La Fédération romande des consommateurs (FRC) s'est rendue dans plus de 160 pharmacies, situées dans les cantons romands, pour analyser les circonstances lors desquelles les médicaments les moins chers sont proposés.
L'association s'est concentrée sur trois traitements sans ordonnance, pris en automédication: des pastilles pour la gorge, des sprays contre le rhume et des gels pour atténuer les douleurs lors d'une entorse. Elle en a conclu que les produits les moins coûteux sont généralement disponibles en stock, mais dans 90% des cas, c'est l'un des médicaments les plus chers qui est proposé.
Il s'agit pourtant de médicaments palliatifs avec une composition pratiquement identique, quel que soit leur prix. Leur objectif est de soulager les symptômes, non pas de les guérir. Le consommateur doit pouvoir "payer le moins possible, avec le moins d'effets secondaires", déclare l'un des co-auteurs de l'étude, Yannis Papadaniel, interrogé mardi dans La Matinale de la RTS.
Un rôle de conseil limité
L'enquête s'est aussi intéressée au rôle de conseillère des pharmacies et les résultats sont décevants. Dans 87% des cas, le personnel ne s'est pas questionné sur les autres pathologies dont pouvait souffrir la patiente ou le patient. Et il n'a donné un conseil sur la posologie que dans la moitié des cas.
Ces conclusions s'avèrent d'autant plus intéressantes que les pharmacies sont désormais appelées à jouer un rôle plus important dans le domaine des soins pour délester les cabinets médicaux.
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Yannis Papadaniel, responsable santé à la FRC, indique que les pharmacies déclarent souvent "qu'il n'y a pas que le prix qui compte" et qu'elles proposent des conseils gratuits. Pourtant, les résultats de l'étude attestent du contraire, constate-t-il.
Des produits sans contre-indication
Invitée dans l'émission de Forum de la RTS, Martine Ruggli, présidente de la faîtière des officines Pharmasuisse relativise cependant ces chiffres sur les conseils prodigués en précisant que les médicaments vendus contre le rhume, les maux de gorge ou pour soulager les entorses sont très courants.
Martine Ruggli admet qu'il y a deux marchés différents, celui des médicaments pris en charge par les caisses maladies, où aucun accord n'est possible entre les pharmacies et les laboratoires pharmaceutiques, puis il y a aussi celui de l’OTC (médicament en vente libre), où des accords sont possibles. Mais elle insiste, les produits choisis par l'enquête de la FRC sont sans contre-indication majeure.
"Indépendamment de la dangerosité, il y a quand même des précautions à prendre", estime toutefois Yannis Papadaniel.
>> L'interview de Martine Ruggli dans Forum:
Comment éviter la logique commerciale?
La solution, pour éviter cette logique commerciale, est de consulter le site compendium.ch avant de se rendre en pharmacie, précise le responsable. En tapant le nom d'un médicament, les différents produits à disposition sur le marché sont listés. Il s'agit actuellement de "la seule voie pour se renseigner", mais la FRC souhaite pouvoir offrir d'autres solutions.
Les pharmacies doivent cependant aussi rentrer dans leurs frais. "La solution serait d'avoir un prix moyen ou une fourchette" pour les produits en vente libre, ce qui est déjà "en cours de discussion pour les médicaments sous ordonnance", conclut Yannis Papadaniel.
Sujets radio: Alexandra Richard
Adaptation web: Mérande Gutfreund