Le rapport, présenté aux Assises de l'égalité à Lausanne, reprend la méthode de calcul de l’historienne française et membre du Laboratoire de l’égalité Lucile Peytavin qui avait estimé le coût de la virilité en France en 2021.
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Pour obtenir ce chiffre, l'équipe de Rethinking Economics Lausanne a soustrait le pourcentage de femmes prévenues pour chaque crime à celui des hommes, a multiplié ce résultat par le coût des crimes - soit, le coût d'une infraction - puis l'a multiplié au nombre de victimes l'année en question, explique Léane Vota, présidente de Rethinking Economics Lausanne qui publie l'étude et sa co-autrice.
Les chiffres articulés dans ce rapport visent à donner "un ordre d’idée de l’ampleur du phénomène", précise la chercheuse. Ils sont tirés de nombreuses sources cantonales et fédérales et de nombreux montants sont basés sur des hypothèses de calculs. Le rapport de base se trouve ici.
La virilité, c'est une norme de société qui définit ce que doit et ne doit pas être un homme
Les chiffres de la répartition hommes-femmes des prévenus pour chaque crime proviennent de l'Office fédéral de la statistique. Les coûts des infractions, par exemple les vols à l'étalage, sont des estimations de divers médias, et ceux des budgets de justice sont issus des chiffres communiqués par les 26 cantons. Léane Vota précise encore que certains montants articulés sont "des hypothèses", par exemple le coût d'un viol, qui a été calculé sur la base du coût moyen d'un blessé grave, multiplié par deux.
Besoin d'éduquer
"La virilité, c'est une norme de société qui définit ce que doit et ne doit pas être un homme", explique-t-elle dans Forum jeudi soir. Léane Vota détaille que cette notion en rassemble d'autres "comme la force, la puissance".
"En fait, tout un tas d'attributs physiques et moraux qui s'expriment par des comportements de domination, de violence, de discrimination ou de non-respect des règles et tout ceci au détriment des femmes mais aussi des hommes", résume-t-elle en relevant que ce phénomène se retrouve dans l'éducation.
Léane Vota espère que les politiques et les pouvoirs publics profiteront de la parution de ce rapport "pour changer les choses". L'école serait une des possibilités d'action, selon elle. "Ça pourrait passer par le fait d'éduquer les garçons en les connectant plus à leurs sentiments. Donc ça passerait potentiellement par l'éducation".
Délits sexuels élevés
La co-autrice de l'étude souligne la somme de 445 millions de francs, montant des crimes et délits sexuels en 2019. "On a un pourcentage d'hommes (prévenus, ndlr) très élevé et un coût de 445 millions de francs, ce qui est assez impressionnant", assène-t-elle.
Pour justifier l'estimation de neuf milliards de francs par an, Léane Vota met en perspective les résultats obtenus pour la France. Elle est réaliste selon elle. "Quand on compare le chiffre sorti en France, ça ressemble. En France, c'est 100 milliards. Donc au vu de la population (suisse, ndlr), ce chiffre semble juste."
L'invitée de Forum indique encore que le coût de la féminité n'a pas été calculé.
Propos recueillis par: Coraline Pauchard
Adaptation web: Julie Marty