Il ne se passe pas une semaine sans qu'une petite auberge de village ne doive cesser son activité pour des raisons financières. Les grandes tables sont aussi touchées. Dernier cas en date, le restaurant étoilé du Pont de Brent, au-dessus de Montreux (VD). En faillite, Il doit fermer ses portes immédiatement (voir encadré).
La situation n'a jamais été rose pour nombre d'établissements, petits ou grands. Mais le Covid, puis la guerre en Ukraine et finalement l'inflation sont passés par là.
A l'image du café de la Croix-Blanche, à Poliez-Pittet, près d'Echallens (VD), qui fermera définitivement ses portes le 21 décembre. Un crève-cœur pour les tenanciers Édith et Marc, qui oeuvrent seuls depuis près de 30 ans en salle et en cuisine. Mais la crise du Covid et l'inflation de ces derniers mois ont porté le coup de grâce aux finances de l'établissement.
Douloureuse facture d'électricité et moins de clients
"Il y a eu des surprises, comme la Romande énergie qui augmente ses prix de 40%. Si nous, on fait la même chose, ça ne sera juste pas possible d'avoir une clientèle qui peut assumer ces prix-là", déplore Edith dans La Matinale.
Depuis quelques années, le couple constate aussi une baisse continue de la fréquentation de leur bistrot de Poliez-Pittet. Les habitudes de consommation ne sont plus les mêmes.
Appel à un soutien politique
Gilles Meystre, président de Gastrovaud, l'Association des professionnels de la restauration, ne cache pas son inquiétude: "c'est un pan de notre culture qui risque de disparaître. Donc j'espère qu'on tiendra. Ça dépend de nous, ça dépend d'eux, mais ça dépend aussi des politiques en particulier qui doivent être patients, qui doivent être aidants parce qu'on fait aussi un boulot qui est important, on crée du lien social".
Parmi les mesures politiques demandées, il est notamment question de la fin du remboursement des cas de rigueur, ces aides octroyées pendant la pandémie de Covid.
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Mais Gilles Meystre appelle aussi les restaurateurs à innover. "Certains y parviennent en réduisant leur carte, en réduisant leur offre de façon à avoir des stocks moins importants à gérer. D'autres réduisent leurs horaires de travail et d'ouverture de façon à avoir moins de personnel à assumer. Il n'y a pas une seule solution, mais il s'agit d'être souple et de tester".
Sujet radio: Robin Baudraz
Adaptation web cab
Le Pont de Brent ferme
Parmi les restaurants les plus cotés de Suisse romande, le Pont de Brent (17/20 au Gault&Millau et une étoile au Michelin) est contraint de fermer avec effet immédiat. L'établissement situé sur les hauts de Montreux (VD) part en faillite.
"La lettre du juge est arrivée vendredi matin, nous n'avons donc plus le choix. C'est très dur, très émotionnel. Mais c'était devenu inéluctable", indique Amandine Pivault, dans une interview publiée sur le site internet du Gault&Millau. La trentenaire française avait repris le restaurant il y a deux ans, au côté de son compagnon cuisinier Antoine Gonnet.
"La conjoncture nous a rattrapés : nous faisons 200 couverts de moins par mois que l'année passée. Ce n'est pas tenable. Elle ajoute que "des erreurs" ont "sans doute" été commises, notamment d'avoir "trop misé sur l'aura d'autrefois" du Pont de Brent.
Compte tenu de la hausse des charges, "il y a de moins en moins d’indépendants en mesure de survivre à la tête d’une grande table, sans soutien financier", indique encore Amandine Pivault. (ats)