En une semaine de révélations, l'affaire des "Panama Papers" a eu des répercussions dans le monde entier et en Suisse. Retour sur les principales conséquences.
Les dernières révélations de l'affaire des "Panama Papers"
Usurpation d'identités
Le CICR et le WWF floués par Mossack Fonseca
Mossack Fonseca a usurpé l'identité du Comité international de la Croix-Rouge et du WWF pour cacher de l'argent sale, affirment Le Matin Dimanche et la SonntagsZeitung. Les deux ONG sont fâchées.
>> Lire : Les noms du CICR et du WWF utilisés pour dissimuler des affaires offshore
Le mea culpa de David Cameron
Il aurait dû "mieux gérer l'affaire"
David Cameron, dont des centaines de personnes réclamaient la démission devant Downing Street, a avoué samedi qu'il aurait "dû mieux gérer l'affaire des "Panama Papers", évoquant la société offshore dirigée par son père.
>> Lire : David Cameron admet sa "mauvaise gestion" des "Panama Papers"
Le Premier ministre britannique a par conséquent annoncé dimanche la mise en place d'un "groupe de travail" pour enquêter sur les révélations des "Panama Papers", dans lesquelles il est impliqué.
>> Lire : David Cameron va créer un groupe d'enquête sur les "Panama Papers"
Modigliani caché à Genève
Perquisition aux Ports francs
Après les révélations sur un Modigliani retrouvé grâce aux "Panama Papers", le parquet genevois a mené vendredi une perquisition sur le site des Ports francs de Genève, écrit Le Temps sur son site internet.
Le Ministère public s'intéresse à l'oeuvre "L'Homme assis appuyé sur une canne". Cette toile aurait été volée par les nazis à un collectionneur d'art juif en 1939.
Des documents issus des "Panama Papers" auraient permis de débusquer le véritable propriétaire du Modigliani qui sommeille dans les Ports Francs de Genève.
>> Lire : Perquisition aux Ports francs de Genève dans l'affaire du Modigliani
"Dégage hypocrite"
Appels à la démission de David Cameron au Royaume-Uni
Plusieurs membres de l'opposition britannique ont exigé vendredi la démission du Premier ministre David Cameron après qu'il a admis avoir détenu des parts dans un fonds au Bahamas.
Le plus critique a été le député du Labour John Mann. Il a écrit une vingtaine de tweets pour exiger le départ de David Cameron, qui a été "moins qu'honnête. Il devrait démissionner immédiatement". Et dans un autre message: "Cameron a eu six ans pour être honnête avec le Parlement et la population. Il a échoué. Dégage maintenant hypocrite."
>> Plus d'informations : "Dégage hypocrite", les appels à la démission de David Cameron
Selon les observateurs de la vie politique à Londres, une démission de David Cameron suite à ces révélations semble toutefois improbable. Le correspondant du Monde souligne ainsi "le caractère non illégal et relativement courant des pratiques mises à jour", ce qui explique que l'opposition reste mesurée dans ses critiques.
Ueli Maurer et l'offshore
Le conseiller fédéral pas opposé aux placements offshore
Le conseiller fédéral en charge des Finances Ueli Maurer n'estime pas nécessaire de nouvelles réglementations en Suisse malgré le scandale d'évasion fiscale des "Panama Papers".
Dans une interview parue dans le Blick vendredi, Ueli Maurer défend la possibilité pour les contribuables aisés d'investir dans des activités offshore: "On doit créer des possibilités", déclare-t-il.
Ces propos provoquent le courroux des socialistes. Pour le chef du groupe PS Roger Nordmann, ces propos sont "inadmissibles".
>> Lire : Ueli Maurer ne se dit pas opposé aux placements offshore
Samedi, le président du parti socialiste Christian Levrat s'est insurgé contre les propos du conseiller fédéral Ueli Maurer, qui soutient les activités offshore des riches.
>> Lire : Les propos d'Ueli Maurer sur l'offshore critiqués par Christian Levrat
Un Modigliani caché à Genève
Le tableau appartiendrait à un influent collectionneur
Le tableau "L'Homme assis appuyé sur une canne" de Modigliani, estimé à 25 millions de francs, appartiendrait à une famille d'influents collectionneurs multimilliardaire, révèle jeudi Le Matin Dimanche sur son site internet.
