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La directive de l'UE sur la déforestation inquiète les pays producteurs et la branche suisse du chocolat

Cabosse de cacao produite à Granada dans la région du Meta dans le sud de la Colombie. [RTS - Najet Benrabaa]
Une directive européenne pour protéger les forêts mal accueillie par les exportateurs de cacao / Le Journal horaire / 38 sec. / le 24 septembre 2023
Jugeant la nouvelle directive européenne "discriminatoire", 17 pays exportateurs de matières premières ont adressé une lettre commune à des politiciens européens. La Suisse aussi devra trouver rapidement un accord pour continuer à exporter certains produits, comme son chocolat, vers l'UE.

Cet été, fin juin, l'Union européenne a accepté une nouvelle directive qui vise à protéger les forêts. Très concrètement, les produits tels que la viande, le café, le bois, le soja, le caoutchouc, l'huile de palme et le cacao ne doivent plus être vendus dans l'UE si ils sont issus de la déforestation.

La nouvelle réglementation n'est pourtant pas au goût des pays producteurs. Pour eux, ces nouvelles restrictions sont "discriminatoires" et pourraient enfreindre le droit de l'OMC.

Malgré les doutes exprimés à plusieurs reprises, les nouvelles règles de l'UE devraient entrer en vigueur dès le 30 décembre 2024.

Pays exportateurs inquiets

Pour faire entendre leurs critiques, 17 ambassadeurs des pays producteurs ont récemment adressé une lettre commune à des politiciens européens de haut rang, dont, entre autres, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et le président du Conseil de l'UE Charles Michel.

Les Etats s'attendent à "une charge administrative excessive" et donc à "des coûts immenses" pour les pays exportateurs et importateurs, mais aussi pour les producteurs et les consommateurs, indique la missive.

Si les coûts supplémentaires sont certains, il n'est pas sûr que les nouvelles règles de l'UE puissent réduire la déforestation, avancent encore les ambassadeurs.

Plus de pauvreté?

D'autres "effets négatifs", comme l'augmentation de la pauvreté, ne peuvent pas non plus être exclus, écrivent-ils. Les PME, qui ne peuvent pas remplir les conditions administratives exigées par l'UE, devraient être particulièrement touchées.

La lettre du 7 septembre a été signée par les ambassadeurs d'Argentine, de Bolivie, du Brésil, de Colombie, de la République dominicaine, de l'Équateur, de la Côte d'Ivoire, du Ghana, du Guatemala, du Honduras, de l'Indonésie, de la Malaisie, du Mexique, du Nigeria, du Paraguay, du Pérou et de la Thaïlande.

ats/doe

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Les chocolatiers suisses sur le qui-vive

Ces nouvelles règles de l'UE exigent désormais que certaines données concernant les importations de cacao soient saisies dans un système de l'UE.

Les fabricants suisses de chocolat doivent donc avoir accès à ce système européen. Bruxelles a toutefois déjà clairement fait savoir qu'un accord nécessaire à cet effet dépendrait des progrès réalisés dans les discussions actuelles entre la Suisse et l'UE.

Actuellement, on ne sait pas encore "si et comment les exportateurs suisses de chocolat et de café peuvent se connecter au système d'information de l'UE", a déclaré Urs Furrer, directeur de la Fédération des fabricants suisses de chocolat Chocosuisse.

L'UE est un débouché important pour les producteurs suisses de chocolat. Chaque année, ils exportent environ 150'000 tonnes de chocolat à l'étranger. Environ la moitié de cette quantité est destinée à l'UE (53,1% précisément en 2022).

>> Lire aussi : Les nouvelles règles sur la déforestation de l'UE menacent l'exportation du chocolat suisse

Une charge administrative considérable

"Le temps presse", a déclaré Urs Furrer en pensant à 2025. Selon le directeur de Chocosuisse, les données doivent absolument pouvoir être saisies dans le système de l'UE dès l'importation des fèves de cacao en Suisse. Selon les cas, il peut s'agir de milliers de données concernant les fermes de cacao, qui doivent être indiquées par conteneur.

Si les producteurs suisses n'avaient accès au système de l'UE qu'après la transformation, il serait encore beaucoup plus compliqué d'introduire les données demandées dans le système, car le beurre de cacao utilisé pour la fabrication d'un chocolat, par exemple, provient de différents pays.

Sans accès préalable au système d'information de l'UE, les fabricants suisses risquent d'être confrontés à "une charge administrative considérable", prévient le directeur de Chocosuisse. La manière dont cela pourrait être géré n'est pas encore très claire.