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La Comco interdit la fusion entre Orange et Sunrise

Avec cet appel, Orange dit vouloir préserver ses droits.
Orange et Sunrise espéraient ensemble contrer Swisscom.
La fusion entre Orange et Sunrise a été interdite car elle aurait constitué "un cas d'école de position dominante collective", a expliqué Walter Stoffel, président de la Commission de la concurrence (Comco).

Le marché aurait été rendu "étanche" à toute nouvelle entrée
suite à la formation du duopole. Selon le président de la Comco, le
duopole constitué entre l'entité Orange-Sunrise, qui aurait détenu
40% du marché suisse, et Swisscom n'aurait été confronté à "aucune
incitation à se faire concurrence".

Ne pas étanchéifier le secteur

Au contraire, les deux forces en présence auraient visé "un
maintien de leur position", a déclaré Walter Stoffel jeudi lors
d'une conférence de presse à Berne. Il leur aurait été plus
avantageux de maintenir un niveau de prix élevé que de s'attaquer
chacune à sa concurrente dans le but de lui prendre des parts de
marché, selon le patron du gendarme de la concurrence.



La fusion aurait ainsi "renforcé la position dominante de
Swisscom". Le duopole aurait également constitué un "équilibre
stable et étanche face à toute nouvelle entrée sur le marché". La
spécificité du secteur de la téléphonie mobile rend peu probable
l'entrée sur le marché d'un nouveau concurrent, contrairement à
celui du commerce de détail, dont les barrières économiques sont
moins élevées, a expliqué Walter Stoffel.



Le marché de la téléphonie aurait été "bloqué" par la fusion,
conclut-il. La présence de trois opérateurs permet de garder une
concurrence dynamique: le marché est ainsi ouvert pour les
innovations, a-t-il poursuivi.

Les associations de consommateurs se félicitent

Réagissant à la nouvelle, les défenseurs des consommateurs se
disent conscients du risque que cette interdiction soit cassée par
la suite. Mais ils ne boudent pas leur satisfaction, convaincus que
les clients sortent gagnants de la décision du jour.



En cas de fusion, le marché n'aurait plus compté que deux acteurs
qui auraient eu tout intérêt à maintenir des prix élevés, note
Mathieu Fleury, secrétaire général de la Fédération européenne des
consommateurs (FRC).



La FRC est d'autant plus satisfaite que son argument central a été
retenu, à savoir "la position dominante collective" qu'auraient eue
les deux acteurs du marché à l'issue d'une telle fusion. La
décision montre qu'il ne suffit pas de tenir compte uniquement de
la position dominante d'une seule entité.



Pour se prononcer sur les mouvements dans un secteur, il s'agit
désormais de considérer la position qu'auront ensemble ses acteurs.
Par exemple dans la distribution, une branche dans laquelle les
défenseurs des consommateurs considèrent que le marché est tout
aussi déséquilibré avec les deux grands acteurs Migros et Coop.

Les opérateurs tombent de haut

Le cri de victoire des défenseurs des consommateurs n'a eu
d'égal que le dépit des opérateurs de téléphonie, qui pensaient que
l'affaire était dans le sac.



"Nous sommes convaincus que la fusion prévue aurait profité aux
consommateurs", ont affirmé France Télécom et le groupe danois TDC,
maisons mères respectives d'Orange et Sunrise. "Sans ce
regroupement, la position dominante de Swisscom est
cimentée."



Ces derniers mois, rien ne semblait ébranler la confiance des deux
entreprises: maintes fois, leurs dirigeants ont dit attendre un
dénouement en leur faveur. Ils n'excluent pas de faire recours.

Une décision "courageuse" à confirmer

Moritz Leuenberger de son côté souligne que la décision de jeudi
n'est peut-être pas le mot de la fin.



Le chef du Département fédéral de la communication (DETEC), étonné
lui aussi, rappelle que "dans le passé, plusieurs décisions
courageuses de la COMCO ont été finalement corrigées par le
Tribunal administratif fédéral (TAF)".



Le conseiller fédéral avait toujours dit que cette fusion
présentait à la fois des chances et des risques, mais que pour sa
part, il attribuait davantage de poids aux chances qu'aux
risques.



ats/jeh

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Le patron de Swisscom reste prudent

Le patron de Swisscom Carsten Schloter a lui-même réagi prudemment, se disant "un peu surpris", au vu de l'actuelle consolidation de la branche en Europe.

Il juge "prématuré de faire une analyse" avant d'examiner les arguments de la Comco, et de savoir si l'interdiction est définitive.

Des concurrents démotivés

Marc Furrer, le président de la Commission fédérale de la communication (ComCom), observe avec amertume que Swisscom fait face à deux concurrents non motivés, qui ne semblent pas vouloir consacrer d'énergie à la dynamisation du marché.

Il relève qu'Orange notamment n'a fait aucune concession lors des négociations.