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Après Athènes, Madrid affole les bourses

Les valeurs espagnoles ont lourdement chuté mardi à la bourse de Madrid.
Les valeurs espagnoles ont lourdement chuté mardi à la bourse de Madrid.
Le plan d'aide à la Grèce à peine bouclé, la crainte d'une contagion de cette crise de la dette à l'Espagne, entre autres, a fait rechuter mardi l'euro, qui est passé sous les 1,3 dollar et les Bourses. Des rumeurs de dégradation de la note de l'Espagne et d'une demande d'aide financière colossale de Madrid au FMI sont à la source du plongeon.

Vers 16h45, la Bourse de Madrid perdait plus de 5%, Lisbonne
reculait de plus de 4%, Paris de 2,47%, Londres de 1,96% et
Francfort de 2,10%. La Bourse d'Athènes chutait de son côté de
6,06%. La Bourse de New York a elle aussi terminé en nette baisse
mardi (-2%), les investisseurs s'inquiétant des difficultés
budgétaires des pays de la zone euro. Le Nasdaq a aussi du plomb
dans l'aile (-2,9%). Les Bourses américaines finissent ainsi avec
leur plus forte baisse depuis trois mois.

L'euro sous 1,3 dollar

L'euro est passé sous le seuil de 1,30 dollar mardi, pour la
première fois depuis un peu plus d'un an, miné par la crise des
dettes souveraines en Europe et les craintes de contagion dans la
zone euro. Vers 21h05, l'euro valait 1,3001 dollar, contre 1,3187
dollar lundi vers 23h00. Il est tombé jusqu'à 1,2994 dollar
quelques minutes plus tôt.

Pourtant, une semaine
après la décision de Standard and Poor's d'abaisser la note de la
dette espagnole, ses rivales Moody's et Fitch ont indiqué mardi
qu'elles n'étaient pas en train de réexaminer la note de l'Espagne,
qui reste pour ces deux agences la plus élevée possible, soit le
fameux triple AAA.



Une indication qui n'empêchait pas les taux d'intérêt des titres
de la dette sur dix ans de grimper en flèche en Grèce (à 9,156%),
en Espagne (à 4,097%) et surtout au Portugal (à 5,417%).

Besoin de 280 milliards d'euros?

Avec le Portugal, l'Espagne est un des pays de la zone euro qui
inquiètent le plus les marchés. Ses déficits publics ont explosé en
2009 à cause de la crise financière, à 11,2% du PIB, et le
gouvernement socialiste a promis un plan d'austérité pour les
ramener à 3% en 2013.



Certains investisseurs estiment que l'Espagne risque de suivre le
même chemin que la Grèce, sauvée de la banqueroute par les pays de
la zone euro et le FMI qui ont promis une aide de 110 milliards
d'euros sur trois ans. "Une rumeur est en train de circuler dans
les salles de marché selon laquelle l'Espagne aurait besoin de 280
milliards d'euros et pourrait les demander" au Fonds monétaire
international, a ainsi expliqué Yves Marçais, vendeur d'actions
chez Global Equities.



Standard and Poor's a abaissé la note de la dette à long terme de
l'Espagne la semaine dernière, craignant que le pays ne se trouve
plongé dans une longue période de faible croissance économique qui
empêcherait le gouvernement de réduire les déficits. Les marchés
redoutent aussi que le gouvernement espagnol ne traîne des pieds
pour adopter des mesures impopulaires.

Les banques dans la tourmente

Le niveau de la dette publique espagnole par rapport au produit
intérieur brut est pourtant nettement plus bas que celui de
nombreux pays de la zone euro, à 53,2% du PIB en 2009. Test
important, le Trésor espagnol procédera jeudi l'émission de bons du
trésor à cinq ans, proposant 3% d'intérêt. Il espère lever au moins
deux milliards d'euros.



Comme souvent en cas d'inquiétude sur les finances publiques, les
valeurs bancaires étaient en première ligne et perdaient du terrain
: Santander, première banque espagnole, chutait de 7,07% à 8,61
euros, tandis que BBVA dévissait de 7,33% à 9,12 euros. La Bourse
de Francfort résistait mieux, à la suite d'une série de résultats
trimestriels plutôt bien accueillis, mais restait affecté par le
recul du poids lourd Deutsche Telekom (-9,24%).

Zapatero tente de calmer les esprits

Le Premier ministre espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero, a
rejeté catégoriquement l'idée d'une contagion de la crise grecque à
son pays. "Toute nouvelle spéculation sur la zone euro est sans
fondement, irresponsable", a-t-il déclaré lors d'une conférence de
presse à Bruxelles, en réaction aux nouvelles spéculations sur les
marchés.



"Il faut un peu de recul. Il faut s'en remettre aux données
objectives" à propos de l'Espagne, a-t-il martelé. "Il n'y a pas de
raison de s'inquiéter", a-t-il ajouté "car les données économiques
pointent en direction de la croissance" économique dans le
pays.



"Je suis confiant dans la force de la solvabilité, des comptes
publics de notre pays et dans notre capacité à avoir une reprise
économique" et "j'ai la même confiance dans le Portugal", a ajouté
José Luis Zapatero.



agences/jeh/ther

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L'euro en danger, selon Joseph Stiglitz

Le prix Nobel d'économie Joseph Stiglitz a prédit mardi la fin possible de l'euro si l'Europe ne parvient pas à régler ses "problèmes institutionnels fondamentaux", dans la foulée de la crise grecque.

Interrogé par la radio BBC 4, Joseph Stiglitz a estimé que le plan d'aide UE-FMI, assorti d'un plan d'austérité dont il a critiqué la sévérité, ne ralentirait pas l'ardeur des spéculateurs à miser sur un affaiblissement de la zone euro.

"Les conditions apparemment excessivement dures imposées à l'Espagne", a-t-il dit en faisant un lapsus, "seront en réalité contre-productives pour prévenir une contagion".

Les analystes signalent en général l'Espagne comme le prochain pays de la zone euro à pouvoir connaître les mêmes difficultés que la Grèce.

"Quand on aura vu à quel point il a été difficile à l'Europe d'adopter une position commune pour aider un des plus petits pays, on réalisera que si un pays un peu plus grand a des difficultés, il est probable que l'Europe aura encore plus de mal" à se mettre d'accord, a-t-il expliqué.

"Donc je pense que l'espoir que (cette aide) nuira aux pressions spéculatives est probablement infondé: ça peut marcher pendant quelque temps, mais à long terme, tant que les problèmes institutionnels fondamentaux seront là, les spéculateurs sauront qu'ils existent, et au fur et à mesure que les faiblesses de l'Europe s'aggraveront je pense qu'ils s'en donneront à coeur joie".

Comme on lui demandait si cela signifiait la fin de l'euro, Joseph Stiglitz a répondu: C'est peut-être la fin de l'euro".

Si l'Europe "ne règle pas ses problèmes institutionnels fondamentaux, l'avenir de l'euro sera peut-être très bref", a-t-il conclu.

Le FMI règlera le cas grec dimanche

Le Fonds monétaire international (FMI) se réunira dimanche pour examiner la demande de la Grèce d'un dispositif d'aide de 40 milliards de dollars. Cette annonce a été faite mardi par un porte-parole de l'institution financière internationale.

L'Union européenne et le FMI se sont mis d'accord sur un mécanisme de soutien à la Grèce mais le FMI n'a pas encore donné officiellement son feu vert au déblocage de sa contribution.

"Le FMI publiera une communication pour la presse à la suite de la réunion du conseil d'administration", a précisé le porte-parole.