Rolex a ouvert un centre de recrutement à Bulle (FR) en décembre dernier. Le groupe horloger genevois vise un déploiement dans la région pour aboutir à la création de 2000 emplois dans le chef-lieu gruérien en 2029.
Côté pile, l'implantation de Rolex offrira de nouvelles opportunités d'affaires pour les entreprises régionales. Côté face, ces mêmes entreprises craignent déjà la concurrence sur la main d'oeuvre, difficile à attirer, sinon à conserver.
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Des conditions sociales défiant toute concurrence
Le directeur de Berset Mécanique SA, Gérald Berset, est installé dans la région depuis 25 ans. Pour lui, l'arrivée annoncée de Rolex représente assurément une concurrence préoccupante. Il n'est pas horloger, mais dans cette entreprise de mécanique de précision, une vingtaine de polymécaniciens pourraient intéresser l'horloger genevois. Parmi eux, des apprentis.
Or, dans le district de la Gruyère, il devient de plus en plus difficile de trouver des jeunes intéressés par la polymécanique. Avec les conditions sociales attractives de Rolex, Gérald Berset redoute de ne plus faire le poids.
"J'ai entendu que l'on parlait de sept semaines de vacances chez Rolex pour les collaborateurs. Soit 35 jours. Chez nous, nous pouvons en offrir 23 à 25. C'est l'une des conditions sociales qui peut faire la différence", craint le directeur.
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D'autres atouts
Le directeur de Berset Mécanique SA estime néanmoins avoir d'autres atouts dans sa manche, comme une plus grande flexibilité, ainsi qu'un travail réalisé de A à Z, du dessin à la machine. "Chez Rolex, je peux imaginer que le travail est plus rigide."
Et de compter aussi sur le capital sympathie de la petite entreprise gruérienne: "Ici, nous sommes une petite famille où tout le monde se connaît, on a des sorties régulières. Cela peut être un argument pour garder les gens chez nous".
Profils techniques et administratifs recherchés
C'est au premier étage du bâtiment de la gare de Bulle que Rolex a ouvert son centre de recrutement, dans l'immédiat pour les sites provisoires de Villaz-St-Pierre et Romont, et pour Bulle dès 2029.
"Nos recherches à court terme vont porter en priorité sur des profils techniques et administratifs. Nous allons prioriser la main d'oeuvre locale", précise Rolex, par écrit.
Un risque et des opportunités
Ce type de profils, il y en a justement chez Sottas SA, entreprise voisine de la future succursale bulloise de Rolex. Quelque 500 employés, que la directrice des ressources humaines Caroline Favey espère bien garder.
"Il y a bien sûr un potentiel risque de départ pour ces personnes-là. Cela nous pousse encore davantage à rester attractifs pour nos futurs collaborateurs, mais surtout pour nos collaborateurs actuels."
Ici aussi, on n'hésite pas à mettre en avant le caractère familial de l'entreprise, l'ambiance, ou encore les fameux vendredis après-midi de congé: "Oui, nous sommes confiants".
Et l'appréhension est aussi teintée d'opportunité pour cette entreprise qui compte une cinquantaine de métiers: "L'arrivée d'un grand acteur peut clairement amener des synergies ou certains partenariats. C'est un aspect positif", souligne Caroline Favey.
Assurer un avenir pour les jeunes
Pour le préfet de la Gruyère, l'arrivée d'une multinationale est une opportunité inespérée qui va profiter à toute la région: "Plus les entreprises seront attractives et plus les gens voudront venir s'établir en Gruyère", estime Vincent Bosson.
Selon lui, la démographie galopante de la région ainsi que le nombre de jeunes en suffisance offre aux entreprises une opportunité de les orienter vers ces métiers: "Ces professions ont un avenir déjà actuellement en Gruyère, mais elles en auront encore plus avec Rolex".
Sujet TV: Clémence Vonlanthen
Réalisation web: Feriel Mestiri