Cachée aux Ports francs de Genève, l'oeuvre aurait été spoliée durant la Deuxième Guerre mondiale et se trouve au coeur d'une bataille judiciaire aux Etats-Unis depuis 2011. Elle serait la propriété d'une société offshore créée par Mossack Fonseca, l'International Art Center.
Selon les "Panama Papers", cette société appartient effectivement à l'influente famille, ce que cette dernière niait devant la justice américaine.
Le descendant du collectionneur d'art juif à qui l'oeuvre aurait été volée par les nazis en 1939 pourrait donc profiter de ces documents pour entreprendre de nouvelles démarches afin de récupérer le Modigliani.
>> Lire : Un Modigliani retrouvé à Genève grâce aux "Panama Papers"
La Société générale se défend
La banque conte-attaque et porte plainte pour diffamation
La Société générale va porter plainte pour diffamation contre son ancien employé Jérôme Kerviel, son avocat David Koubbi ainsi que le dirigeant du Parti de gauche Jean-Luc Mélenchon. La banque française estime que les trois hommes ont tenu des propos calomnieux à son encontre.
La pointe de l'iceberg
Mossack Fonseca, une fraction de l'offshore panaméen
Depuis dimanche, les fuites du cabinet d'avocats panaméen Mossack Fonseca ébranlent le monde politico-financier. Et si elles ne dévoilaient qu'une petite partie des sociétés offshore dissimulées dans le petit paradis fiscal d'Amérique centrale?
Les avocats genevois sont liés à des milliers de sociétés panaméennes créées entre 1960 et 2011. Le cabinet Mossack Fonseca a aidé à la création de 3% d'entre elles. Les "Panama Papers" n'offrent donc qu'un aperçu limité de la finance offshore.
>> Plus d'infos : Mossack Fonseca, une fraction de l'offshore panaméen né à Genève
Les aveux de David Cameron
Il admet avoir eu des parts dans un fonds aux Bahamas
Le Premier ministre britannique David Cameron a admis jeudi soir qu'il détenait jusqu'en 2010 des parts dans le fonds fiduciaire de son père immatriculé aux Bahamas, après plusieurs jours de pression à la suite des révélations des "Panama Papers".
David Cameron a affirmé dans une interview à la chaîne ITV qu'il avait vendu ces parts en 2010 pour environ 30'000 livres (40'000 francs), quelques mois avant d'être élu Premier ministre.
>> Plus d'informations : David Cameron admet avoir détenu des parts dans un fonds aux Bahamas
"La burqa de la finance"
Bernard Bertossa: "La société offshore, c’est la burqa de la finance"
Invité jeudi dans le cadre de l'émission Forum, l'ancien procureur général de Genève de 1990 à 2002 Bernard Bertossa a qualifié les sociétés offshore de "burqa de la finance". S'il estime que ce type de société a pour but de cacher, "en tant que telle, elle n'est pas illégale", concède-t-il.
Mais l'existence de cas problématiques ne serait pas une surprise à ses yeux: "On m’explique ou j’entends dire ici où là, notamment par certains avocats, qu'il y a des camouflages qui seraient légaux. Moi je n'en connais pas, mais je ne peux pas exclure qu'ils existent".
>> Son interview : Bernard Bertossa: "La société offshore, c’est la burqa de la finance"
Le Panama sous pression
Le président prêt à durcir les pratiques fiscales de son pays
La pression internationale croissante provoquée par les flots de révélations des "Panama Papers" a poussé le président panaméen à afficher sa volonté de négocier pour tenter de restaurer l'image du pays.
Nous n'accepterons pas que l'on utilise le contexte actuel pour écorner l'image du Panama
Juan Carlos Varela a ainsi annoncé la création d'une commission indépendante pour examiner les pratiques financières du pays et proposer "l'adoption des mesures (...) afin de renforcer la transparence des systèmes financier et juridique".
