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L'appel d'Athènes divise l'Europe, la Grèce aussi

La gauche craint que l'aide ne s'accompagne de nouvelles mesures d'austérité.
La gauche craint que l'aide ne s'accompagne de nouvelles mesures d'austérité.
La Grèce s'est résolue vendredi à demander à l'Union européenne et au FMI de lui prêter d'urgence 45 milliards d'euros. En dépit des conditions allemandes, les partenaires européens et les Etats-Unis se félicitent de la demande. La gauche grecque en revanche manifestait jeudi soir contre cet emprunt.

C'est depuis la petite île isolée de Kastelorizo, en
Méditerranée orientale, que le Premier ministre Georges Papandréou
a officiellement annoncé la demande. S'exprimant en direct à la
télévision, il a expliqué que son pays avait été poussé à cette
extrémité par les "choix criminels du précédent gouvernement".

"Nos partenaires feront
le nécessaire pour nous offrir un port abrité où nous pourrons
remettre notre navire à flot (...) et pour envoyer le message aux
marchés que l'Union européenne protège l'euro", a-t-il déclaré dans
un discours solennel.

Berlin pose ses conditions

Mais l'Allemagne, réticente dès le début à cette aide, a
immédiatement posé ses conditions: le plan d'aide à la Grèce sera
activé seulement si "la stabilité de l'euro dans son ensemble" est
menacée, et si Athènes présentait un "plan d'économies crédible", a
déclaré la chancelière Angela Merkel.



L'Allemagne craint en effet que l'UE, en aidant la Grèce, dont la
dette frôle les 300 milliards d'euros (soit 431 milliards de francs
ou 125% du PIB) n'encourage les pays dont la gestion des finances
publiques a été laxiste, à laisser filer leurs déficits.



Le président de la Banque centrale allemande, Axel Weber, a ainsi
mis en garde contre un "risque de contagion" de la crise de la
dette grecque aux pays de la zone euro qui ont "toujours des
déficits publics trop élevés", comme c'est le cas du Portugal ou de
l'Irlande.



Mais les autres partenaires, à l'instar de la France et de
l'Espagne, se sont au contraire félicités de l'initiative
grecque.

Le reste de l'Europe se montre optimiste

Le directeur général du Fonds monétaire international (FMI),
Dominique Strauss-Kahn, s'est quant à lui engagé à répondre
"rapidement" à la demande de la Grèce. Il doit s'entretenir samedi
avec le ministre grec des Finances, Georges Papaconstantinou,
tandis qu'une mission commune FMI/UE discute depuis mercredi à
Athènes des modalités du soutien.



Quant à l'Union européenne, elle a, par la voix du porte-parole de
la Commission pour les affaires économiques, assuré que "tout
allait se passer d'une façon rapide et efficace". Un optimisme
partagé par Georges Papaconstantinou, qui a estimé que l'aide
pourrait être versée dans "quelques jours".



La procédure prévoit pourtant que la demande soit approuvée par
tous les ministres des Finances de la zone euro, puis par les
Parlements de certains pays, dont l'Allemagne.

L'appel divise aussi les Grecs

Sans surprise, le chef de l'opposition
de droite en Grèce, Antonis Samaras, a accusé Georges Papandréou de
se défausser de ses responsabilités en faisant appel au FMI, dont
l'intervention fait redouter aux Grecs de nouveaux
sacrifices.



Mais le patronat y a vu l'occasion pour la Grèce de "devenir un
véritable pays européen".



A l'opposé, le Parti communiste grec a fustigé une décision qui va
"servir les intérêts de la ploutocratie grecque". Des organisations
de gauche radicale ont par ailleurs appelé dans la soirée à des
manifestations, qui ont donné lieu à quelques débordements

(lire ci-contre)

.



ats/afp/reu/jeh

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Les échéances se rapprochent

La Grèce négocie avec l'UE et le FMI les modalités d'une aide de 40 à 45 milliards d'euros (57 à 65 milliards de francs), destinée à lui permettre de mieux gérer une dette publique de 300 milliards d'euros et dont le service lui revient de plus en plus cher sur les marchés.

Le temps presse pour Athènes car elle doit rembourser 8,5 milliards d'euros (12,2 milliards de francs) d'obligations d'ici le 19 mai et 39 milliards d'euros (65 milliards de francs) au total sur les 12 prochains mois.

L'aide promise, soit a priori 30 milliards d'euros de l'UE (43 milliards de francs), à un taux d'environ 5%, et 15 milliards d'euros (21,5 milliards de francs) du FMI, couvrira largement les besoins de financement de la Grèce pour 2010.

Mais aucun montant n'a été annoncé pour les années 2011 et 2012, alors que ce soutien est censé s'étaler sur trois ans.

La gauche dans la rue

Environ un millier de personnes ont manifesté vendredi soir à Athènes et Thessalonique contre la décision du gouvernement socialiste de recourir à l'aide UE-FMI à l'appel de plusieurs organisations de la gauche radicale.

"Le capitalisme doit payer pour la crise", "FMI go home" proclamaient les banderoles des manifestants.

A Athènes, plusieurs centaines de manifestants se sont rassemblés devant l'Université puis ont marché jusqu'au Parlement et au siège de la Commission européenne.

Des affrontements ont eu lieu brièvement avec la police qui gardait le bâtiment de la Commission.

A Thessalonique, environ 300 personnes ont manifesté et un distributeur de billets de banque a été vandalisé.