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Le Black Friday, ça change quoi pour vous?

Le Black Friday, ça change quoi pour toi? [RTS]
Le Black Friday, ça change quoi pour toi? - [RTS]
Des prix cassés, une ruée sur les magasins et les sites internet... Le désormais traditionnel Black Friday est de retour, comme chaque dernier vendredi de novembre. Même entamé par le Covid, son succès peut-il relancer le commerce de détail? Est-ce vraiment une occasion de faire de bonnes affaires? Et avec quel impact écologique?
Le Black Friday, ça change quoi pour vous?
Le Black Friday, ça change quoi pour vous? / Ça change quoi pour vous ? / 5 min. / le 23 novembre 2023

Appelés aussi "November Days" ou "Black November", ces rabais massifs ont débarqué en Suisse en 2014. C’était bien avant aux Etats-Unis, pour relancer le commerce après la Grande Dépression. Dans les années 50, la police de Philadelphie a inventé le terme de "Black Friday" (Vendredi noir) à cause des embouteillages engendrés ce jour-là. Son succès n’a depuis cessé de grandir, jusqu'à la démesure d’avant le Covid-19.

Ce quatrième vendredi de novembre qui suit les fêtes de Thanksgiving lance la course aux achats de Noël et représente une aubaine pour les commerces. "C’est le Superbowl du commerce de détail! On l’adore on y travaille toute l’année. On le planifie pendant des mois. Tout le monde est prêt, les clients sont super excités par les rabais. Pour certaines familles, c’est une tradition. Ils viennent ici, font la queue pendant deux heures et se réjouissent chaque année de cette course", témoignait ainsi en 2015 un porte-parole de Sears, le troisième groupe de distribution aux Etats-Unis derrière Wal-Mart et Home Depot.

C’est le Superbowl du commerce de détail!

Un porte-parole du groupe Sears aux Etats-Unis

L'effet Covid

En 2019, juste avant le Covid, la manne du Black Friday pour les commerces suisses avait atteint les 300 millions de francs. Avec la fermeture des magasins, la pandémie a achevé de transférer une bonne partie des achats vers les sites de vente sur internet. En 2020, le chiffre d’affaires des ventes en ligne a atteint 130 millions, soit une augmentation de 30% sur un an. Dès le jeudi minuit, la plateforme de vente en ligne de Migros Digitec Galaxus a dû gérer des ruptures de stocks.

Pas de quoi, cependant, compenser les pertes des ventes dans les magasins. Dès que possible, on a de nouveau misé sur le Black Friday, alors même que les restaurants restaient fermés, laissant les petits commerces à la peine.

"Ça fait 8 mois qu’on parle du petit commerce, du commerce de proximité. Qu'on a demandé à tenir des distances, qu’on a demandé une certaine discipline, que tout le monde porte le masque. Et puis là, parce que c’est le Black Friday, tout le monde va s’agglutiner dans les grands magasins? Ce n’est pas très compréhensible", s'en étonnait en 2020 dans Couleurs Locales le propriétaire d'un magasin d'Yverdon.

>> Regarder aussi le sujet du 19h30 avant le Black Friday de 2020 :

Black Friday et Covid ne font pas bon ménage
Black Friday et Covid ne font pas bon ménage / 19h30 / 2 min. / le 27 novembre 2020

2023, un bon cru

Selon le site blackfriday.ch, cette année s’annonce comme un bon cru. 76% des personnes interrogées déclarent leur intention de faire des achats à l'occasion du Black Friday 2023. C’est plus que l’an passé.

Raison avancée: l’inflation, qui rend les rabais attractifs. Mais attention: elle réduit aussi la taille du budget 2023, avec un panier moyen de 212 francs, contre 289 fr. l'an passé.

Les critiques des écologistes

La semaine dernière, Greenpeace révélait qu'environ 300 tonnes de produits électroménagers et électroniques neufs sont détruits directement chaque année en Suisse par Digitec Galaxus, Fust, Interdiscount et Competec (Brack), selon une estimation de sa branche suisse, qui demande plus de transparence

>> Lire à ce sujet : Environ 300 tonnes d'appareils neufs détruits chaque année en Suisse, dénonce Greenpeace

Cette journée est celle où l’on consomme le plus, ce qui en fait un vendredi noir pour la planète. Des manifestations se sont déjà tenues en Suisse devant plusieurs enseignes, ainsi que devant les entrepôts d'Amazon, par exemple en 2018 en France à Clichy, en 2018.

"L’année dernière, on a vendu 11 produits électroniques ou électriques par habitant français, alors que ce sont des produits qui sont censés durer plusieurs années. On voit donc qu’il y a une situation de surconsommation qui ne s'arrête pas. On est là pour dire au gouvernement et à Amazon qu’il faut changer leurs habitudes", avait expliqué la chargée de campagne de l'association "Les amis de la Terre" Alma Dufour.

Vêtements, téléphones, tablettes, machines à laver... Derrière chaque objet vendu au rabais, il y a une foule de ressources - la matière première bien sûr, mais aussi l’eau et l’électricité utilisées, sans parler des conditions humaines dans lesquelles ces objets sont parfois produits. Ces critiques sont résumées dans cette vidéo de l’ONG solidar suisse.

Il y a une situation de surconsommation qui ne s'arrête pas. On est là pour changer les habitudes

Alma Dufour, chargée de campagne de l'association "Les amis de la Terre"

Les alternatives

Les alternatives au Black Friday ont fleuri en Suisse, à commencer par le "Fair Friday" né en 2018 à l’initiative des librairies Payot. L’idée: plutôt que des rabais, proposer à la clientèle d’arrondir le montant de ses achats pour financer des projets de lutte contre la pauvreté.

L’an passé, les 190 commerces inscrits ont récolté 111'000 francs. "Ça prouve qu'on n’est pas les seuls à penser qu'il faut avoir une attitude plus responsable envers la consommation", s'en est réjoui le propriétaire de Payot Pascal Vandenberghe jeudi dans le 19h30 de la RTS.

Cette année, 200 commerces de Suisse romande participeront au Fair Friday, au profit de Caritas.

Et vous, dans tout ça?

La période des fêtes représente un gros budget. Pour éviter de s’emballer et résister aux achats compulsifs, évaluez par écrit les achats que vous estimez nécessaires; ce budget vous guidera dans la jungle des offres alléchantes. Méfiez-vous aussi des arnaques qui fleurissent à cette période. Comparez les prix et ne cédez pas à des offres trop loin de la réalité.

Pour éviter de surconsommer, les achats de seconde main et les pièces chinées sont très tendance. Sur son site, l'ONG Solidar propose aussi des alternatives durables entre recyclage et réparations.

Enfin, il y a peut-être près de chez vous des alternatives au Black Friday: bourses solidaires aux jouets, vide-dressing ou artisanat local. A Genève, par exemple, la Fair week met en valeur l’économie circulaire et solidaire.

Claire Burgy

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