"Je lance un appel aux pays de l'OCDE pour qu'ils reviennent à la table de négociation, que nous cherchions un accord, et qu'on n'utilise pas le contexte actuel pour écorner l'image du Panama, parce que cela, nous n'allons pas l'accepter", a déclaré le président panaméen.
>> Plus d'infos : Sous pression, le Panama se dit prêt à durcir ses pratiques fiscales
Enquête en Argentine
Directement visé, le président Mauricio Macri se défend
Le parquet argentin a ouvert une enquête sur le président Mauricio Macri dont le nom apparaît dans les registres de sociétés offshore dans le scandale des "Panama papers", a-t-on appris jeudi.
Il s'agit de savoir si Mauricio Macri a "omis" de compléter sa déclaration de biens, qui était obligatoire, selon un document du parquet.
Le président argentin estime n'avoir rien à se reprocher, précisant avoir l'intention de présenter une déclaration sur l'honneur pour affirmer qu'il n'y a pas eu d'"omission malicieuse" dans sa déclaration de patrimoine.
"Panama Papers": le président argentin épinglé par la justiceEnquêtes à Genève
Le Ministère public a ouvert des procédures
Suite à la vague de révélations liées aux "Panama Papers", le Ministère public genevois a "pris connaissance de ces informations" et a estimé qu'il existe "dans certains cas spécifiques, un risque que des infractions pénales puissent avoir été commises". C'est pourquoi il a décidé d'ouvrir mercredi des procédures dans le cadre de cette affaire, a déclaré le procureur général Olivier Jornot.
>> Plus d'infos : Suite aux "Panama Papers", la justice genevoise a ouvert des procédures
Parlement européen
Les Verts demandent une commission d'enquête
Le groupe Verts-ALE au Parlement européen a réclamé jeudi la création d'une commission d'enquête sur les implications dans l'UE des révélations des "Panama Papers" sur les circuits planétaires d'évasion fiscale.
Le groupe "appelle à une réponse immédiate" et estime que le Parlement doit "forcer la main à la Commission européenne pour une directive sur les lanceurs d'alerte".
Démissions dans des banques
Deux responsables quittent leur poste en Autriche et aux Pays-Bas
Le PDG d'une banque régionale autrichienne mise en cause dans les "Panama Papers" pour ses liens avec l'oligarque russe Guennadi Timchenko a annoncé jeudi sa démission, tout en assurant que son établissement n'avait commis aucune infraction.
Un haut cadre du comité consultatif d'ABN Amro, la troisième banque des Pays-Bas, a lui aussi démissionné jeudi après avoir été lié au scandale, sans toutefois reconnaître aucune faute, a indiqué la banque.
Vigilance accrue en Suisse
La FINMA pour plus de contrôle en matière de blanchiment
Dans le contexte des "Panama Papers", l'Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers (FINMA) attend des banques un effort accru pour annoncer clients et transactions suspects.
Les risques en matière de blanchiment d'argent sont en augmentation, notamment en provenance des pays dits émergents, a relevé Mark Branson, directeur de la FINMA.
Crise en Islande
Un nouveau Premier ministre nommé, un scrutin à l'automne
Le gouvernement islandais a nommé un nouveau Premier ministre après le départ de Sigmundur David Gunnlaugsson, emporté par les "Panama Papers". L'opposition a annoncé des élections anticipées à l'automne.
Sigurdur Ingi Johannsson, ministre de la Pêche et de l'Agriculture et numéro deux du Parti du Progrès, actuellement au pouvoir avec le Parti de l'Indépendance, avait proposé mardi de prendre la tête du gouvernement.
>> Plus d'infos : Après la vague "Panama Papers", l'Islande nomme un nouveau Premier ministre
Perquisition à l'UEFA
La police fédérale a visité le siège nyonnais
La police fédérale suisse a perquisitionné mercredi le siège de l'UEFA à Nyon pour obtenir les contrats concernant l'attribution des droits TV en Equateur à la société Cross Trading, citée dans le scandale "Panama Papers".
