Le constructeur automobile japonais a dégagé un bénéfice net de
209,4 milliards de yens (1,6 milliard d'euros) et un bénéfice
d'exploitation de 147,5 milliards de yens, un résultat inespéré
l'an passé à la même époque lorsque, plombé par la récession, il
prévoyait une perte nette de 550 milliards de yens et un
gigantesque déficit d'exploitation de 650 milliards.
Son chiffre d'affaires a en revanche baissé de 7,7% sur un an à
18'950 milliards de yens (137,7 milliards d'euros), à cause d'une
baisse de 4,4% de ses ventes d'automobiles dans le monde, à 7,237
millions d'unités.
Les ventes de Toyota, le premier constructeur mondial, ont
augmenté au Japon de 11% sur un an et de 8% en Asie, mais ont
baissé de 5% en Amérique du Nord et ont chuté de 19% en Europe et
de 21% sur ses autres marchés (Amérique latine, Océanie, Afrique et
Moyen-Orient).
Des milliers de salariés congédiés
Ce retour aux bénéfices intervient un an plus tôt que ce
qu'espérait son PDG, Akio Toyoda, et en dépit de la vigueur
persistante du yen qui continue de réduire le montant de ses
profits rapatriés de l'étranger.
Interrogé lors d'une conférence de presse sur les raisons de cette
embellie comptable, Akio Toyoda a évoqué "le retrait de la Formule
1" en novembre 2009 et "des décisions affectant l'emploi". Le
groupe a congédié des milliers de salariés dans le monde au plus
fort de la récession l'an passé.
Pour l'année budgétaire 2010-2011 en cours, Toyota a prévu
d'accroitre de près de 50% son bénéfice net, à 310 milliards de
yens, et de presque doubler son bénéfice d'exploitation, à 280
milliards de yens, pour un chiffre d'affaires en hausse d'à peine
1% à 19.200 milliards de yens.
Le constructeur a en outre expliqué avoir vu augmenter les profits
de ses filiales de crédit pour l'achat d'automobiles, et son
résultat net a bénéficié d'une recette exceptionnelle de 68
milliards de yens sur des opérations de changes.
afp/ant
Ce retour aux bénéfices a été enregistré alors que Toyota a dû rappeler ces derniers mois dix millions de véhicules dans le monde, dont la majorité aux Etats-Unis, à cause d'une série de problèmes techniques, notamment de pédales d'accélération pouvant rester bloquées en position enfoncée. Cette affaire avait semé l'émoi au sein du groupe, réputé jusque-là pour sa fiabilité. Toyota a évalué à 180 milliards de yens le coût des rappels sur ses finances pour 2009-2010, jugeant leur impact inférieur à ce qu'il redoutait.
Quelques motifs d'inquiétudes
"Toyota est sorti de sa période la plus noire", a estimé Masanobu Takahashi, analyste à Ichiyoshi Securities. "Le gros des rappels a été intégré dans les comptes bouclés en mars et les affaires de Toyota devraient reprendre normalement cette année, à moins qu'il ne commette une autre grossière erreur", a-t-il jugé.
Il a toutefois pointé quelques motifs d'inquiétudes pour les ventes du groupe: "la fin du programme de soutien à l'achat de voitures vertes au Japon, la réduction des profits à cause de baisses de prix en Chine et les craintes sur l'économie européenne avec la crise grecque".
Le constructeur pourrait aussi avoir à payer "des amendes énormes" aux Etats-Unis où plusieurs plaintes ont été déposées contre lui dans des accidents mortels impliquant des Toyota, a-t-il souligné.