Les fondamentaux ont bien résisté même si l'image du pays a
l'étranger a été un peu écornée, relève l'Institut for Management
Development (IMD) dans son rapport 2010 publié mercredi. La
stabilité face aux cycles économiques (7e) est particulièrement
mise en avant.
L'année 2009 a toutefois été marquée par une baisse du produit
intérieur brut helvétique (-1,5%). Mais ce repli est relatif en
comparaison avec l'Union européenne (-4,2%) en raison d'une baisse
des exportations (-13%) bien inférieure à la moyenne des pays de
l'UE (-23%).
La Suisse a mieux tiré son épingle du jeu grâce à des entreprises
exportatrices peu touchées par la crise, comme l'industrie
chimique.
Peu de chômage, faible inflation
Le pays a conservé de vrais avantages compétitifs, avec un fort
taux d'emploi. Il se place au 4e rang (58,5% de la population) et
affiche un chômage peu élevé, de 4,4% seulement (contre 9,6% dans
l'UE). Autre facteur de compétitivité, une faible inflation qui
conforte son attractivité.
Classée derrière Singapour (1e), Hong Kong (2e) et les Etats-Unis
(3e), la Suisse maintient sa compétitivité au-delà de la seule
croissance du PIB, soulignent les experts. L'efficacité du
gouvernement (3e place) relayée par sa politique fiscale modérée
est toujours bien notée.
Un pays vertueux
La robustesse des institutions et la législation révèlent "une
incontestable solidité". Le faible niveau d'endettement,
représentant 39% du PIB alors qu'il atteint une moyenne de 73,6%
dans l'UE, tient de la performance.
La Suisse apparaît vertueuse au vu des déficits abyssaux de
certains pays dont les Etats-Unis, le Japon, la Grande-Bretagne et
l'Espagne. D'autres, parmi lesquels l'Islande, l'Italie et la
Grèce, souffrent également d'un endettement massif.
Les cadres interrogés par l'IMD ne s'y trompent pas, considérant
que la Suisse est un pays où il est facile de faire des affaires
(10e) et de créer des entreprises (8e). Ils louent une
réglementation de travail qui soutient les activités économiques
(3e).
Les multinationales suisses sont toujours les plus dynamiques et
les PME très bien classées (2e). L'expérience internationale et la
disponibilité de cadres très qualifiés en finance, deux domaines où
la Suisse arrive en tête, sont autant d'atouts pour le pays.
Une image écornée
Petite ombre au tableau, la Suisse perd quelques rangs face à la
globalisation, en passant du 17e au 22e rang. Son image à
l'étranger est écornée, et régresse du 3e au 11e rang, avec un
facteur risque accru dans le système financier (22 à 29e).
En conclusion, l'IMD considère que la Suisse a su préserver ses
fondamentaux. Elle a même rebondi "plus vivement" que la plupart
des pays de l'étude, grâce à une activité très diversifiée et une
main d'oeuvre jugée talentueuse.
En revanche, sa forte dépendance vis-à-vis de l'étranger l'expose
aux incertitudes de la conjoncture. Le bond du franc suisse face à
l'euro est un facteur de risque majeur pour ses exportations. Le
tout "avec une croissance qui s'annonce sans euphorie" (estimation
1,4% pour 2010).
Pour l'avenir, l'IMD table sur les contacts d'affaires à
développer notamment avec les pays émergents, principaux moteurs de
la croissance mondiale. Enfin, la Suisse peut s'appuyer sur une
"plateforme unique de PME", pour maintenir sa compétitivité.
ats/ant
Les Etats-Unis détrônés
La crise économique a balayé les Etats-Unis de la première place du classement international de l'IMD, après seize ans de règne sur la compétitivité mondiale. Singapour et Hong Kong se classent aux deux premiers rangs, confortant le rôle majeur de l'Asie.
"Ces deux économies montrent leur forte résilience, c'est-à-dire une grande capacité d'adaptation aux chocs", a indiqué Anne-France Borgeaud Pierazzi, expert de l'Institut for Management Development de Lausanne (IMD). Mais les Etats-Unis contribuent toujours à hauteur de 25% du produit intérieur brut mondial.
La Suisse (4e) est saluée pour sa robustesse et la capacité de ses infrastructures, notamment dans le domaine scientifique, éducatif et la santé.
Elle est suivie de l'Australie (5e), la Suède (6e), le Canada (7e), Taïwan (8e), la Norvège (9e) et la Malaisie (10e). L'IMD relève encore la bonne performance de la croissance allemande, en dépit d'un endettement en progression. Le pays est le second exportateur mondial de biens manufacturés.
La Grande-Bretagne a perdu un rang (22e), confrontée au double défi de la crise financière et de la désindustrialisation.
Quant à la France, elle a gagné quelques rangs passant de la 28e à la 24e place, souffrant principalement du poids de son secteur public.
Enfin, le Japon émerge de la crise, mais avec difficulté, au 27e rang.
En Asie, la Chine a poursuivi sa progression. Elle se classe désormais au 18e rang, gagnant deux places.
L'IMD souligne que le rapport 2010 s'inscrit dans un contexte de forte volatilité de la croissance mondiale et notamment des taux de change.
Les domaines évalués dans l'étude
Quatre domaines sont évalués dans l'étude comparative de l'IMD: la performance économique, l'efficacité du gouvernement, l'efficacité des entreprises et la qualité des infrastructures.
Pour deux tiers des 327 critères, l'IMD se base sur des éléments statistiques, le reste est tiré d'un sondage d'opinion.