Dans un communiqué transmis à l'AFP, l'UEFA indique "avoir reçu aujourd'hui la visite de la Police fédérale suisse agissant en vertu d'un mandat et demandant à voir les contrats entre l'UEFA et Cross Trading/Teleamazonas. Naturellement, l'UEFA a fourni à la Police fédérale tous les documents en sa possession et va coopérer pleinement".
>> Lire : L'UEFA perquisitionnée suite aux révélations des "Panama Papers"
Enquête pénale
Contacté par la RTS, le Ministère public de la Confédération (MPC) a confirmé avoir agi dans le cadre d’une procédure pénale au siège de l’UEFA. Une perquisition "auprès d'une autre société" est également évoquée.
Le MPC base son intervention sur un "soupçon de gestion déloyale et éventuellement d'abus de confiance". L’enquête pénale du MPC est en relation avec l’acquisition de droits de diffusion TV et est instruite contre inconnu et ne vise donc pas directement Gianni Infantino.
Le MPC précise encore que les soupçons se fondent sur des informations provenant d’une autre enquête ainsi que sur les analyses financières corrélatives du MPC. "Les publications actuelles dans les médias ont révélé des indices supplémentaires qui pourraient compléter de manière décisive les découvertes préexistantes", expliquent encore les procureurs suisses.
Quelles conséquences pour la FIFA?
Selon ce qui est trouvé lors des perquisitions de la police fédérale au siège de l'UEFA, des conséquences sur la FIFA et sur son tout nouveau président Gianni Infantino sont à prévoir.
Un Sud-Américain cité dans les "Panama Papers", l'Uruguayen Juan Pedro Damiani, a démissionné du comité d'éthique de la FIFA, selon le porte-parole de cette chambre. La FIFA, qui avait ouvert lundi une enquête sur Juan Pedro Damiani, n'a donné aucune autre information.
Les avocats genevois cités
"Ils ne risquent rien", selon l'avocat François Canonica
Beaucoup d'avocats suisses, notamment genevois, ont été cités dans le scandale des "Panama Papers", pour avoir servi d'intermédiaires financiers en créant des sociétés offshore auprès du cabinet Mossack Fonseca.
>> Lire : Des avocats genevois cités dans l'affaire des "Panama Papers"
Sur le plateau du 19h30, l'ancien bâtonnier de l'Ordre des avocats de Genève François Canonica a affirmé que les avocats cités ne risquaient "absolument rien". "Ces activités ont été faites à l'époque en bonne fois, en conscience, et en pleine légalité. Certes, aujourd'hui les choses ont changé."
Selon lui, la quasi-unanimité des avocats, au même titre que les financiers et les banquiers, ont pris la mesure du changement de paradigme qui s'est opéré depuis quatre ou cinq ans. Il rappelle qu'il y a 30 ans, en pleine guerre froide, cette activité était souhaitée par des ressortissants de pays étrangers, et n'avait "rien d'illégal".
La France veut des explications
La patron de la Société générale convoqué par Michel Sapin
Le ministre des Finances Michel Sapin a déclaré mercredi qu'il serait attentif aux agissements de la Société générale entre 2012 et 2015, après les révélations sur les liens de la banque avec le cabinet panaméen Mossack Fonseca.
Le directeur général de la Société générale, Frédéric Oudéa, a été convoqué au ministère des Finances. La société française est soupçonnée d'avoir aidé à ouvrir un millier de sociétés-écrans alors qu'elle avait assuré au gouvernement et au gendarme des banques français qu'elle avait mis fin à ces pratiques opaques. Près d'un tiers de ces sociétés ont été créées à la demande de la filiale genevoise de la banque française.
Des sénateurs de gauche et écologistes ont réclamé mercredi des poursuites judiciaires contre Frédéric Oudéa pour "faux témoignage".
Londres au coeur du système
Les affaires douteuses sous-traitées outre-mers
Les "Panama papers" n'ont pas seulement levé le voile sur les secrets fianciers des riches et puissants, ils ont aussi mis en lumière le rôle central de Londres au coeur du système des paradis fiscaux.
Les dossiers du cabinet d'avocats panaméen Mossack Fonseca montrent les liens entre le Royaume-Uni et des milliers de firmes basées dans ces territoires à la fiscalité réduite.
