La solution de l'auto-édition permet de se passer des maisons d'édition traditionnelles et de leur savoir-faire. Les plateformes en ligne spécialisées dans ce procédé ont dès lors connu une forte hausse de leur fréquentation.
Les outils qu'elles proposent permettent aux écrivains amateurs d'éditer eux-mêmes leur livre, moyennant une petite contribution financière, souvent sous forme de forfait permettant d'accéder à des services d'édition.
Un gros tournant avec les confinements
La plateforme française Librinova, par exemple, a permis à Joachim Turin, auteur de romans policiers amateur, d'éditer cinq livres. Pour 495 euros, son livre a été mis en page et référencé dans 200 librairies en ligne et 5000 librairies physiques.
Le nombre d'utilisateurs et utilisatrices de la plateforme française a explosé depuis le confinement: "Un gros tournant, ça a été 2020 avec les confinements. Tout le monde s'est mis à écrire et le nombre de livres publiés a augmenté de 44% entre 2020 et 2021", explique Charlotte Allibert, directrice générale de Librinova. Et d'ajouter: "Cette année, on a 72'000 visiteurs mensuels."
L'impression à la demande, une révolution
Une autre innovation technologique, l'impression à la demande, explique cet engouement; "Ça a tout changé, puisque les auteurs ne sont plus obligés de commander des centaines de livres, mais ils peuvent juste publier leur livre, il est imprimé à chaque commande de lecteur et envoyé au lecteur", poursuit Charlotte Allibert.
A l'origine de ce phénomène, on retrouve le géant américain du commerce en ligne Amazon et sa plateforme d'auto-édition KDP. Aujourd'hui, c'est devenu un marché en pleine croissance. Aux Etats-Unis, l'auto-édition représente près de 70% des livres qui sont publiés chaque année. En France, en 2021, un livre imprimé sur quatre était auto-édité.
Mathilde Ducrest, auteure de BD suisse installée à Bruxelles, a récemment signé un contrat avec la prestigieuse maison d'édition Casterman. Elle a été repérée par une éditrice grâce à une bande dessinée qu'elle a auto-éditée.
La Fribourgeoise d'origine gagne pour la première fois de l'argent grâce à sa plume. Son contrat s'élève à 15'000 euros pour une année de travail. Elle a perdu la liberté de l'auto-édition, mais a trouvé en contre-partie le regard aiguisé d'une éditrice.
Quentin Bohlen/ebz