C'est un budget "complexe à construire" qui a été présenté lundi matin par la ministre des Finances Valérie Dittli. Et pour cause, il respecte "de justesse" (de 300'000 francs) la limite dite du "petit équilibre", en dessous duquel des mesures d'assainissement devraient être prises.
Ce budget est d'autant plus "fragile" que la baisse de l'impôt sur le revenu des personnes physiques n'a pas encore été fixée. Le Conseil d'Etat propose une réduction de 3,5%, mais le Grand Conseil pourrait exiger davantage. Les discussions démarreront mardi et Valérie Dittli a dit s'attendre à des débats "intenses", durant lesquels le Parlement devra "prendre ses responsabilités".
La diminution de l'impôt sur le revenu est estimée à 105 millions. Cette baisse de recettes est toutefois plus que compensée par les autres impôts (sur la fortune, à la source, sur les gains en capital). Pour les personnes morales également, une progression importante est attendue (+132 millions ou +25,4% par rapport au budget 2023).
L'impôt sur le bénéfice des entreprises a été évalué "de manière plus optimiste que l'an dernier en raison de la résilience de l'économie vaudoise après la crise Covid", a expliqué Valérie Dittli. Elle a toutefois appelé à "la prudence" dans un environnement économique "incertain".
Toujours en matière de revenus, non fiscaux cette fois-ci, la ministre a relevé que le canton allait puiser dans ses fonds propres, notamment avec la réaffectation de préfinancements.
Au total, le projet de budget table sur des revenus de 11,38 milliards, soit une progression de 528 millions ou 4,9%, par rapport au budget 2023.
Inflation et vieillissement
De leur côté, les charges s'affichent à 11,63 milliards (+547 millions ou 4,9%) dans un budget "où l'inflation est partout", a souligné Valérie Dittli. Au total, 230 millions sont ainsi consacrés à l'indexation des salaires (secteurs public et parapublic) et aux divers effets liés au renchérissement (énergie, transports, etc.). Ce montant englobe aussi l'accord trouvé en mars avec les syndicats après plusieurs jours de grève.
Ces différentes mesures devaient permettre une hausse des salaires de 1,6%, a précisé Valérie Dittli. Elle a ajouté que les discussions avec les organisations du personnel allaient redémarrer "le moment venu", à savoir dès que l'inflation d'octobre (déterminante pour fixer l'indexation) sera connue.
Hors inflation, l'augmentation des dépenses de l'Etat vise surtout à tenir compte de la hausse de la population vaudoise et de son vieillissement. Les charges brutes dans le domaine de la santé progressent de 135 millions par rapport au budget 2023 (+8,9%), celle liée à l'action sociale de 89 millions (+3%).
Investissements records
Concernant les effectifs de l'administration cantonale, le budget 2024 prévoit une augmentation de 472 postes (+2,5% par rapport à 2023), dont 93 pérennisations ou internalisations (sans impact financier) et 77 postes pour les mesures annoncées aux syndicats. Corrigée de ces deux éléments extraordinaires, cela correspond à 302 nouveaux postes, dont 174 pour des enseignants et formateurs spécialisés.
A noter finalement que le budget d'investissement est aussi revu à la hausse "pour soutenir l'économie du canton et préparer les infrastructures de demain." Il prévoit des dépenses brutes de 599 millions (part Etat plus partenaires), de nouveaux prêts et de nouvelles garanties, soit un montant global de 1,1 milliard, un niveau "jamais atteint précédemment". La dette devrait s'élever à 600 millions en 2024.
ats/fgn