L'Union européenne (UE) est prête à activer son plan de soutien
financier à la Grèce "à tout moment", a déclaré vendredi le
président français Nicolas Sarkozy, lors d'une conférence de presse
commune avec le président du Conseil italien Silvio Berlusconi.
"Les autorités grecques ont pris des mesures courageuses pour
redresser la situation de leurs finances publiques. Un plan de
soutien a été approuvé par l'ensemble des Etats de la zone euro.
Nous sommes prêts à l'activer à tout moment pour venir en aide à la
Grèce", a déclaré Nicolas Sarkozy.
Une question de taux d'emprunt
Adopté fin mars par le sommet européen, le plan d'aide de l'UE
ne doit être en principe utilisé par la Grèce qu'"en dernier
recours" si elle ne parvenait plus à emprunter à des taux
raisonnables sur les marchés, en associant des prêts de pays de la
zone euro et du FMI.
Le taux exigé à la Grèce pour emprunter sur dix ans a atteint
jeudi un niveau record, à plus de 7%. Cela signifie que la Grèce
doit actuellement débourser plus du double de l'Allemagne,
référence des marchés, pour financer ses déficits énormes.
Ces taux "ne reflètent pas la situation réelle de l'économie du
pays ni l'effort et les résultats déjà obtenus par le
gouvernement", a affirmé vendredi le ministre grec des Finances
Georges Papaconstantinou.
"Les taux auxquels la Grèce doit emprunter est évidemment une
question qui nous préoccupe" mais "nous croyons qu'ils ne reflètent
pas la situation réelle de l'économie du pays ni l'effort et les
résultats déjà obtenus par le gouvernement", a indiqué Georges
Papaconstantinou à l'issue d'une rencontre avec le Premier ministre
Georges Papandréou.
L'idée d'une faillite pas enterrée
"Mais avec le temps, je crois que les marchés et nos partenaires
européens vont prendre conscience de ces résultats et donc, on aura
des taux plus raisonnables", a souligné Georges Papaconstantinou
aux médias.
Poursuivant leur hausse depuis mardi, les taux des obligations
grecques à dix ans ont atteint jeudi dernier le niveau historique
de 7,508%, du jamais vu depuis l'adoption de l'euro par la Grèce en
2001, ce qui a fait surgir le spectre d'une banqueroute du pays et
le recours au mécanisme d'aide européen et du Fonds monétaire
international (FMI).
afp/ats/jeh
La Banque centrale européenne relativise
Il n'y a aucun signe indiquant que la Grèce devra utiliser le mécanisme d'aides conçu par les dirigeants de l'Union européenne, selon Ewald Nowotny, membre du Conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne (BCE).
La Grèce demeure cependant dans une situation très grave et les marchés montrent des signes d'inquiétude, principalement à cause du manque de clarté autour du déficit grec, a-t-il ajouté.
Il juge que lorsqu'il y aura plus de certitude au sujet de la situation budgétaire grecque, les marchés devraient se calmer, la Grèce ne pouvant éternellement continuer à se financer à un coût aussi élevé sur le marché.
Le ministre des Finances grec Georges Papaconstantinou a déclaré vendredi que la Grèce ne demandait pas l'activation du plan.
Une inflation galopante
Le taux d'inflation en glissement annuel en Grèce a bondi en mars, atteignant 3,9% contre 2,8% en février sur un an, a annoncé vendredi le service national des statistiques (Esye).
Les prix à la consommation ont augmenté de 3,1% sur un mois contre une baisse de 0,5% en février, tandis qu'en moyenne annuelle, ils ont progressé de 1,6% (avril 2009-mars 2010) contre +3,5% pour la même période un an auparavant.
Sur un an, le seul poste en baisse est celui de l'alimentation et boissons non alcoolisées, à -1,6%.
Les plus fortes hausses concernent les transports (+15,5%), du fait notamment de la hausse de la vignette, des tarifs des péages et du prix de l'essence, et le logement (+7%).
Les alcools et cigarettes enregistrent aussi une hausse de 4,9%, après la hausse des taxes frappant ces produits dans le cadre des mesures prises par le gouvernement pour redresser les finances publiques.
Sur un mois, le poste vêtements et chaussures bondit de 22%, marquant la fin des soldes d'hiver.
Le gouvernement socialiste, au pouvoir depuis octobre, a prévu dans le budget 2010 une inflation moyenne de 1,4% pour l'ensemble de l'année.