Après le dry january et la cure amincissante, le "home detox" pour bien commencer l'année

"Je me sens encombrée. J'ai l'impression que ça me dépasse, parce qu'il y en a trop partout et je ne gère plus. Les objets ne font que de s'accumuler et on ne sait même plus ce qu'il y a dans les piles. Finalement, ce sont eux qui nous possèdent", souffle Agni au 19h30 de la RTS.

Pour cette future maman, l'arrivée prochaine d'un nouveau membre dans la famille était enfin l'occasion de trier et réaménager son intérieur. Aidée par les conseils de la papesse japonaise du rangement Marie Kondo, à travers son livre à succès "La magie du rangement", elle a d'abord essayé de s'en sortir seule. "Chaque fois que je me lançais, je travaillais 20 minutes, puis ça devenait vite fatiguant. Et on ne va pas jusqu'au bout. Je me suis sentie dépassée par le volume des objets qui traînaient partout."

Agni décide alors de faire appel à une professionnelle. Pour 2500 francs, Marieke Staub va aider la jeune femme à ranger son appartement. La cofondatrice de Clarity Home Detox, l'admet: désencombrer son logement est "un processus qui prend du temps, de l'énergie et qui demande énormément de concentration".

Défier la peur de l'avenir

Un engagement qui vaut la peine, estime la consultante. Car selon elle, le rangement permet d'opérer un changement profond et transforme la vision que l'on peut avoir de son intérieur. "Il est important de sortir des conventions et de ce que la société nous dit qu'il faut avoir. Toutes les cuisines ne doivent pas obligatoirement avoir un grille-pain, si vous n'aimez pas le pain grillé. Et toutes les femmes ne doivent pas forcément posséder une robe noire si vous ne portez pas de robe", cite-t-elle en exemple.

Difficile d'établir un profil type des gens qui accumulent trop d'objets. Mais une tendance, que dessine tout de même Marieke Staub: "On va souvent garder les choses par peur du futur. Car on ne sait jamais, ça pourrait peut-être servir, juste au cas où." Jusqu'à ne plus savoir ce qui se trouve dans les piles. Et se noyer dans son désordre.

Les adeptes du minimalisme

"Less is more", selon la devise, qui prétend vivre mieux avec moins. Un concept minimaliste, qui fait de plus en plus d'adeptes et qui crée des vocations chez des professionnels pour les accompagner. Depuis la sortie du livre de Marie Kondo, sa méthode de rangement appelée Kon-Mari, sert de modèle. Cette Nippone, qui a emménagé aux Etats-Unis, a fait des petits, puisqu'elle enseigne l'art du rangement à des consultantes en Home Detox venues du monde entier.

En Suisse, une quinzaine de spécialistes ont fait le voyage à New York pour transmettre ce savoir oriental aux Helvètes. Marieke Staub et sa soeur jumelle Eliette ont fait partie, en 2016, des premières consultantes certifiées d'Europe. Aujourd'hui, elles offrent leur service pour 100 francs de l'heure et conseillent aussi bien les particuliers que les entreprises.

Transformer la manière de consommer

Coachée par sa consultante, Agni a déjà trié plusieurs pièces de son appartement et en ressent déjà les effets: "C'est un véritable bien-être. Pour moi, c'est un travail thérapeutique, qui m'a non seulement permis de faire du tri à la maison, mais aussi dans mes relations et dans le monde professionnel".

Et le changement serait durable, car il permettrait aussi de transformer notre manière de consommer. "On va développer plein de critères, qui font qu'on arrive aisément à se dire qu'un objet aura sa place à la maison et qu'un autre ne rentrera pas", assure Marieke Staub.

Une mise à jour

Au final, Agni aura jeté non seulement des affaires usées, cassées, mais aussi des affaires dont elle ne se servait plus, voire des habits qu'elle n'a jamais mis. Autant d'accessoires qui n'avaient plus leur place dans cette nouvelle organisation. Car Agni, dit-elle, n'est plus la même personne qui avait acheté ces objets un ou deux ans auparavant. Aujourd'hui, elle dit avoir effectué une "mise à jour".

Pour éviter d'envoyer des tonnes d'objets à la poubelle, les soeurs Staub fournissent sur leur site un guide de la donation. "Très souvent, malheureusement, l'objet doit terminer à la déchèterie. Mais c'est également intéressant, dans le processus, de voir que certains objets ne peuvent pas avoir une deuxième vie. Cela entraîne une prise de conscience sur notre manière de consommer", souligne Marieke Staub.

Réduit le stress et améliore la concentration

La psychologue Laetitia Carboni reconnaît les bienfaits du rangement. Car le désordre, dans une maison, peut avoir des conséquences néfastes. A commencer par la difficulté de concentration, surtout chez les personnes qui souffrent de troubles de déficit de l'attention. Considéré comme le mal du siècle, il touche 5 à 7% des enfants en Suisse. Aux Etats-Unis, ce sont même 40% des enfants qui sont diagnostiqués avec ce trouble.

D'autres effets délétères trouvent aussi leur source dans le désordre, comme l'isolation sociale. Certaines personnes auraient trop honte d'inviter des gens à la maison.

Ranger réduirait aussi le stress: "On conseille souvent de faire du tri et du rangement aux personnes qui font face à une situation d'anxiété. Car les personnes qui sont angoissées sont souvent trop dans l'avenir, dans l'anticipation. Ranger leur permet de revenir dans le moment présent".

Maîtriser son environnement

Selon Laetitia Carboni, l'accumulation compulsive serait davantage présente chez les plus de 55 ans, ainsi que dans les catégories socio-économique moyenne, voire basse: "Il y a peut-être un côté rassurant de se dire: plus j'accumule d'objets, plus j'accumule de la richesse. Mais pour les personnes âgées, chaque objet représente un souvenir, souvent d'une personne qui n'est plus là".

Quelles que soient les raisons qui poussent à accumuler, il est important de se sentir en harmonie chez soi. Et cela passe souvent par le tri. Pour la psychologue, vider son intérieur serait donc source de liberté et de confiance. "Cela aura un impact sur la sensation de maîtrise, de contrôle et d'auto-accomplissement, de se dire que si l'on est capable de maîtriser son environnement, on sera davantage capable de se maîtriser soi-même."

Charlotte Onfroy-Barrier et Feriel Mestiri