Publié

Accord européen pour soutenir la Grèce

Georges Papandréou, au centre, est encadré par le couple franco-allemand qui a pu débloquer la crise.
Georges Papandréou, au centre, est encadré par le couple franco-allemand qui a pu débloquer la crise.
Les dirigeants de l'UE sont parvenus jeudi soir après d'âpres tractations à un accord sur un plan d'aide à la Grèce financé par la zone euro et le FMI. Un tel mécanisme est inédit depuis le lancement de la monnaie commune il y a onze ans.

"Nous avons résolu le problème à l'intérieur de la famille
européenne avec la participation du FMI (...) cela offre un solide
filet de sécurité à la Grèce", a déclaré le président de la
Commission européenne, José Manuel Barroso, à l'issue d'un sommet
des chefs d'Etat et de gouvernement à Bruxelles.



Le président de l'UE Herman Van Rompuy a lui indiqué qu'il
s'agissait de rassurer les marchés financiers en leur montrant que
"la zone euro ne laisserait jamais tomber la Grèce".

Déblocage franco-allemand

Après des
semaines de divergences entre pays européens sur l'opportunité
d'aider la Grèce et sur les modalités d'un éventuel soutien, la
France et l'Allemagne ont débloqué la situation dans la journée
lors d'une rencontre entre le président Nicolas Sarkozy et la
chancelière Angela Merkel.



Le mécanisme d'aide agréé est un dispositif de prêts que la Grèce
pourra utiliser "en dernier recours" si elle ne parvenait plus à
emprunter à des taux raisonnables sur les marchés pour financer ses
déficits. La zone euro innove ainsi. Rien de tel n'était prévu
jusqu'ici pour un pays membre.



De même, si ce plan est activé, l'intervention du FMI pour un pays
de la zone euro serait sans précédent. "La zone euro prend son
destin en main" grâce à ce "mécanisme pour gérer les crises", a
commenté Nicolas Sarkozy devant la presse, parlant "d'un pas
majeur".

Papandréou satisfait

Le chef du gouvernement grec Georges Papandréou, dont le pays
est confronté à une crise budgétaire sans précédent, a jugé
l'accord européen "très satisfaisant". Le dispositif sera alimenté
majoritairement par des prêts de partenaires de la Grèce au sein de
la zone euro, et du FMI: la proportion devrait être de deux tiers
du total pour les premiers, et d'un tiers pour le second.



L'enveloppe ne sera ouverte qu'en cas de besoin et l'activation du
plan devra être approuvée à l'unanimité des pays membres, ce qui
promet encore de difficiles tractations si cette éventualité se
présente.



La Banque centrale européenne, qui était très réservée au départ
sur le recours au FMI, a salué le dispositif. Son président
Jean-Claude Trichet a jugé que l'essentiel était préservé puisque
les gouvernements européens assument "leurs responsabilités", car
ils restent maîtres d'oeuvre. Il a reconnu que parvenir à cet
accord n'avait "pas été facile".

Plus de 20 milliards d'euros nécessaires

Aucun montant n'a été fixé pour la Grèce. Mais les besoins
potentiels de la Grèce sont évalués à entre 20 et 30 milliards
d'euros, selon une source diplomatique. Les dirigeants européens
étaient sous pression pour parvenir à un accord, car leurs
divergences avaient fait chuter le taux de change de l'euro.



En outre, un autre pays donne des signes de faiblesse, le
Portugal. Mais Herman Van Rompuy s'est voulu rassurant en jugeant
"qu'on ne peut pas comparer ce qui n'est pas comparable". Pendant
longtemps, l'Allemagne, la principale économie de l'UE, a rechigné
à l'idée même de soutenir la Grèce. Certains pays étaient
favorables à l'intervention du FMI, d'autres opposés car ils y
voyaient un aveu d'échec de la zone euro.



Pour prix de son feu vert, Berlin a aussi obtenu un engagement à
"renforcer" la surveillance budgétaire des Etat européens, avec
l'objectif de pouvoir prendre plus facilement des sanctions contre
les pays laxistes. Les dirigeants européens se sont mis d'accord
pour demander qu'un rapport soit fait d'ici à la fin 2010,
"explorant toutes les options" dans ce but.



afp/cht

Publié

Timide reprise de l'euro

L'euro rebondissait timidement face au dollar vendredi matin en Asie, après l'adoption dans la nuit par les dirigeants de l'Union européenne (UE) d'un plan d'aide à la Grèce.

Vers 02H50 GMT, l'euro valait 1,3325 dollar contre 1,3277 dollar vers 22H00 GMT la veille. La devise européenne avait atteint jeudi, avant l'accord conclu à Bruxelles, son plus bas niveau en près de dix mois face au billet vert.

Egalement vers 02H50 GMT, la devise européenne valait 123,21 yens contre 123,04 yens la veille au soir

"Le fait que la Grèce devra emprunter de l'argent uniquement au taux du marché, les craintes persistantes quant aux problèmes budgétaires d'autres pays de l'UE et la douche froide qu'a administré le président de la BCE Trichet en critiquant l'implication du FMI dans l'accord maintient l'euro sous pression", a expliqué dans un rapport Mitul Kotecha, analyste au Crédit Agricole CIB.

"Même si Trichet a modéré ses propos plus tard, le mal était fait et tout soulagement de l'euro face au dollar fera long feu", a-t-il ajouté, prédisant une chute de la monnaie européenne jusqu'à 1,3213 dollar.

Le détail du texte

Dans le détail, le texte franco-allemand à l'origine de l'accord prévoit "un cadre européen constitué par des prêts bilatéraux coordonnés".

Les pays de la zone euro y contribueraient en fonction de leur poids dans le capital de la Banque centrale européenne.

Ce cadre européen serait complémenté par des prêts du FMI avec la claire mention du fait que le financement européen devrait être majoritaire. Il s'agissait d'un point important pour de nombreux pays, qui tenaient à ce que le programme d'aide soit d'abord européen.

Les prêts à la Grèce seront liés à de strictes conditions et n'interviendront "que s'il y a des difficultés très sérieuses et s'il n'y a pas d'autres solutions" pour Athènes pour pouvoir emprunter et financer son déficit, selon la présidence française.

Enfin, les taux d'intérêt de ces prêts ne devront pas constituer de "subvention" tout en permettant aux pays concernés de faire face en cas de "trop forte contrainte" sur les marchés.