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Publier à tout prix, ou le difficile marché de l'auto-édition

Des mots à tout prix. [RTS]
Des mots à tout prix / basik / 26 min. / le 30 octobre 2023
Romans, polars ou récits de vie, de plus en plus de personnes se sont mises à l'écriture depuis la pandémie. Le phénomène a pris une telle ampleur que des maisons d'édition ont refusé, pendant plusieurs semaines, de recevoir des manuscrits, car elles croulaient sous les demandes. Les auteurs et autrices amateurs se sont donc tournés vers internet et l'auto-édition.

La solution de l'auto-édition permet de se passer des maisons d'édition traditionnelles et de leur savoir-faire. Les plateformes en ligne spécialisées dans ce procédé ont dès lors connu une forte hausse de leur fréquentation.

Les outils qu'elles proposent permettent aux écrivains amateurs d'éditer eux-mêmes leur livre, moyennant une petite contribution financière, souvent sous forme de forfait permettant d'accéder à des services d'édition.

Un gros tournant avec les confinements

La plateforme française Librinova, par exemple, a permis à Joachim Turin, auteur de romans policiers amateur, d'éditer cinq livres. Pour 495 euros, son livre a été mis en page et référencé dans 200 librairies en ligne et 5000 librairies physiques.

Le nombre d'utilisateurs et utilisatrices de la plateforme française a explosé depuis le confinement: "Un gros tournant, ça a été 2020 avec les confinements. Tout le monde s'est mis à écrire et le nombre de livres publiés a augmenté de 44% entre 2020 et 2021", explique Charlotte Allibert, directrice générale de Librinova. Et d'ajouter: "Cette année, on a 72'000 visiteurs mensuels."

L'impression à la demande, une révolution

Une autre innovation technologique, l'impression à la demande, explique cet engouement; "Ça a tout changé, puisque les auteurs ne sont plus obligés de commander des centaines de livres, mais ils peuvent juste publier leur livre, il est imprimé à chaque commande de lecteur et envoyé au lecteur", poursuit Charlotte Allibert.

A l'origine de ce phénomène, on retrouve le géant américain du commerce en ligne Amazon et sa plateforme d'auto-édition KDP. Aujourd'hui, c'est devenu un marché en pleine croissance. Aux Etats-Unis, l'auto-édition représente près de 70% des livres qui sont publiés chaque année. En France, en 2021, un livre imprimé sur quatre était auto-édité.

Mathilde Ducrest, auteure de BD suisse installée à Bruxelles, a récemment signé un contrat avec la prestigieuse maison d'édition Casterman. Elle a été repérée par une éditrice grâce à une bande dessinée qu'elle a auto-éditée.

La Fribourgeoise d'origine gagne pour la première fois de l'argent grâce à sa plume. Son contrat s'élève à 15'000 euros pour une année de travail. Elle a perdu la liberté de l'auto-édition, mais a trouvé en contre-partie le regard aiguisé d'une éditrice.

Quentin Bohlen/ebz

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