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Avant le WEF, des ONG dénoncent l'accroissement spectaculaire des inégalités économiques

À la veille du WEF, des ONG dénoncent l'accroissement spectaculaire des inégalités économiques [Reuters - Simon Dawson]
Oxfam dénonce l'enrichissement des milliardaires / La Matinale / 1 min. / le 15 janvier 2024
Juste avant l'ouverture du Forum économique mondial (WEF), Oxfam a publié un rapport qui dénonce l'accroissement des inégalités mondiales sur les trois dernières années. L'ONG Solidar suisse exige elle une imposition supplémentaire des grandes fortunes.

Depuis 2020, la fortune des cinq hommes les plus riches au monde est passée de 405 à 869 milliards de dollars, dénonce Oxfam avant la réunion annuelle du WEF à Davos (GR). Cela représente un gain de 14 millions de dollars chaque heure.

Les avoirs de tous les milliardaires ont augmenté de 3300 milliards de dollars à la faveur de leur participation au capital de multinationales, dont les cours boursiers s'envolent. Or, dans le même laps de temps, le patrimoine et les revenus cumulés de cinq milliards de personnes sur terre ont reculé, explique Oxfam dans son rapport.

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"En faisant pression sur les travailleurs et les travailleuses avec des salaires qui augmentent moins vite que l'inflation, en évitant l'impôt, en privatisant l'Etat et en participant grandement au réchauffement climatique, les grandes entreprises creusent les inégalités", résume l'organisation internationale.

Une "guerre fiscale" menée par les riches

La réunion du WEF verra se mêler toute la semaine plus de 800 chefs ou cheffes d'entreprises et 60 dirigeants et dirigeantes politiques à l'occasion de conférences et de rencontres informelles. C'est justement ce mélange entre les intérêts publics et privés que critique Oxfam: "Les entreprises et leurs riches propriétaires entretiennent les inégalités en menant une guerre fiscale soutenue et très efficace", martèle-t-elle, citant les "hordes de lobbyistes" et les "retombées mirobolantes" qui en découlent.

Depuis 1980, l'impôt sur les sociétés a ainsi été divisé par plus de deux au sein des pays de l'OCDE, pour tomber à 23,1% en 2022, illustre Oxfam.

En parallèle, l'ONG Solidar Suisse (active dans la coopération au développement et l'aide humanitaire) a publié lundi un communiqué dans lequel elle exhorte les gouvernement à agir pour endiguer cet accroissement des inégalités entre les ultra-riches et le reste de la société. Selon elle, "ces inégalités sociales écorchent les sociétés, sapent la démocratie, renforcent les discriminations de genre et raciales et transforment le changement climatique en catastrophe."

Taxer 0,9% de la population suisse

Et l'organisation propose des mesures concrètes: une taxe de 2% pour les fortunes de plus de cinq millions de dollars, de 3% pour les fortunes de plus de 50 millions de dollars et de 5% les fortunes dépassant un milliard de dollars.

En Suisse, cette taxe ne concernerait qu'environ 76'700 personnes, soit moins de 1% de la population du pays. En revanche, elle rapporterait annuellement quelque 41,7 milliards de dollars (environ 35,5 milliards de francs), estime l'ONG. Un montant qui pourrait être investi pour le climat, l'éducation et la redistribution, propose-t-elle encore.

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Pour Solidar Suisse, le fossé qui se creuse entre quelques super-riches et les pauvres "est alimenté par les multinationales et leurs propriétaires milliardaires". Oxfam et Solidar Suisse appellent ainsi les gouvernements à "briser les monopoles des entreprises, mettre en place des règles pour les multinationales, endiguer les abus en introduisant un devoir de diligence en matière de droits humains et augmenter les impôts sur les très grandes fortunes".

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>> L'interview complète de Cécile Duflot dans La Matinale :

L'invitée de La Matinale (vidéo) - Cécile Duflot, présidente de l’ONG Oxfam France
L'invitée de La Matinale (vidéo) - Cécile Duflot, présidente de l’ONG Oxfam France / L'invité-e de La Matinale (en vidéo) / 28 min. / le 15 janvier 2024

ats/jop

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Le FMI s'inquiète des dépenses potentielles des Etats

La directrice générale du Fonds monétaire international (FMI) a alerté dimanche sur le risque de "dérapage budgétaire" dans les nombreux pays concernés cette année par des élections.

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"Près de 80 pays vont avoir des élections et l'on sait ce qu'il se passe, la pression qui existe pour dépenser durant les cycles électoraux", a estimé Kristalina Georgieva. Or, d'après elle, "les pays ont besoin de reconstituer leurs coussins budgétaires et gérer la dette qui s'est accumulée" depuis la pandémie de Covid-19, pour "être prêts face aux incertitudes qui arriveront".

Pression sur les pays pauvres

D'après la Bulgare, l'économie mondiale "s'est montrée plus solide qu'attendu en 2023 et cela a permis aux Etats de faire des économies". Mais elle estime que "l'effort doit se poursuivre". Saluant la politique monétaire des banques centrales, elle a jugé qu'il était "également important de ne pas avoir une politique budgétaire" allant dans une direction différente.

Une "nécessité" également dans la mesure où la dette de l'ensemble des pays a fortement augmenté, créant une pression sur les pays pauvres ou "émergents" Le coût annuel du remboursement de la dette a augmenté partout, prévient-elle, précisant qu'elle reste toutefois "gérable" dans de nombreux pays qui "ont eu la sagesse de modifier la structure de leur dette".

Le FMI "travaille pour aider les pays à trouver quelles sont les meilleures mesures à conserver", poursuit la directrice de l'institution qui a parfois été critiquée pour sa manière d'imposer des recettes budgétaires d'austérité à certains pays en crise, en Grèce, en Amérique du Sud ou encore en Asie du sud-est.