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Les nouveaux pouvoirs des employés

basik - Employés prenez le pouvoir! [RTS]
Employés prenez le pouvoir ! / basik / 26 min. / le 22 janvier 2024
Avec toute une génération de baby boomers qui part à la retraite, la pénurie de main-d'œuvre qui s’aggrave, la digitalisation de la société et l’intelligence artificielle qui envahissent notre quotidien, le monde du travail est en plein bouleversement. Au-delà des conséquences pour l’économie, ces changements peuvent amener de nouvelles opportunités pour les employés.

Le rapport de force entre employeurs et employés est en train de s'inverser. Selon Alain Salamin, expert en ressources humaines, les employés et les personnes à la recherche d'un emploi ont de plus en plus de pouvoir.

"Pendant quasiment soixante ans, on était dans une situation où l'employé était content de trouver du travail. Là, on bascule dans une logique où c'est l'employeur qui peut être content s'il a trouvé un candidat avec les compétences qui lui conviennent", explique-t-il lundi dans l'émission Basik de la RTS.

En Suisse, ce ne sont plus seulement les domaines de la santé, de l'informatique et de l'ingénierie qui peinent à recruter du personnel qualifié. Aujourd'hui, pratiquement tous les secteurs d'activité sont touchés.

Obtenir un meilleur salaire?

Cette situation permet aux employés et futurs employés d'être plus exigeants sur leurs conditions de travail. On pense bien entendu à la question du salaire. En effet, dans un marché tendu, les salaires ont tendance à augmenter. On pourrait logiquement demander plus.

Cela me semble important, quand on veut pouvoir négocier son salaire et voir ce que l’on vaut sur le marché. Il y a des outils, des bases de données qui vous donnent des informations

Laurence Levy, coach et formatrice

Pourtant, cette question reste encore taboue en Suisse. Laurence Levy est coach et formatrice. Avant toute négociation, elle recommande de se renseigner sur la rémunération à laquelle on peut prétendre. "Cela me semble important, quand on veut pouvoir négocier son salaire et voir ce que l'on vaut sur le marché. Il y a des outils, des bases de données qui vous donnent des informations."

Pour définir ses prétentions salariales, on peut consulter des calculateurs de salaire comme celui de l'Union syndicale suisse, un outil réputé fiable. À défaut d'obtenir une grosse rémunération, on pourra au moins prétendre être payé au "juste salaire".

L'importance de la formation continue

Plus de pouvoir face aux employeurs implique pour les employés de s'investir. Avec la digitalisation de la société et l'intelligence artificielle qui envahissent le monde du travail, se former tout au long de sa carrière pour rester à niveau devient plus important que jamais.

Les offres de formations continues connaissent un succès grandissant, comme dans le centre dédié de l'UNIL-EPFL qui forme, chaque année, plus de 4000 étudiantes et étudiants dans quelque 270 spécialités.

Avec un nouveau diplôme en poche, les possibilités d'évoluer vers un meilleur job peuvent se concrétiser rapidement. Grâce aux réseaux et aux plateformes comme Linkedin, c'est même l'employeur qui contacte des profils qui l'intéressent. Selon l'expert Alain Salamin, "en 2023 en Suisse, on a eu plus de personnes recrutées qui étaient passives, qui ne cherchaient pas d'emploi, que de personnes qui cherchaient un emploi".

Des conditions de travail idéales

Depuis l'expérience de la pandémie, les conditions de travail sont, pour de nombreux employés, tout aussi importantes que le salaire. La flexibilité du temps de travail, le télétravail, avoir du temps pour soi, aujourd'hui, ce sont des demandes que les employeurs ne peuvent pas ignorer.

Chez Infomaniak, à Genève, société spécialisée dans les services informatiques, on essaie de se démarquer de la concurrence en offrant un cadre de travail agréable, des bureaux à la décoration très originale, mais surtout en proposant une organisation du temps de travail flexible.

La flexibilité et l’équilibre professionnel, pour moi, c’est un très gros point. Maintenant, je peux partir à 15 heures, il n’y a aucun souci

Charbel Naoum, développeur

C'est pour toutes ces raisons que Charbel Naoum, développeur, a rejoint la société genevoise après avoir travaillé à Paris auprès d'un grand groupe du CAC40. "La flexibilité et l'équilibre professionnel, pour moi, c'est un très gros point. Maintenant, je peux partir à 15 heures, il n'y a aucun souci, j'ai une flexibilité entre ma vie pro et personnelle qui est vraiment au top."

Le nouveau rapport de force en faveur des employés gagne du terrain. C'est donc le moment ou jamais d'en profiter. En demandant un salaire juste, en se formant pour rester compétent et en n'oubliant pas qu'un job idéal, c'est d'abord de bonnes conditions de travail.

Claire Braillard/miro

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