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Les étudiants étrangers en Suisse sont les plus précarisés

Pauvres étudiants. [RTS/basik]
Pauvres étudiants / basik / 25 min. / le 11 décembre 2023
La précarité étudiante est une réalité en Suisse même si elle est plutôt cachée. En 2022, ils étaient près de 45'000 à recevoir une aide financière. Si les montants de ces aides augmentent, il n'y en a pas pour tout le monde.

Sarah Truffer, 25 ans, est étudiante en droit et doit s'autofinancer. Pour vivre, ou plutôt survivre, la jeune femme cumule les petits boulots. "Je suis à un pourcentage de 20% pour l'entreprise Manor. Il faut compenser avec deux autres jobs étudiants et même d'autres jobs l'été quand j'ai des grandes vacances", témoigne la Neuchâteloise. Avec des parents séparés, la jeune femme ne peut pas compter sur l'aide de sa famille. Tout comme elle, de nombreux étudiants se retrouvent en situation de précarité en Suisse.

En 2022, près de 45'000 étudiants, soit environ 7% de la population estudiantine, ont demandé une aide financière. Au total, 354 millions ont été distribués. Un montant en hausse de près de 20% sur ces dix dernières années, selon les chiffres de l'OFS.

A Neuchâtel, la Fédération des étudiants neuchâtelois (FEN) avait créé un fond d'urgence durant le Covid-19, car il n'y avait plus d'aides à disposition à l'université. Ce fonds a été maintenu une fois cette période terminée, les demandes ayant continué d'affluer. "Aujourd'hui, on se retrouve dans une situation où on a encore plus de demandes qu'avant et nous, on doit faire de plus en plus d'appels aux dons parce qu'on n'a pas d'argent en illimité. Cette année, on a dû trouver 40'000 francs", explique Marius Hofer, le président de la FEN, lundi dans l'émission de la RTS basik.

Les étudiants qui ont le plus de mal sont les étudiants éloignés de la société locale, en particulier les étudiants étrangers

Jean-François Stassen, le responsable scientifique de l'Observatoire de la vie étudiante de l'Université de Genève

Les étudiants étrangers sont les plus touchés

Ce phénomène de précarité estudiantine est scruté de près par l'Observatoire de la vie étudiante de l'Université de Genève. Sans surprise, les chiffres genevois ont fait un bond avec le Covid-19. De 468 en 2019, le nombre d'étudiants bénéficiaires est passé à 906 en 2022. Le montant des aides a lui augmenté en conséquence de 35%.

"Si les étudiants disposent de ressources d'insertion dans la société genevoise, ce qu'ils reçoivent comme aide permet de s'en sortir. Ce qui fait que souvent, les étudiants qui ont le plus de mal sont les étudiants éloignés de la société locale, en particulier les étudiants étrangers, qu'on va retrouver beaucoup plus dans ces situations de précarité", dévoile Jean-François Stassen, le responsable scientifique de l'Observatoire de la vie étudiante de l'Université de Genève.

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Des initiatives genevoises nécessaires

La FARCE offre gratuitement des denrées alimentaires aux étudiants depuis trois ans grâce à des dons financiers et de la récupération alimentaire.

"Pour nous, le seul critère, c'est d'être étudiant, indique Lucien Rappaz, coordinateur de l'association. En fait, ce serait extrêmement difficile de juger pour nous qui a besoin d'aide, donc on accepte toutes les personnes qui ont une carte étudiant valide. C'est aussi pour éviter un effet de seuil". Dans ce local loué à la Ville, des bénévoles s'affairent deux fois par semaine pour aménager un espace convivial. Sur les deux jours, 750 étudiants passent à l'épicerie. Le nombre est limité, car la demande dépasse l'offre.

L'année dernière, on avait une moyenne de 30 à 40 personnes tous les soirs. Il y a deux semaines, on a eu un record, avec entre 70 et 80 personnes tous les soirs

Charlotte Hennessy, collaboratrice au restaurant social Refettorio

La FARCE collabore aussi avec un restaurant social. Depuis janvier 2022, le Refettorio propose des repas gratuits pour les personnes dans le besoin tous les soirs de semaine. Le lundi, c'est soirée étudiante et les inscriptions sont en hausse. "Au début, l'année dernière, on avait une moyenne de 30 à 40 personnes tous les soirs. Il y a deux semaines, on a eu un record, avec entre 70 et 80 personnes tous les soirs", constate Charlotte Hennessy, collaboratrice au Refettorio.

Avec l'augmentation du coût de la vie, la situation financière d'un nombre important d'étudiants, à Genève comme ailleurs, va continuer d'être difficile.

Léa Huszno

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