Boosté par les crises, le franc suisse a atteint un nouveau record cette semaine

Valeur refuge, le franc suisse est propulsé par les crises mondiales, telles que la reprise du conflit au Proche-Orient ces derniers jours. Il affiche un taux de change élevé face à l'euro, une situation qui complique la vente de produits suisses à l’étranger.

Le franc suisse a touché un nouveau record cette semaine: il ne fallait débourser que 94 centimes pour 1 euro à la clôture des marchés mercredi.

Tout comme l'or, le franc suisse est l'une des valeurs refuge par excellence en cas de tensions géopolitiques. De quoi expliquer que ces deux valeurs se sont fortement appréciées ces derniers jours. Une tendance haussière qui ne date pas d'hier.

Franc en hausse depuis les années 1970

Depuis les années 1970, la monnaie helvétique ne cesse de grimper. D'abord parce que les investisseurs sont devenus plus prudents depuis la crise financière et privilégient davantage les placements en francs suisses.

L'économie helvétique s'est aussi toujours montrée résiliente face aux crises grâce à ses produits à haute valeur ajoutée comme "les montres et certains produits pharmaceutiques", a expliqué vendredi dans La Matinale de la RTS Luc Luyet, stratège sur les changes chez Pictet Wealth Management.

Ces produits rendent la monnaie suisse moins sensible aux fluctuations du taux de change, ajoute-t-il.

Euro en baisse depuis 2007

Au contraire, l'euro connaît une tendance baissière. Depuis ses plus hauts en 2007, il a perdu près de 80% par rapport au franc. En cause, les différentes crises qui ont secoué la zone euro et notamment celle de la dette.

D'anciennes peurs refont surface aujourd'hui avec des taux d'endettement importants dans certains pays, comme l'Italie notamment, ce qui pèse sur l'économie européenne et sur la monnaie unique.

Le taux de change entre les deux monnaies a donc évolué de manière opposée. C'est d'autant plus marquant en cas de crise, comme c'est le cas actuellement, puisque le franc suisse est alors encore davantage propulsé à la hausse.

Compliqué pour l'exportation

Le franc fort n'est pas une bonne nouvelle pour les entreprises qui vendent leurs produits à l'étranger, rappelle Samuel Vuadens, président du Groupement suisse de l'industrie des machines. "En deux ans, le taux de l'euro est passé de 1,07 à 0,94. L'entrepreneur doit donc trouver 12% pour compenser et satisfaire son acheteur, ce qui est énorme!"

"Un sous-traitant a perdu 30% de son chiffre d'affaires sur des caisses récurrentes car il n'a pas trouvé ces 12% face à son acheteur", illustre Samuel Vuadens.