Modifié

La Finma dénonce les "scandales à répétition" et les "erreurs" de gestion de Credit Suisse

La Finma réclame de nouveaux moyens pour mieux réguler le secteur bancaire après la débâcle Credit Suisse
La Finma réclame de nouveaux moyens pour mieux réguler le secteur bancaire après la débâcle Credit Suisse / 19h30 / 1 min. / le 19 décembre 2023
La Finma, le gendarme des marchés financiers, dénonce mardi dans un rapport les "scandales à répétition" et les "erreurs" de gestion de Credit Suisse qui lui ont fait perdre la confiance des clients et conduit à son effondrement en mars dernier. Le régulateur réclame de meilleurs outils pour agir plus efficacement.

L'Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers (Finma) a lourdement taclé les responsables de Credit Suisse dans son rapport sur la crise de l'établissement.

Le conseil d'administration, alors présidé par Axel Lehmann, avait opté à plusieurs reprises pour des changements de stratégie, le dernier remontant à octobre 2022 et prévoyant une "restructuration radicale" de sa banque d'affaires et une réduction des coûts.

"Ces changements de stratégie n'ont pas été mis en oeuvre de manière rigoureuse. La volatilité des revenus est demeurée élevée tant dans la banque d'investissement que dans la gestion de fortune", ont estimé les experts de la Finma. S'ajoutent à cela des "lacunes sévères" dans la gestion des risques.

Hémorragie de capitaux

Le régulateur a également relevé "les scandales à répétition (qui) ont entaché la réputation de la banque, pesé sur les résultats et engendré une perte de confiance". Au plus fort de la crise, Credit Suisse avait en effet subi une hémorragie de capitaux avec des sorties de fonds de 110,5 milliards de francs au dernier trimestre 2022. La réorganisation, les charges et les amendes ont quant à elles affaibli le niveau de fonds propres de l'établissement.

Empêtrée dans des affaires à répétition depuis plusieurs années, Credit Suisse avait vu sa situation se détériorer rapidement début 2023, suite à la faillite mi-mars de plusieurs banques régionales américaines. Dans le cadre du plan de sauvetage dévoilé le 19 mars par les autorités helvétiques, UBS avait alors accepté de reprendre son ancienne rivale pour 3 milliards de francs, après avoir obtenu d'importantes garanties financières de la part de la Confédération et de la Banque nationale suisse.

>> Les explications de Michael Maccabez dans le 12h45 :

La FINMA a publié son rapport sur la faillite de Credit Suisse. Les précisions du journaliste Michael Maccabez
La FINMA a publié son rapport sur la faillite de Credit Suisse. Les précisions du journaliste Michael Maccabez / 12h45 / 1 min. / le 19 décembre 2023

La Finma réclame de nouveaux instruments pour mieux agir

Impliquée dans le sauvetage de Credit Suisse, la Finma a estimé que "les mesures de crise des autorités ont atteint leur objectif", mais que la base juridique en matière de surveillance du secteur bancaire "a atteint ses limites".

"Nous évoluons dans un cadre très serré", a déclaré la président de la Finma, Marlene Amstad, lors d'une conférence de presse à Berne, avertissant cependant qu'il "n'existe pas d'assurance tout risque" pour les banques.

Pour Birgit Rutishauser, directrice générale par intérim, "la boîte à outils (de la Finma) n'est pas assez grande et il faut la compléter". Sans cela, "le risque d'un nouvel effondrement (d'un établissement financier) ne peut pas être réduit", a-t-elle complété.

Face à ce constat, le gendarme des marchés financiers souhaiterait renforcer son arsenal répressif, avec notamment l'introduction d'un régime spécial pour la direction et le conseil d'administration ("senior managers regime"), la capacité de prononcer des amendes et la possibilité de communiquer régulièrement sur les enquêtes approfondies.

L'octroi de ces mesures fait actuellement l'objet d'un processus législatif, a indiqué Marlene Amstad.

Hormis ces instruments de coercition, le gendarme des marchés financiers souhaite également de nouvelles mesures en matières de fonds propres et des tests de résistance supplémentaires pour évaluer les niveaux de liquidités des banques.

"Plus une banque est grande, plus il est difficile de la surveiller"

Interrogée dans l'émission Forum, Katia Villard, professeure de droit pénal et co-directrice du Centre de droit bancaire et financier de l'Université de Genève, a confirmé que la Finma n'a pas les outils que les autorités de surveillance d'autres pays ont, notamment la possibilité de prononcer des amendes à l'encontre des établissements bancaires. Elle estime également qu'elle a un problème de transparence.

Pour le futur, la Finma devra avoir les moyens de surveiller UBS. Mais "il est sûr que plus une banque est grande, plus il est difficile de la surveiller".

>> L'interview complète dans Forum de Katia Villard, professeure de droit pénal :

La Finma critique le cadre juridique limité de la régulation bancaire suisse : interview de Katia Villard (vidéo)
La Finma critique le cadre juridique limité de la régulation bancaire suisse : interview de Katia Villard (vidéo) / Forum / 7 min. / le 19 décembre 2023

>> Revoir le sujet du 19h30 sur le rôle de la Finma :

Après la reprise de Credit Suisse par UBS, la FINMA est appelée à jouer un rôle important dans la surveillance des banques systémiques
Après la reprise de Credit Suisse par UBS, la FINMA est appelée à jouer un rôle important dans la surveillance des banques systémiques / 19h30 / 1 min. / le 1 septembre 2023

ats/boi

Publié Modifié