La plateforme Airbnb est accusée dans plusieurs pays d'aggraver la pénurie de logements dans les centres-villes et de faire exploser les loyers. Emmanuel Marill, directeur d'Airbnb en Europe, au Moyen-Orient et en Afrique, s'en défend. "Ce n'est pas ce que montrent nos études", affirme-t-il dans La Matinale de la RTS.
Une étude de PricewaterhouseCoopers (PwC) s'est penchée sur l'impact de la location de courte durée en France. Il en ressort que cet impact "peut être relativisé". Cette étude "montre que la vacance des logements, que les problématiques entre propriétaires et locataires ou l'absence de construction de logements pèsent beaucoup plus fortement sur la hausse des loyers ou la rareté du logement qu'Airbnb", indique Emmanuel Marill.
Selon les chiffres d'Airbnb, plus de la moitié des logements disponibles sur la plateforme sont la résidence principale des hôtes. "Ils le font chez eux, quand ils partent en vacances ou en week-end", précise Emmanuel Marill. En outre, en Europe, 15% des gens mettent une chambre seulement à disposition. "Donc si vous dites à ces gens-là d'arrêter Airbnb, ça ne va pas rajouter de logements dans la ville en question", affirme-t-il.
Airbnb, c'est probablement un des meilleurs moyens d'arrondir ses fins de mois avec ce qui vous coûte le plus cher, à savoir votre maison
Réglementation nécessaire
Certaines grandes villes ont toutefois pris des mesures pour encadrer ce type de location, estimant qu'Airbnb occupait des logements qui ne sont pas sur le marché. La ville italienne de Florence a par exemple décidé d'interdire de nouvelles locations résidentielles temporaires dans son centre historique afin qu'ils restent accessibles aux habitants et New York interdit les locations inférieures à 30 jours. En Suisse également, certaines villes limitent le nombre de jours durant lesquels un particulier peut mettre en location son logement.
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Pour Emmanuel Marill, des réglementations sont importantes, à condition qu'elles ne soient pas punitives. Le directeur régional d'Airbnb appelle les gouvernements "à réglementer de manière concertée et proportionnelle", citant comme exemple "le cadre que la Commission européenne a défini".
L'Union européenne a en effet trouvé un accord pour renforcer la transparence dans la collecte de données sur les plateformes de location de courte durée. Les plateformes devront ainsi transmettre tous les mois, de manière automatisée, les données sur le nombre de nuitées louées et de clients aux autorités publiques.
Répondre à un besoin
Si Airbnb soutient cette réglementation, il ne faut cependant pas aller au-delà, estime la plateforme. "Interdire une activité comme celle-ci, ce serait pénaliser les populations locales", estime Emmanuel Marill. "Airbnb, c'est probablement un des meilleurs moyens d'arrondir ses fins de mois avec ce qui vous coûte le plus cher, à savoir votre maison", affirme-t-il, précisant qu'en Suisse, les locations Airbnb ont rapporté 5000 francs en moyenne aux hébergeurs en 2022.
Il existe par ailleurs une vraie demande pour un moyen de logement alternatif pour les voyageurs, estime Emmanuel Marill. Alors que certains hôteliers crient à la concurrence déloyale, il estime que leurs services sont au contraire complémentaires. "Pour un voyage d'une nuit par exemple, l'hôtellerie est intéressante", explique-t-il, contrairement à des séjours plus longs ou en famille.
D'un côté, on a des gens qui veulent voyager différemment et de l'autre, on a des personnes qui ont besoin d'argent. C'est pour ça que ça marche aussi fort
Selon Emmanuel Marill, Airbnb devient particulièrement intéressant pour les voyageurs disposant de moyens financiers limités. "Si vous voulez découvrir une grande capitale européenne et que vous êtes étudiant, vous n'avez pas forcément des moyens colossaux", dit-il. "L'opportunité donnée via Airbnb, qui est très abordable, permet cette découverte-là".
Pour Emmanuel Maril, Airbnb répond donc a un besoin de la population, ce qui explique son succès. "D'un côté, on a des gens qui veulent voyager différemment et de l'autre, on a des personnes qui ont besoin d'argent. C'est pour ça que ça marche aussi fort", conclut-il.
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Propos recueillis: Pietro Bugnon
Adaptation web: Emilie Délétroz