêts consiste à ralentir l'activité économique en réduisant les liquidités disponibles sur les marchés. Mais le risque existe de freiner la croissance et de créer du chômage.

En juillet 2022, la BNS avait débuté le resserrement de sa politique monétaire, mettant fin à plus de sept ans de statu quo. Le taux directeur était alors passé à -0,25%, puis relevé successivement jusqu'à atteindre 1,75% en juin dernier.

cab avec ats

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