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Valérie Dittli: "La BNS devrait peut-être distribuer moins mais de manière plus stable"

Plusieurs cantons veulent renégocier leur accord avec la Banque nationale suisse: interview de Valérie Dittli
Plusieurs cantons veulent renégocier leur accord avec la Banque nationale suisse: interview de Valérie Dittli / Forum / 5 min. / le 19 janvier 2024
Pour la deuxième année consécutive, cantons et Confédération devront faire une croix sur la contribution de la Banque nationale suisse (BNS). "Ça commence à être un peu compliqué", lance Valérie Dittli. Avec d'autres ministres des Finances, elle appelle à renégocier l'accord en vigueur.

Davantage de "stabilité": c'est le message martelé par Valérie Dittli, conseillère d'Etat vaudoise en charge des Finances et de l'Agriculture, vendredi dans l'émission Forum.

En effet, la Banque nationale suisse (BNS) a bouclé l'exercice 2023 sur une perte d'environ 3 milliards de francs, et, comme l'année dernière, ne versera donc pas une partie de ses bénéfices aux collectivités publiques.

Mais l'Etat de Vaud avait prévu un versement de 125 millions de francs de la part de la BNS dans son budget 2024.

Des versements pérennes

Si l'annonce de la BNS la semaine dernière n'a pas surpris Valérie Dittli, elle relève que vivre la même situation deux années de suite, cela "commence à être compliqué".

Ce n'est pas tant le montant que la pérennité des versements qui inquiète. Par le passé, l'argent distribué par la BNS tombait presque avec la régularité d'un métronome.

En 2020, puis 2021, la banque centrale avait même reversé le maximum possible, soit 6 milliards de francs à la Confédération et aux cantons. Mais en 2022, elle essuie une perte abyssale de 132,5 milliards de francs.

Quelles solutions à l'avenir?

Dans le cas du canton de Vaud, Valérie Dittli note qu'une solution sera peut-être de discuter avec le Conseil d'Etat et de ne plus budgéter le moindre versement.

Une autre option serait, selon elle, de "renégocier" une nouvelle convention avec la BNS. Celle qui est actuellement en vigueur porte sur les exercices 2020 à 2025.

La grande argentière aimerait ainsi favoriser une approche avec "davantage de stabilité", quitte à ce que "la BNS distribue un peu moins" pour chaque exercice. Un avis partagé par le gouvernement jurassien.

"L'objectif de stabilité des versements prévu dans la convention n'est pas atteint. Nous ne pouvons que le regretter, car cela nous met dans une situation financière extrêmement délicate", a déclaré la ministre jurassienne des finances, Rosalie Beuret Siess, dans Le Temps.

Une réserve qui ne fonctionne pas

Pourtant, le système en vigueur prévoit "une réserve pour lisser les distributions de résultats", détaillait Laurent Kurth, conseiller d'Etat neuchâtelois en charge des finances, le 9 janvier dernier à la RTS. Une réserve qui n'a pas rempli sa fonction, puisqu'elle a servi avant tout à "éponger les pertes".

Malgré leur volonté affichée de changement, les cantons latins doivent encore convaincre les alémaniques. "On n'est pas sûr qu'ils soient alignés", précise Valérie Dittli. Pour eux, l'indépendance de la BNS reste primordiale.

La conseillère d'Etat juge aussi qu'il est "important de ne pas intervenir dans la politique monétaire" de la banque.

"Mais les cantons suisses alémaniques (...) souhaitent aussi la stabilité", assure Valérie Dittli. "C'est le point important, la stabilité".

Propos recueillis par Renaud Malik

Adaptation web: doe

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