La tâche sera pénible pour Kaspar Villiger, qui dirigera sa
première assemblée générale en tant que président du conseil
d'administration de la banque. L'ex-conseiller fédéral devra
notamment convaincre les actionnaires d'accorder la décharge pour
les trois dernières années. Le vote pour 2008 et 2007 avait été
différé, situation exceptionnelle oblige. Si la décharge est
acceptée, les administrateurs et la direction générale de l'ère
Ospel seront définitivement blanchis.
Dans les faits, l'octroi de la décharge écarte d'éventuelles
actions au civil contre les responsables de la débâcle. Ainsi, des
plaintes portant par exemple sur les affaires fiscales aux
Etats-Unis ou la gestion de la crise du crédit ne pourraient plus
qu'être dirigées contre l'établissement.
Colère des actionnaires
La mesure devrait notamment profiter à Marcel Ospel et à Peter
Kurer. Le premier a été le PDG de la banque jusqu'au printemps 2008
et incarne la descente aux enfers d'UBS. Le second a été son
successeur jusqu'en avril 2009 et était déjà administrateur
auparavant. C'est Oswald Grübel, l'ancien patron du Crédit Suisse,
qui occupe le poste depuis 14 mois.
Cette année, les actionnaires pourraient s'opposer à la
proposition du conseil d'administration. Ainsi, la fondation
genevoise Ethos, à laquelle appartiennent plusieurs caisses de
pension, ne ménage pas ses critiques et compte s'opposer à la
décharge.
La société de placement des banques cantonales, Swisscanto, les
sociétés américaines de conseils aux investisseurs Glass Lewis et
ISS-Riskmetrics se sont aussi jointes au mouvement de contestation.
L'engagement de ces entreprises, qui représentent d'importants
actionnaires, rendent l'issue du scrutin incertaine. A cela
s'ajoute le fait qu'UBS ne peut pas se prononcer sur la décharge
avec ses propres actions.
Les bonus en question
La décharge des anciens dirigeants ne sera pas le seul point
sensible de cette assemblée générale. Les rémunérations suscitent
également l'incompréhension de certains actionnaires, notamment le
versement de trois milliards de francs de bonus pour 2009, alors
qu'UBS a bouclé dans le rouge. Ethos, Swisscanto et les deux
sociétés américaines s'y opposeront. Contrairement à la décharge,
ce vote est consultatif.
Ethos critique notamment le salaire du co-patron de la banque
d'investissement aux Etats-Unis, le cadre le mieux payé de
l'établissement avec une rémunération de 13,2 millions de francs,
alors que cette division a essuyé une perte de 6 milliards.
ats/cc
Pertes et gains d'UBS
En 2007 et 2008, UBS a perdu près de 30 milliards de francs, dont plus de 21 milliards pour la seule année 2008.
En 2009, la banque suisse a essuyé une perte de 2,74 milliards de francs.
L'année 2010 a bien commencé, puisque la banque a prévu de boucler le premier trimestre sur un bénéfice de 2,5 milliards de francs.
Les coupables
Marcel Ospel et Peter Kurer ne sont pas les seuls anciens dirigeants de l'UBS concernés par la décharge. Au niveau de la direction générale, elle s'applique également aux présidents successifs, Peter Wuffli, débarqué en juillet 2007 et Marcel Rohner, lequel a quitté l'établissement en février 2009.