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Accord AELE-Inde: il sera "compliqué" pour les PME "d'agir localement", selon Bernard Rüeger

L'invitée de La Matinale (vidéo) - Bernard Rüeger, président de la caisse-maladie CSS
L'invitée de La Matinale (vidéo) - Bernard Rüeger, président de la caisse-maladie CSS / La Matinale / 14 min. / le 11 mars 2024
Après la ratification par la Suisse de l'accord de libre-échange avec l'Inde, le président de l'assurance maladie CSS Bernard Rüeger a mis en garde lundi les PME suisses sur les relations économiques avec le pays asiatique. Celles-ci risquent d'êtres "compliquées", selon le responsable, qui invoque des "questions culturelles".

Après 16 ans de négociations, la Suisse et les Etats de l'Association européenne de libre-échange (AELE) ont signé dimanche un accord de libre-échange avec l'Inde. Ils deviennent ainsi les premiers partenaires européens à mettre sous toit un tel partenariat économique avec ce pays d'Asie du Sud, le plus peuplé du monde.

Bernard Rüeger, président de la caisse d'assurance maladie CSS et ancien vice-président d'Economiesuisse, se félicite de l'aboutissement de ces négociations "longues et difficiles". "Dans le contexte d'un franc beaucoup plus fort aujourd'hui, qui pénalise notre économie à l'exportation, [cet accord] va changer pas mal de choses. C'est maintenant aux entrepreneurs de faire leur travail et de trouver les bons partenaires en Inde", juge lundi dans La Matinale de la RTS celui qui a aussi présidé la Chambre vaudoise du commerce et de l'industrie.

>> Lire plus de détails : L'accord de libre-échange de l'AELE avec l'Inde est signé

Selon lui, le texte devrait surtout profiter aux grandes entreprises et multinationales suisses. Pour les PME, les relations avec les partenaires indiens seront en revanche "plus compliquées que ce que nous avons connu dans les années 2000 avec la Chine", pour des questions de "différences culturelles", estime Bernard Rüeger. "La morale de paiement indienne n'est pas [la] plus grande caractéristique" du pays, affirme le responsable, mettant en garde les PME pour qui il va être difficile, selon lui, "d'agir localement".

Soutien "majoritaire" de la population

Si ce nouveau partenariat économique semble ravir le secteur, des voix critiques opposées à ce type d'accords se font entendre, notamment parmi la population. En 2021, l'accord de libre-échange entre la Suisse et l'Indonésie est passé de justesse, à 51,66%, en votation populaire.

>> Relire à propos de cet accord : L'accord de libre-échange avec l'Indonésie est entré en vigueur

Bernard Rüeger ne voit pas en ces réticences une tendance au protectionnisme. Selon lui, les Suisses et Suissesses sont "majoritairement" derrière ces accords. "Beaucoup de nos concitoyens sont employés dans des entreprises qui exportent. Ils savent vers où partent les produits qu'ils produisent", souligne-t-il.

L'ancien patron de l'entreprise familiale Rüeger admet toutefois un changement de paradigme: "Le Covid nous a appris qu'on ne pouvait pas totalement dépendre d'autres pays. Aujourd'hui, on sent effectivement que les choses se recentrent. C'est le cas en Europe, aux Etats-Unis, mais aussi en Chine". Néanmoins, d'après le président de la CSS, "l'entreprise suisse fait son devoir et est toujours consciente des problèmes qu'elle pourrait avoir avec ses partenaires locaux". "On est sur un marché très global. Si nous n'y allons pas, d'autres pays iront. Ce n'est pas la Suisse toute seule qui va résoudre tous les problèmes de la planète", ajoute Bernard Rüeger.

>> Ecouter aussi la réaction dans La Matinale du secteur industriel suisse après la ratification de l'accord de libre-échange avec l'Inde :

L'accord de libre-échange de l'AELE avec l'Inde a été signé. [DEFR]DEFR
L'accord de libre-échange de l'AELE avec l'Inde, très attendu par la place industrielle suisse, a été signé / La Matinale / 2 min. / le 11 mars 2024

Propos recueillis par Delphine Gendre/iar

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Le mandat de négociation avec l'UE, un "accord primordial"

Le Conseil fédéral a également approuvé vendredi dernier le mandat de négociation avec l'UE, qui vise à stabiliser et développer la voie bilatérale avec l'Union. Pour Bernard Rüeger, il s'agit d'une bonne nouvelle, mais qui arrive un peu tard. "Nous avons été extrêmement lents et pris un énorme risque de ne pas être plus rapides", estime le président de la CSS.

>> Lire : Le Conseil fédéral adopte le mandat de négociation avec l'UE

"Cet accord est absolument indispensable. L'Union européenne est notre premier marché. Il faut se rappeler que la Suisse a un marché microscopique, avec 8 millions de personnes. Lorsque vous avez des pays voisins avec 400 millions de personnes, on est obligé d'exporter, on ne peut pas vivre en étant qu'en Suisse. Cet accord est donc vraiment primordial", argumente l'ancien patron.