Ils montrent aussi comment ces fonds discrets sont investis dans des actifs britanniques, notamment sur le très spéculatif marché londonien de l'immobilier.
Si la Grande-Bretagne elle-même est relativement vertueuse et transparente, les affaires les plus douteuses sont sous-traitées aux territoires d'outre-mers, comme les Iles Vierges. Sur ce seul minuscule archipel sont enregistrés 110'000 comptes du cabinet Mossack Fonseca.
"Lacunes" suisses dénoncées
La Déclaration de Berne critique le dispositif anti-blanchiment
La Déclaration de Berne, les révélations issues des "Panama Papers" mettent à nu les "lacunes" du dispositif suisse anti-blanchiment.
Dans un communiqué diffusé mercredi, l'ONG critique "le rôle problématique des banques et des avocats d’affaires helvétiques, ainsi que les relations délicates entre ces intermédiaires et le secteur des matières premières".
La Déclaration de Berne soulgine en particulier le statut des avocats d'affaires, qui selon elle "profitent d’une lacune flagrante du dispositif anti-blanchiment helvétique", la Loi sur le blanchiment d'argent (LBA) ne s'appliquant à leurs activités uniquement dans les cas où ils ont un accès direct aux fonds.
Des avocats genevois concernés
Les noms de Marc Bonnant et de Charles-André Junod cités
Plusieurs avocats suisses, notamment genevois, ont servi d'intermédiaires financiers pour créer des sociétés offshore auprès du cabinet Mossack Fonseca, au centre du scandale "Panama Papers", révèlent la Tribune de Genève et 24 Heures.
Certains avocats suisses "ont administré des sociétés offshore pour des clients placés sur la liste des sanctions du Conseil fédéral, d’autres ont travaillé pour des responsables politiques étrangers ou leurs proches suspectés de corruption", affirment ces journaux.
>> Lire aussi : Des avocats genevois impliqués dans le scandale des "Panama Papers"
L'enquête détaille les stratégies parfois utilisées par ces intermédiaires financiers - documents antidatés, comptes ouverts sous un faux nom, documents falsifiés.
Elle dresse également la liste de certains clients, entre autres du marchand d'armes John Bredenkamp à l'homme d'affaires Khulubuse Clive Zuma, fils du président sud-africain Jacob Zuma, en passant par le diamantaire Beny Steinmetz, poursuivi par de nombreux pays, dont la Suisse, pour corruption.
Marc Bonnant cité
Parmi les avocats cités dans l'enquête figurent notamment des noms connus comme le ténor du barreau genevois Marc Bonnant ou le professeur honoraire de l'Université de Genève Charles-André Junod. Ces deux hommes de loi ont été particulièrement actifs, avec respectivement 136 et 287 sociétés offshore créées auprès de Mossack Fonseca.
"Jamais par le passé mon activité d'intermédiaire financier n'a fait l'objet de la moindre critique ou réserve" lors des contrôles, a affirmé Marc Bonnant, interrogé par les auteurs de l'enquête. L'ancien bâtonnier genevois n'a toutefois pas souhaité évoquer de clients particuliers, s'appuyant sur le secret professionnel.
Charles-André Junod n'a lui pas souhaité s’expliquer en raison du secret professionnel, mais précise qu'il a "toujours respecté les dispositions légales et réglementaires applicables à [ses] activités".
Barons de la drogue impliqués
22 personnes litigieuses dans les fichiers
Le cabinet d'avocats de Panama Mossack Fonseca a eu pour clients des barons de la drogue ou des personnes ou sociétés faisant l'objet de sanctions européennes ou américaines, révèle mercredi la Süddeutsche Zeitung.
Le journal allemand affirme que dans la liste des clients figurent "des trafiquants de drogue du Mexique, du Guatemala et d'Europe de l'Est" qui ont fait l'objet de sanctions.
"Un probable financier du Hezbollah, des personnes soutenant les programmes nucléaires iranien et nord-coréen et deux soutiens présumés du président du Zimbabwe, Robert Mugabe" apparaissent également dans ces fichiers, poursuit le journal sans toutefois divulguer les identités.
