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Franc fort: l’entreprise valaisanne Steiger va produire ses machines pour l’habillement en Chine

L'industrie d'exportation souffre du franc fort. Exemple, Steiger va produire ses machines à tricoter pour l’habillement en Chine.
L'industrie d'exportation souffre du franc fort. Exemple, Steiger va produire ses machines à tricoter en Chine. / 19h30 / 2 min. / le 23 janvier 2024
La force du franc pèse de plus en plus sur l'industrie suisse d'exportation. Certaines entreprises choisissent de délocaliser leur production pour conserver leurs marges, car produire en Suisse pour vendre à l'étranger est de moins en moins rentable. Exemple avec l'entreprise Steiger, en Valais.

Depuis 60 ans, l'entreprise Steiger Participations SA produit ses machines à tricoter à Vionnaz, en Valais. Des engins de pointe, les plus complexes du marché dans le domaine de l'habillement, qui peuvent tricoter jusqu'à 32 fils simultanément.

Mais d'ici quelques mois, toutes les machines destinées au secteur de l'habillement, même les modèles haut de gamme, seront produites en Chine, révèle mardi le 19h30 de la RTS. Et ce malgré les efforts de son patron pour l'éviter, notamment en se fournissant toujours moins cher.

"On a d'abord négocié avec nos fournisseurs locaux. On a réussi à économiser environ 9%, mais ce n'était pas suffisant. Donc on a dû aller vers nos fournisseurs européens, puis vers la Chine. Mais au final, on a dû décider de faire produire les machines directement dans notre usine en Chine", explique-t-il.

Chute des marges à la vente

Car produire en Suisse et vendre à l'étranger est de moins en moins rentable en raison des fluctuations des taux de change. Ainsi, si une machine se vend 60'000 euros, cela correspondait à plus de 100'000 francs suisses en 2007, contre seulement 56'000 francs à la fin 2023.

En 2012, Steiger avait déjà supprimé près de la moitié de ses emplois, justifiant cette décision par une chute de la demande aggravée par le franc fort.

>> Lire : Steiger Participations supprime près de la moitié de ses postes à Vionnaz (VS)

Toute l'industrie touchée

La force du franc fait ainsi disparaître les marges et Steiger n'est malheureusement pas un cas isolé. Toute l'industrie souffre, souligne François Gabella, vice-président de l'Association de l'industrie suisse des machines et équipements (Swissmem).

"On voit déjà un certain nombre de signes de ralentissement des entreprises, comme le chômage partiel qui commence à se voir çà et là", décrit-il.

Steiger va continuer à produire en Valais des machines à tricoter haut de gamme pour le secteur médical et l'aéronautique. Ces deux domaines sont attendus en croissance dans les prochaines années, ce qui "compenserait la diminution du volume dans le domaine de l'habillement", espère son directeur.

Mais face à la force du franc, produire en Suisse tout en préservant ses bénéfices constitue un écheveau toujours plus difficile à démêler pour l'industrie d'exportation.

Nicolas Rossé/jop

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