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Mesures d'austérité: la grogne résignée des "PIIGS"

D'Athènes à Madrid en passant par Dublin ou Porto, les fonctionnaires voient d'un mauvais oeil les mesures d'austérité.
D'Athènes à Madrid en passant par Dublin ou Porto, les fonctionnaires voient d'un mauvais oeil les mesures d'austérité.
Surnommés les "PIIGS" (Portugal, Italie, Irlande, Grèce et Espagne) les pays de la zone euro dont les déficits publics ont affolé les marchés la semaine dernière se retrouvent contraints d'adopter des mesures d'austérité parfois implacables. Elles sont accueillies avec colère ou résignation par les populations.

Parmi les autres maillons faibles de la zone euro, l'Irlande
doit aussi procéder à des coupes claires, même si elle a échappé
jusqu'à présent à la dégradation en forme de couperet de la note de
sa dette, telle qu'infligée cette semaine par l'agence Standard
& Poor's à la Grèce, à l'Espagne et au Portugal.

Tous veulent ramener à 3 ou 4% du PIB des déficits qui se sont
envolés jusqu'à 14% dans le cas de la Grèce. Parmi les suspects
habituels, seule l'Italie tire son épingle du jeu pour avoir
maintenu en pleine crise une assez stricte rigueur budgétaire qui
rassure pour l'instant les marchés sur ses capacités de
remboursement.

Athènes entre deux feux

En contrepartie de l'aide de l'UE et du FMI pour la sauver de la
banqueroute, la Grèce a annoncé dimanche un plan draconien de 30
milliards d'euros sur trois ans, auquel s'ajoutent 4,5 milliards
déjà décidés par le gouvernement de Georges Papandréou pour 2010.
Le but est de ramener le déficit public sous le seuil européen de
3% du PIB d'ici fin 2014.



Les syndicats grecs ont mobilisé depuis plusieurs semaines et
préparent une grève générale mercredi. "Nous devons faire face à un
nivellement sans précédent depuis l'après-guerre non seulement des
salaires mais aussi de tous les droits sociaux et du travail", a
protesté le leader syndical Spyros Papaspyrou.

Le Portugal débraye

Au Portugal, le gouvernement a gelé les salaires des
fonctionnaires (environ 12% de la population active) dont il veut
réduire le nombre. Il va opérer un tour de vis fiscal et des
privatisations. La grogne sociale monte.



Sur les trois premiers mois de l'année, il y a eu 31 grèves et 48
manifestations. Une grande manifestation est prévue le 29 mai.
"Nous devons nous préparer à des temps extrêmement difficiles",
écrivait jeudi dans son éditorial le quotidien économique "Jornal
de Negocios".

Madrid revient sur ses promesses

En Espagne, le gouvernement a aussi promis l'austérité et veut
économiser 50 milliards d'euros en trois ans. Parmi de nombreuses
mesures, le gouvernement a supprimé un abattement de 400 euros de
l'impôt sur le revenu, promesse électorale de José Luis Rodriguez
Zapatero en 2008, et va augmenter la TVA de deux points en
juillet.



Il a mis en chantier une réforme du marché du travail qui risque
de ne pas faire que des heureux et souhaite porter l'âge de la
retraite de 65 à 67 ans.



Traditionnellement peu mobilisés, les Espagnols grognent mais ne
sont pas descendus dans la rue. "Il n'y pas eu de mesures
réellement impopulaires prises pour le moment", expliqué Gayle
Allard, économiste à l'IE business school de Madrid.

Fatalisme irlandais

En Irlande, le gouvernement a adopté dès 2009 deux plans
d'austérité de 3 et 4 milliards d'euros, imposant d'impopulaires
baisses générales des allocations et une réduction de 5 à 15% des
salaires des fonctionnaires.



Les réactions les plus visibles à ces sacrifices ont été des
manifestations de fonctionnaires et un effondrement de la
popularité du chef du gouvernement, Brian Cowen. Mais globalement,
la population semble largement résignée.



ats/afp/jeh

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Les syndicats européens condamnent en bloc

Les salariés grecs "ne doivent pas payer un prix injuste pour le sauvetage de la Grèce", a estimé lundi la Confédération européenne des syndicats, au lendemain de l'annonce d'un plan de sauvetage de l'UE et du FMI de 110 milliards d'euros en contrepartie d'une cure d'austérité.

Les mesures décidées par le gouvernement grec "frapperont lourdement les travailleurs et les citoyens grecs", souligne la CES, qui regroupe 82 organisations syndicales dans 36 pays européens.

"Les réductions de salaires et des retraites ne représentent qu'une partie des lourdes coupes des dépenses publiques qui aggraveront la situation économique du pays, déjà très fragilisée", ajoute le secrétaire général de la CES, John Monks, pour qui "les travailleurs ne doivent pas payer un prix injuste pour le sauvetage de la Grèce".

Une délégation de la CES et des syndicalistes grecs, belges et espagnols doivent rencontrer mardi à Bruxelles le président permanent de l'UE, Herman Van Rompuy, pour lui faire part de leurs "préoccupations par rapport à la situation grecque et plus largement en Europe", à la veille d'une grève générale en Grèce.