"Au moins 22 personnes et au moins 24 sociétés" avec qui Mossack Fonseca a fait des affaires étaient ou sont sur des listes visées par des sanctions américaines ou européennes, selon la même source.
La société de DSK citée
Des structure créées dans des paradis fiscaux
La société d'investissement luxembourgeoise LSK, présidée par l'ex-patron du FMI Dominique Strauss-Kahn jusqu'en octobre 2014, a créé 31 sociétés dans des paradis fiscaux, affirme mercredi le quotidien français Le Monde.
Selon le journal, LSK (Leyne Strauss-Kahn & Partners) a aidé des clients à ouvrir et à administrer des sociétés aux Seychelles, aux îles Vierges britanniques, au Panama et à Hongkong via une filiale baptisée Assya Asset Management Luxembourg (AAML).
"La plupart ont servi à ouvrir des comptes en banque domiciliés en Suisse, au Luxembourg, au Panama ou à Hongkong - un montage souvent utilisé pour dissimuler l'identité réelle des bénéficiaires des fonds", relève le quotidien.
DSK "pas au courant"
Le Monde souligne que LSK, aujourd'hui en faillite, pratiquait l'activité offshore avant l'arrivée de Dominique Strauss-Kahn à sa présidence en octobre 2013. Contacté par le quotidien, l'entourage de l'ancien directeur général du FMI fait valoir qu'il "n'était pas impliqué dans la gestion quotidienne du fonds, et encore moins dans les activités de gestion de fortune" et qu'il "n'était pas au courant de cette activité de domiciliation offshore".
Dominique Strauss-Kahn est déjà visé par plusieurs plaintes déposées par d'anciens actionnaires de LSK qui estiment qu'on leur a présenté, au moment de leur investissement, une situation financière du fonds non conforme à la réalité. Une information judiciaire a été ouverte en France le 7 mars notamment pour escroquerie en bande organisée, abus de biens sociaux et abus de confiance.
Mossack Fonseca piraté?
Le cabinet d'avocats panaméen a porté plainte
Le cabinet d'avocats au centre de l'enquête "Panama Papers" a affirmé mardi avoir été victime d'un piratage externe et avoir porté plainte auprès de la justice panaméenne.
Ce n'est pas une fuite, c'est un piratage
Mossack Fonseca, qui se spécialise dans la création de sociétés écrans, n'a enfreint aucune loi et toutes ses activités sont légales, a déclaré l'un de ses fondateurs, Ramon Fonseca.
La firme n'a jamais détruit le moindre document ni aidé quiconque à se soustraire à l'impôt ou à blanchir de l'argent, a-t-il ajouté.
"Nous excluons une affaire interne", a-t-il dit. "Ce n'est pas une fuite, c'est un piratage".
Le Panama réagit
Des accusations "injustes et discriminatoires"
Les accusations du secrétaire général de l'Organisation pour la Coopération et le Développement Économique (OCDE), qui a qualifié le Panama de "dernière grande place" offshore, sont "injustes et discriminatoires", a riposté dans une lettre mardi le gouvernement panaméen.
La stratégie d'ignorer les autres juridictions et de se concentrer uniquement sur le Panama est injuste et discriminatoire
Dans ce courrier envoyé quelques jours après les révélations dites des "Panama papers" au chef de l'OCDE Angel Gurria, le vice-ministre panaméen des Affaires étrangères Luis Miguel Hincapié affirme que "la stratégie d'ignorer les autres juridictions et de se concentrer uniquement sur le Panama est injuste et discriminatoire".
La pression monte en Argentine
Le président Macri et des proches de Kirchner
En Argentine, les critiques envers les instances dirigeantes se multiplient. Le nom du président de centre-droit Mauricio Macri apparaît dans deux sociétés offshore, une aux Bahamas qui a existé de 1998 à 2008, l'autre au Panama, créée en 1981.
Argentine: le libéral Mauricio Macri remporte la présidentielle
Le chef de l'Etat argentin a lui affirmé qu'il n'a commis aucune irrégularité et n'a détenu aucune participation dans ces entreprises du groupe Macri, propriété de son père Franco Macri, un riche homme d'affaires italien qui a fait fortune en Argentine.
