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Résidences secondaires et lits froids, le défi permanent des stations valaisannes

fokus : chers lits froids
fokus : chers lits froids / basik / 11 min. / le 29 janvier 2024
Peu occupées ou exploitées par leurs propriétaires, les résidences secondaires sont un défi de taille en Valais. Les communes déploient des efforts pour financer des infrastructures surdimensionnées et maintenir la vie locale, et tentent aussi de réchauffer ces "lits froids". Dans cette quête de lits chauds, de nouveaux acteurs touristiques émergent.

À Morgins, beaucoup de volets sont fermés pendant l'intersaison. Ce n'est pas étonnant: dans la station de ski de la commune de Troistorrents, près d'un logement sur deux est une résidence secondaire. Ainsi, en période de fêtes, entre les résidents secondaires et les clients des hôtels, la commune voit sa population doubler.

Elle doit donc surdimensionner ses infrastructures. "Cela affecte tous nos réseaux, que ce soit la distribution en eau potable, l'évacuation des eaux usées ou encore la gestion des déchets", explique Corinne Cipolla, la présidente de la commune de Troistorrents, lundi dans l'émission Basik. Les propriétaires de résidences secondaires sont pourtant essentiels aux finances communales: ils représentent 8% de la masse des impôts.

Mais en plus d'augmenter les prix du foncier, ces logements vides peuvent peser lourd sur la vie locale. Le taux d'occupation moyen des résidences secondaires en stations est de 30 jours. "Il ne faudrait pas que Morgins devienne un village mort et qu'il n'y ait plus du tout d'animation, plus du tout de vie. Aujourd'hui, ce n'est pas le cas, on a la chance d'avoir encore une école. Chacun doit y mettre du sien", expose-t-elle.

Des incitations pour louer ses résidences

A Anzère, la problématique est la même: hors saison, les lits des immeubles de la place centrale restent froids. Pour tenter de les réchauffer, commune et Office du tourisme se mobilisent avec une série d'incitations financières.

"Si le résident secondaire met en location occasionnellement son bien, il peut conserver la taxe séjour qu'il encaisse auprès des locataires. C'est une petite carotte pour encourager la location", détaille la directrice d'Anzère Tourisme Stephanie Dijkman.

Les propriétaires de résidences secondaires bénéficient également du pass Anzère Liberté, qui comprend une série d'activités gratuites ou à des tarifs réduits entre mai et octobre. Des avantages qu'ils financent en partie par le biais d'une taxe forfaitaire payée à la commune, calculée en fonction de la taille du logement et son taux d'occupation moyen, qui est ensuite gérée par l'Office du tourisme.

Pas de besoin financier

Parmi les quelque 98'000 résidences secondaires que compte le Valais, seules 13% sont ainsi "commercialisées". Principalement parce que les propriétaires sont suffisamment riches pour pouvoir payer eux-mêmes les charges de leurs résidences secondaires, souligne Christophe Clivaz, professeur à l’Institut de géographie et de durabilité de l'Université de Lausanne.

"Un grand frein, c'est l'attachement affectif ou le souci que peuvent avoir les propriétaires face à l'idée que des étrangers viennent chez eux", poursuit-il. Et puis, "on est dans une situation juridique où le propriétaire privé fait ce qu'il veut avec son logement. Il peut venir, il peut aussi décider de ne pas venir du tout, ça existe aussi."

La facture peut pourtant s'avérer salée pour ces propriétaires. "On a les impôts, les taxes. On a également des frais fixes annuels, d'autres qui se calculent peut-être tous les 10 ans. Et il y a tout ce qu'on dépense ici. On a une hypothèque sur le chalet qui est de 9000 francs", témoigne un propriétaire d'une résidence secondaire à Anzère. En comptant tous les frais de sa propriété, il arrive à un total de 35'000 francs de charges par année. Il estime ainsi donner suffisamment d'argent à la commune et venir trop souvent pour louer son logement.

Offrir des alternatives aux riches touristes

Pour lutter contre ces lits froids, Swisspeak Resorts, une chaîne de résidence hôtelière basée à Sion, propose un modèle hybride entre appartements et hôtels. Ses complexes résidentiels proposent de petits appartements équipés notamment d'une cuisine, mais aussi toute une série d'infrastructures, comme des salles de jeu ou de sport.

À Zinal, la résidence du groupe comprend 93 appartements répartis dans six bâtiments pour un total de 500 lits. "On calcule environ 180 à 200 nuitées en moyenne par appartement, ce qui est extrêmement conséquent en comparaison d'une résidence secondaire", se félicite son directeur Sébastien Travelletti. Et avec un taux d'occupation de 60% sur l'année, ces "lits tièdes" promettent aussi des retombées économiques pour les communes.

Au total, quatre complexes ont été construits dans les Alpes et d'autres sont en projet. Car si la Lex Weber empêche toute nouvelle construction dans les communes avec plus de 20% de résidences secondaires, elle n'interdit pas l'édification de résidences hôtelières.

Jeanne Gerbault/jop

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