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Voie royale pour Boeing grâce à l'armée américaine

Mauvaise pour Louis Gallois, le patron d'EADS.
Mauvaise pour Louis Gallois, le patron d'EADS.
L'Europe accuse Washington de protectionnisme au lendemain du retrait d'EADS de la course à un méga-contrat d'avions ravitailleurs aux Etats-Unis. Bruxelles menace Washington d'une éventuelle action à l'OMC. Le groupe européen annonce quant à lui une forte perte en 2009.

La publication des résultats d'EADS (voir ci-contre) est intervenue quelques
heures après qu'EADS et son partenaire américain Northrop Grumman
ont annoncé qu'ils ne répondraient pas à l'appel d'offres du
Pentagone pour la fourniture d'avions ravitailleurs. L'américain
Boeing devrait ainsi rester seul en lice.

"Manifestement, la pression politique a été telle qu'on a fait
un appel d'offres sur mesure pour Boeing", a regretté mardi le
ministre allemand de l'Economie. "Tout particulièrement pendant la
crise, les plus petits signes de protectionnisme sont
dommageables", a dénoncé Rainer Brüderle.

La Commission européenne a également jugé "hautement regrettable
qu'un fournisseur potentiel majeur se sente incapable de présenter
sa candidature pour un contrat de ce type". Bruxelles a prévenu
qu'elle "serait extrêmement inquiète s'il apparaissait que les
termes de l'appel d'offres étaient de nature à empêcher une
concurrence ouverte pour le contrat".

Un dossier très sensible

La Commission représente l'UE sur les dossiers commerciaux et
peut par exemple saisir en son nom l'Organisation mondiale du
commerce (OMC). Une menace évoquée tant à Paris qu'à Berlin. Le
ministère français des Affaires étrangères a mis en garde
Washington contre de "possibles implications". Rainer Brüderle
entend quant à lui suivre l'affaire "au niveau de l'OMC".



La fourniture de 179 avions ravitailleurs à l'armée américaine est
un contrat évalué à 35 milliards de dollars, qui pèserait lourd
dans la balance commerciale entre Européens et Américains. Dans le
domaine de la Défense, celle-ci est traditionnellement favorable
aux Etats-Unis qui exportent deux fois plus de matériel militaire
vers l'Europe qu'ils n'en importent (5 milliards de dollars contre
2,2 milliards en 2008).



Signe de son caractère très sensible, le contrat a déjà fait
l'objet de deux appels d'offres. Il a été attribué une première
fois à Boeing en 2003, une deuxième à Airbus et son allié américain
Northrop Grumman en 2008. Chaque fois, le contrat a été annulé.
Northrop Grumman a cette fois jeté l'éponge en mettant en cause "la
structure de l'appel d'offres", qui privilégie Boeing.

Désillusion en Europe

L'appel offres est "biaisé en faveur de l'avion plus petit et
moins performant de la concurrence", a accusé Thomas Enders, le
patron d'Airbus qui ne compte pas y aller sans son partenaire
américain. "Il ne s'agit plus ici de la recherche du meilleur
avion, et plus non plus de concurrence loyale", a-t-il
dénoncé.



Les craintes d'un protectionnisme américain sur le dossier ne sont
pas nouvelles. Dès décembre, plusieurs chefs de gouvernement
européens avaient écrit à Barack Obama pour réclamer un appel
d'offres équitable, mais "le président américain n'a même pas jugé
bon de répondre", selon une source citée mardi par le quotidien
Financial Times Deutschland.



Washington a affirmé qu'Airbus et Boeing "pouvaient être en
véritable concurrence" avec l'appel d'offres actuel. Mais l'Europe
ne se fait plus d'illusions. La victoire de Northrop Grumman et
EADS en 2008 "était un signe positif pour une concurrence libre et
ouverte entre les deux côtés de l'Atlantique", a regretté
Bruxelles.



afp/dk

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Lourde perte en 2009 pour l'européen EADS

EADS a fait état mardi d'une lourde perte de 763 millions d'euros (1,12 milliard de francs) pour 2009, en raison de provisions importantes traduisant les difficultés de deux de ses programmes majeurs, l'avion militaire A400M et l'Airbus A380. Le groupe européen d'aéronautique et de défense avait réalisé un bénéfice de 1,57 milliard d'euros en 2008.

Ce n'est pas la première fois qu'EADS est dans le rouge. Il avait déjà essuyé une perte en 2007, en partie à cause de l'A400M. L'an dernier, le groupe a dû faire face comme prévu à une nouvelle provision de 1,8 milliard d'euros en raison des surcoûts liés à l'A400M, dont la répartition a fait l'objet d'un accord vendredi avec les pays clients. Elle s'ajoute à 2,4 milliards de provisions sur les exercices passés pour ce programme qui accuse plus de trois ans de retard.

Les résultats de sa principale filiale Airbus ont aussi été pénalisés par une charge de 240 millions d'euros sur le très gros porteur A380, dont la montée en cadence est plus complexe que prévu. En raison de ces pertes, EADS ne versera pas de dividende à ses actionnaires cette année.

Pour 2010, il attend un chiffre d'affaires "globalement stable" après 42,8 milliards en 2009, car la conjoncture économique est "certes en voie d'amélioration, mais encore volatile". L'avionneur confirme attendre entre 250 et 300 commandes brutes d'avions cette année et prévoit de livrer "au maximum" le même nombre d'appareils qu'en 2009, année record avec 498 livraisons.