Des proches des ex-présidents argentins Nestor et Cristina Kirchner aussi cités, ont été arrêté mardi dans le cadre d'une enquête plus large pour blanchiment
>> Lire : Un proche des Kirchner, sur lequel la Suisse a enquêté, arrêté en Argentine
Gianni Infantino "consterné"
Le nom du président de la FIFA cité dans un contrat douteux
Après les révélations dans les "Panama Papers" concernant Gianni Infantino dans la Tribune de Genève, le président de la FIFA a affirmé mardi n'avoir commis aucun "méfait": "Rien n'indique qu'un méfait a été commis par l'UEFA ou par moi-même."
Je suis consterné et n'accepterai pas que mon intégrité soit mise en doute par certains médias
Selon le journal genevois, l'Italo-Suisse de 46 ans a signé en 2006, au nom de l'UEFA, un étrange contrat avec Hugo Jinkis, accusé d'avoir versé des pots-de-vin dans le scandale de la FIFA.
Droits TV revendus plus chers
Le quotidien cite par exemple un contrat conclu entre l'UEFA et une société offshore installée sur l’île de Niue, dans le Pacifique Sud: Cross Trading. Ce dernier a été signé en 2006 par le secrétaire général de l'UEFA de l'époque et par Gianni Infantino, alors directeur du service juridique. Le signataire de Cross Trading n'est autre que Hugo Jinkis, l'un des principaux suspects des enquêtes américaines sur le scandale de la FIFA.
C'est à travers ce contrat que Cross Trading a obtenu les droits de diffusion de la Ligue des champions en Equateur de 2006 à 2009, pour la modique somme de 111'000 dollars seulement. Une somme d'autant plus basse, que l'on découvre dans un deuxième contrat que le groupe équatorien Teleamazonas a payé 311'170 dollars à Cross Trading pour lui racheter les mêmes droits. Soit presque le triple.
Démission de Juan Pedro Damiani, de la commission d'éthique
Un autre Sud-Américain cité dans les "Panama Papers", l'Uruguayen Juan Pedro Damiani, a démissionné du comité d'éthique de la FIFA, selon le porte-parole de cette chambre. La FIFA, qui avait ouvert lundi une enquête sur Juan Pedro Damiani, n'a donné aucune autre information.
>> Lire aussi : Les "Panama Papers" mettent en cause le président de la FIFA Gianni Infantino
Une première "victime"
Le Premier ministre islandais démissionne
Les "Panama Papers" ont fait leur première victime de taille mardi: le Premier ministre islandais Sigmundur David Gunnlaugsson va se mettre en retrait, emporté par la pression de la rue outrée par les révélations sur ses placements dans des paradis fiscaux.
Gunnlaugsson faisait face à la bronca depuis dimanche et les révélations sur des millions de dollars qu'il a détenus via une société ayant son siège aux îles Vierges britanniques, appelée Wintris, avec son épouse, riche héritière. Des milliers d'Islandais, mobilisation massive à l'échelle de ce petit pays, avaient réclamé sa démission lundi soir à Reykjavik.
Les "Panama Papers", c'est quoi?
Une enquête collaborative et des millions de documents
Le Consortium international des journalistes d'investigation (ICIJ) et une centaine de médias internationaux ont commencé dimanche 3 avril au soir à divulguer des informations sur des avoirs cachés dans des paradis fiscaux par des dirigeants politiques, des personnalités sportives, voire des organisations criminelles.
Baptisée "Panama Papers", cette enquête menée pendant un an par 378 journalistes dans 77 pays a porté sur 11,5 millions de documents provenant de la firme panaméenne Mossack Fonseca, spécialisée dans le montage de sociétés offshore. L'entreprise dispose d'une succursale genevoise.
Ces documents, remis au journal allemand Süddeutzsche Zeitung par un lanceur d'alerte dont l'identité n'a pas été révélée, ont permis d'analyser dans le détail près de 214'500 entités offshore créées par ce cabinet entre 1977 et 2015 dans une vingtaine de paradis fiscaux, pour le compte de clients issus de plus de 200 pays.