Dans votre télévision, dans vos téléphones, vos voitures: les semi-conducteurs sont partout. Ils font fonctionner tous les appareils électroniques modernes. Et c’est à Taïwan que 90% des puces les plus performantes au monde sont fabriquées.
Dans la capitale, à Taipei, un salon attire les industriels du monde entier, comme l'explique Pascal Viaud, PDG d’Ubik. Consultant, il aide les entreprises européennes à collaborer avec Taïwan.
"Taiwan a une place extrêmement importante dans le monde. On va trouver ici les usines qui vont permettre la fabrication du semi-conducteur, c’est-à-dire en partant de la matière première pratiquement, jusqu’à des puces que l’on va retrouver dans les composants électroniques", explique-t-il au micro du 19h30.
Craintes autour d'un conflit
Les semi-conducteurs représentent un secteur stratégique. Tous les pays en ont besoin et dépendent donc de Taïwan. Mais la Chine affirme que l’île fait partie de son territoire et multiplie les pressions militaires.
SET, une entreprise qui a ouvert un bureau à Taïwan, craint un conflit dans la région, comme l'explique Jean-Stéphane Mottet, responsable des ventes. "Le contexte géopolitique nous freine un tout petit peu. Clairement, on voit les bateaux chinois qui se promènent autour de Taïwan."
La prochaine élection présidentielle taïwanaise sera cruciale pour les relations entre Taipei et Pékin. Selon le président élu, la Chine pourrait décider d'accélérer ses plans d’unification. Une perspective redoutée par les Etats-Unis, alliés militaires de Taïwan.
"Le secteur mondial des semi-conducteurs fait face à une situation très conflictuelle. La raison, c'est le conflit militaire, économique et politique entre les Etats-Unis et la Chine. D'un côté, Taïwan doit se plier aux politiques des Etats-Unis, mais de l'autre côté, notre plus grand marché est la Chine", souligne Yiin Chii-ming, l'ancien ministre taïwanais de l’Economie.
Manque de travailleurs qualifiés
Des dissensions géopolitiques, alors que l’industrie taïwanaise est frappée par d’autres problèmes, comme le manque de travailleurs qualifiés.
Pour y faire face, le gouvernement et les industriels tentent d’accélérer la formation des talents. A l'Université Tsing Hua, un laboratoire de recherche en semi-conducteurs a été financé pour les étudiants. "Taïwan a consacré beaucoup d'efforts et d'argent sur la formation de ses talents. Et notre université elle-même investit beaucoup d'argent", confirme Dr Chen Sun-Zen, professeur à l'Université Tsing Hua.
Pour acquérir les machines nécessaires pour faire fonctionner son laboratoire de recherche, l'université a déboursé pas moins de 20 millions de francs. "Taïwan a besoin de continuer à développer son industrie des semi-conducteurs, c'est sa bouée de sauvetage économique", témoigne Lin Chun-Jung, étudiante à l'Université Tsing Hua.
Main d'œuvre, tensions avec la Chine, protection du savoir-faire, plusieurs défis attendent le prochain président. Avec un but: garder le leadership mondial des semi-conducteurs.
Lucie Barbazanges/fgn