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Après une décennie, la Suisse est-elle gagnante de l'accord de libre-échange avec la Chine?

Il y a dix ans, l'accord de libre-échange entre la Suisse et la Chine entrait en vigueur. [KEYSTONE - PETER KLAUNZER]
Il y a dix ans, l'accord de libre-échange entre la Suisse et la Chine entrait en vigueur / La Matinale / 1 min. / le 1 juillet 2024
Ce lundi marque le dixième anniversaire de l'accord de libre-échange entre la Suisse et la Chine. Pour célébrer cet événement et renforcer les liens économiques et scientifiques, Guy Parmelin, conseiller fédéral en charge de l'Economie, se rend cette semaine en Chine.

La Suisse est l'un des rares pays à afficher un excédent commercial vis-à-vis de la Chine. En 2023, cet excédent a atteint un record de 22 milliards de francs. Cet indicateur pourrait être interprété comme un signe de la santé des échanges commerciaux entre les deux nations. D'ailleurs, l'objectif principal de la visite de Guy Parmelin est d'obtenir l'élargissement de l'accord de libre-échange. On pourrait en déduire que notre pays sort donc gagnant de l’accord de libre-échange.

Cependant, une analyse plus détaillée révèle une situation plus complexe. Benjamin Bürbaumer, maître de conférences en sciences économiques à Sciences Po Bordeaux, souligne que cet excédent est presque entièrement attribuable à l'exportation d'or, un secteur qui n'est pas directement favorisé par l'accord de libre-échange.

En excluant l'or, la Suisse affiche un déficit commercial moyen de 2,5 milliards de francs par an avec la Chine, alors qu'avant l'accord, les échanges étaient plus équilibrés.

Dépendance technologique envers la Chine

Benjamin Bürbaumer note également que la Suisse accumule des déficits croissants dans plusieurs secteurs de haute technologie, notamment les machines-outils électriques et les ordinateurs. Cette situation accroît la dépendance technologique de la Suisse vis-à-vis de la Chine. "Ce phénomène pourrait s'intensifier avec la montée en gamme technologique de la Chine", indique l'économiste, lundi dans La Matinale de la RTS.

En dehors de l'or, le secteur pharmaceutique suisse a aussi bénéficié de l'accord de libre-échange. La pharma reste l'un des domaines où la Suisse conserve un avantage compétitif.

Pour la Chine, les bénéfices de cet accord sont évidents. Simona Grano, maître de conférences à l'Université de Zurich, explique que la Chine considère la Suisse comme "un marché financier et commercial stable", ce qui rend l'accord particulièrement attractif. De plus, le fait que la Suisse ait été le premier pays européen à conclure un tel accord avec la Chine lui confère une "valeur symbolique".

Un "coût invisible" de l'accord

Cependant, Simona Grano avertit que cette alliance commerciale a un "coût invisible" pour la Suisse. Le pays tend à "s'autocensurer" pour éviter de froisser la Chine, notamment sur des sujets sensibles comme les droits humains et la situation des Ouïghours. La crainte de représailles économiques ou diplomatiques incite la Suisse à modérer ses critiques.

De plus, selon la sinologue, la Chine pourrait utiliser ces accords comme "une arme" contre d'autres nations, comme elle l'a fait avec la Lituanie et l'Australie. Plus un pays est lié économiquement à la Chine, plus il risque de subir des pressions en cas de désaccord politique ou diplomatique, explique Simona Grano.

Sujets radio: Cléa Favre et Katja Schaer

Adaptation web: vajo

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Guy Parmelin "relativement optimiste" sur les négociations avec la Chine

Il est "difficile à dire" quand un nouvel arrangement avec Pékin pourra être fait, mais "du côté de la Chine, on voit des intérêts" à réviser l'accord en vigueur depuis une dizaine d'années, a affirmé, lundi dernier dans un entretien à Keystone-ATS le chef du Département fédéral de l'économie, de la formation et de la recherche (DEFR). La situation intérieure de ce pays, notamment les difficultés sur le marché de l'immobilier, le pousse à dialoguer.

Il aura fallu environ six ans pour identifier les points sur lesquels la discussion pouvait porter, explique le conseiller fédéral. Or, depuis la signature de l'accord entre l'Association européenne de libre-échange (AELE) et l'Inde il y a quelques mois, l'appétit chinois s'est aussi accéléré. "Nous sommes tombés d'accord" sur cette première phase, a ajouté Guy Parmelin.

>> Relire : L'accord de libre-échange de l'AELE avec l'Inde est signé

Le Vaudois se rend en Chine pour lancer la seconde étape, l'évaluation de la marge de manoeuvre des parties sur ces questions qui seront discutées. La négociation en elle-même est prévue pour une troisième phase. (ats)