Cet engagement pour la planète, André Hoffmann le tient de son enfance en Camargue avec "un père ornithologue mondialement réputé et qui est l'un des fondateurs du mouvement de la conservation et du WWF", expose-t-il dans l'émission Helvetica de la RTS samedi. Il l'explique aussi par le lien "très proche" qu'il a toujours entretenu avec le groupe Roche. Ces deux univers sont liés "par la science", explique-t-il.
Au niveau de l'industrie, de plus en plus de personnes se rendent compte que le modèle actuel de statu quo ne fonctionnera pas sur le long terme
Le milliardaire raconte qu'"il y avait des scientifiques des deux côtés en permanence à la table du dîner. Ça m'a convaincu que nous sommes la même humanité sur la même planète. Nous devons avoir des intérêts beaucoup plus communs. J'ai l'impression que, parfois, on érige des silos et qu'on ne se parle pas".
"Au niveau des pays, c'est difficile", note André Hoffmann, en mentionnant la dernière COP à Bakou qui a été marquée par les difficultés à trouver un consensus entre les 197 pays participants. "Au niveau de l'industrie, en revanche, ça accélère. De plus en plus de personnes se rendent compte que le modèle actuel de statu quo ne fonctionnera pas sur le long terme."
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Notre modèle actuel, c'est pollution, extraction, destruction. Il faut que ça change
"Changer notre définition du succès"
"Dire que parce que nous sommes une entreprise, nous sommes sans scrupules, ne correspond plus à la réalité", poursuit-il. Selon le businessman, les entreprises qui ont du pouvoir ont utilisé le "vieux système de la création capitaliste (...). On devait se concentrer sur faire d'abord de l'argent, puis celui-ci était restitué à la société par les salaires et les taxes. C'est cette prospérité qui permettait à la société de vivre en paix. Aujourd'hui, on peut le dire avec certitude: ça n'a pas marché".
"Il faut changer notre définition du succès. Tant qu'elle est matérialiste (...), on va avoir une difficulté à gérer le long terme", insiste-t-il.
André Hoffmann souligne l'importance de "comprendre l'impact des entreprises sur le capital social (...), humain (...) et naturel", qu'il détaille dans son nouveau livre "The new nature of business". "Protéger la nature, c'est protéger la vie et notre modèle actuel – pollution, extraction, destruction – détruit la vie pour créer la prospérité. Et ça, c'est dangereux. Il faut que ça change", conclut-il.
Propos recueillis par Philippe Revaz
Article web. Julie Marty